Tour d'astronomie

J-je...

Elle essaya de ravaler ses sanglots.

P-peine perdue, j-je suis b-bizarre...

Le jeune homme s'assit à ses côtés.


- Mais non! Pourquoi tu dis ça?

Margaret s'essuya les yeux d'un revers de manche puis décida de dévoiler ce qu'elle avait sur le cœur :

P-personne m'accepte, je veux bien faire des efforts mais c'est plus fort que moi, j'ai insulté le directeur, frappé le concierge, attaqué une camarade... Je ne mérite rien... 

Elle se recroquevilla, tête dans ses propres bras eux mêmes posés sur ses genoux, attendant que l'enseignant la réprimande.

Le professeur sourit.


- Ah, c'est donc toi la fameuse Margaret Roy. J'ai entendu parler de toi. En fait, à peu près tout le monde a entendu parler de toi depuis ce qu'il s'est passé avec Polius l'affreux.

Il vérifia qu'il n'y avait personne autour.


- Personne ne va se plaindre que tu lui est brisés les bijoux de familles.

Il se coucha, les mains derrière la tête, les yeux fixant les étoiles qui illuminaient le ciel.


- T'es une héroïne à mes yeux.

Edward sourit, les yeux toujours fixés sur les étoiles.


- Tu as osée affronter l'affreux Polius. Tu es seulement la deuxième personne que je connais ayant eu le courage de le faire. Ce n'est pas rien.

Il posa son regard sur Margaret.


- Et pour cela, tu as mon admiration!

Margaret tint un silence, le temps d'une réflexion.

Alors, je suis quelqu'un d'admirable ? Moi ?


Elle se souvint de plusieurs mots, de phrases entendues à son encontre. Qu'elle provienne de son père, d'Angelico, Dippet ou Polius, rien ne lui semblait admirable. 
Et pourtant, ce jeune enseignant (dont elle avait déduit le métier car elle l'avait aperçu lors de la cérémonie du choixpeau) qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam venait de lui annoncer son admiration.

En terminant ses réflexions, Margaret se rendit compte que son regard c'était aussi naturellement tourné vers les étoiles.


Qui était l'autre ?

Le jeune homme, penseur, répondit à la fille.

- C'était un ami à moi, du temps que j'étudiais à Poudlard. Polius s'en était prit à la mauvaise personne, car je ne sais pas exactement ce qu'il lui a fait, mais Polius s'était absenté de Poudlard pour le reste de l'année lorsque Tom s'est vengé. M'a vengé.

- Il travaille chez Barjow et Beurk maintenant. Un choix surprenant un pour un homme de son talent, certes, mais pour lui qui a une fascination pour les artefacts anciens, c'est parfait!

Il pointa alors les doigts vers un regroupement d'étoiles.


- Moi, ma passion, c'est les étoiles. Tu vois la constellation d'étoiles là? C'est la Grande Ourse, la troisième constellation du ciel de par son étendue. Regarde à l'intérieur de la Grande Ourse les sept étoiles qui brillent en forme de casserole là, ca, c'est la grande casserole, facile à repérer.

Edward mit quelques secondes avant de répondre.


- C'est une bonne question. Je dirais que c'est parce que ca nous permet de tenter un semblant d'explication à une question dont nous n'avons pas vraiment la réponse. Mettre un nom sur des étoiles, créer des constellations, ca permet de rendre ces points lumineux si lointains plus près de nous. Les étoiles et les constellations nous permettent de rêver, d'en apprendre plus sur notre monde, d'où on vient et où l'on va. Ou de simplement admirer la beauté du ciel. Chose qui serait bien plus difficile si les corps célestes n'avaient pas de noms.

Edward posa ses yeux sur Margaret.


- Je crains que j'aille pas les pouvoirs pour empêcher cette punition, malheureusement. Tout du moins pour le moment tant que Dippet est directeur. Mais...

De sa poche, Edward sorti un petit élixir.


- Lorsque le moment sera venu, bois ca. Tu ne sentiras alors plus la douleur pour les prochaines heures. Ce n'est pas l'idéal, mais c'est tout ce que je peux faire pour le moment.

Il laissa passer quelques secondes.


- Mais quitte pas Poudlard. Même si l'école n'est pas parfaite, c'est le seul endroit où tu peux améliorer tes compétences. Et, lorsque le moment sera venu, suivre l'exemple de mon ami Tom et donner une si grande leçon à l'affreux Polius qu'il n'osera plus jamais te toucher.

Edward déposa une main sur l'épaule de Margaret.


- Ce n'est rien, ca me fait plaisir! Si ca peut te soulager un minimum, c'est au moins ca.

Il retira sa main.


- Oui, pourquoi pas. Il est pas mal occupé, mais si tu es disponible durant les vacances de Noel, cela me ferait plaisir de te le faire rencontrer.

Edward sourit.


- Très bien alors! Mais pour ca, il va falloir que tu fasses de ton mieux pour ne pas te faire renvoyer jusqu'à là! Je sais que c'est c'est pas facile, mais il va falloir que tu prennes ton mal en patience.

Il se releva ensuite.


- Je vais aller dormir, je te conseille d'en faire de même Bonne nuit Margaret! dit-il avant de quitter la pièce.

Apolline se la jouait espionne, et avait suivi Margaret jusqu'ici. Dissimulée sur la balconade en-dessous du sommet de la Tour, elle n'avait pas perdu une miette de la conversation entre la blonde et le professeur d'Astronomie, le regard dur et perdu dans la contemplation distraite du paysage.

Ainsi c'était vrai, le dénommé Polius, concierge de son état, punissait les élèves par la torture, et son ennemie en avait fait les frais. Apolline souhaitait le punir pour cela, mais... elle avait été devancée, par celle qu'elle détestait. Elle était admirative, mais aussi terriblement envieuse. Cette héroïne, elle aurait voulu que ce soit elle, mais voilà qu'elle éprouvait du respect pour cette affreuse...

Enfin, affreuse. Après l'avoir entendue sangloter et parler d'elle, Apolline se sentait plus peinée qu'énervée par la jeune fille. Elles avaient, peut-être, un peu en commun, oui. Ce qui ne pardonnait en rien l'affront qu'elle lui avait fait.
Elle se décida à son tour à monter les marches, après avoir discrètement observé le professeur s'en aller. Légère et silencieuse, elle s'approcha de Margaret, perdue dans la contemplation des étoiles.

" Je rêverais de vous jeter du haut de cette tour. Mais malgré moi, quelque chose m'en retient. Je dois vous faire mes compliments, aussi douloureux cela soit-il pour moi. "

" Si j'ai tout écouté ? Bien sûr. Les pleurs, les plaintes, les apitoiements... Elle ricana. En dehors de ça, je tiens à te dire que je ne savais pas... Je m'en doutais seulement. ...que tu risquais le fouet. Si j'avais su, je n'aurais pas agi ainsi. Sûrement pas mieux, mais autrement. Cela dit, j'avais dans l'idée de faire payer ses agissements à Polius. Mais il semble que tu t'en sois déjà chargée. Je suis... impressionnée. Et jalouse. Tu m'as volée la vedette, j'aurais aimé m'en charger moi-même. "

Finie la vouvoirie, finies les bonnes manières exagérées, cette fausse attitude de la haute.

" Cependant, ne parle pas de revirement, il n'en est rien. Je n'ai en aucun cas pardonné ton agression, ta violence que tu as utilisée à mon égard dans le train, de façon aussi lâche qu'injustifiée. La violence est l'arme des faibles et des abrutis. Donc par définition, celle des hommes, en général. Je ne m'explique pas ton attitude. "

Margaret resta pantoise. Cette gamine parle comme ma sœur, elle a l'attitude de ma sœur, le caractère de ma sœur, mais elle me parait d'un coup presque sympathique ? Presque.


Alors, comme pour sceller sa promesse, elle prit les devants.
Elle lui tendit sa main.

Peu importe. Pas d'excuses ou quoi que ce soit entres nous. Redémarrons juste sur de meilleures bases.

Pas d'excuse, non. Ce n'était pas vraiment dans l'idée d'Apolline. Face à cette main tendue, elle haussa un sourcil. Voilà qui était inattendu.

" Il faudra tout de même que tu m'expliques ce qui ne va pas chez toi. " C'était évidemment moqueur, un peu, mais aussi une véritable question.

Elle lui serra alors la main, légèrement, brièvement. Ses propres doigts étaient froids comme la glace.

" Apolline Doucet. "