Artère principale

Richard hocha de la tête.


- Ce sont plutôt mes parents qui veulent me garder à Durmstrang. Ma mère surtout. Enfin, bref, ce n'est pas important. Je ne reviendrais pas pour le moment. Nous pourrions échanger par courrier. Tu pourras alors me raconter cette "longue histoire", si ton cœur d'écrivain te le dit.

- Et en retour, tu pourras me conter cette histoire qui n'est pas importante.

Répondit le Mosley d'un ton narquois avant d'enfouir ses mains dans les poches de son manteau.

- Sur ce, Richard, sur ce.. Passe de joyeuses fêtes, avec ce que ça implique.

Formula-t-il dans un murmure avant de s'enfoncer dans l'allée d'un pas bref.

Richard inclina la tête en guise de salut.


- À plus tard, Edward. Passe de joyeuses fêtes également.

Dit-il avant d'aller faire ce qu'il avait à faire dans l'allée des Embrumes.

Les jeunes hommes, qui se comptaient au nombre de quatre, continuèrent leur chemin, jusqu'à se retrouver au bout de la ruelle sombre. Ils n'avaient pas aperçus le garçon autrichien qui les suivaient. Le plus vieux d'entre eux projeta alors sur le sol le vieil homme. Le fracas que cela causa fut le seul bruit qui retentit dans cette ruelle silencieuse.

- Gryaznoye der'mo. Tu aurais dû fermer ta grande gueule. Que ca te serve de leçon. dit le jeune homme au vieillard dans un ton qui se voulait peu bienveillant.


Les quatre garçons se mirent alors à ruer de coup le vieil homme, impuissant, qui ne pouvait crier à l'aide.

Le plus vieux du groupe se retourna vers le Serpentard. Il allait lui répondre, lorsqu'un autre garçon mit la main sur l'épaule du grand gaillard.


- Je m'en occupe, lui dit-il en Russe. Continuez à lui donner la leçon qu'il mérite. 

Alors que les trois autres jeunes hommes reprenaient de plus belle leurs frappes sur le pauvre vieillard, le garçon aux longs cheveux blonds se plaçait alors face à Otto.


- Von Stabenrath, c'est bien ca? Ne sais tu donc toujours pas qu'il existe un charme qui permet au Ministère de détecter lorsque un mineur lance un sortilège? 

Il sourit alors.


- Autrement, nous ne nous abaisserions pas à utiliser de vulgaires méthodes moldues. Voici là un autre défaut de notre cher Ministère Britannique, qui nous oblige à devoir recourir à des méthodes barbares pour punir les traîtres.

Otto sourit au jeune homme qu'il venait de reconnaître : camarade de Serpentard certes, et convive des dîners de Slughorn. Assurément un garçon de valeur. Il lui avait apparu étonnant qu'il se souvint de son nom, car lui n'avait aucune idée du sien ; il apportait en réalité aucune importance aux noms, ce qui rendait la chose moins étonnante. Mais les derniers mots prononcés par l'interlocuteur le percutèrent ; il connaissait cela lui, la trahison. Sûrement n'en serait-il pas venu à de telles extrémités, quoiqu'il dépendait de sa colère, laquelle il ne contrôlait pas. Il sourit alors et tendit une main cordiale à son aîné. 


- Votre traître, il semble crier mais aucun son ne sort de sa bouche. Il s'arrêta quelques instants pour regarder le vieillard hurler de douleur dans le silence des coups qu'il recevait. N'a-t-il pas été bâillonné au moyen de la magie ? 



Puis, amusé, il leva les yeux au ciel. 

- J'espère que je ne vous perturbe pas… Loin de moi l'envie de vous ôter le plaisir de corriger ce traître apparent ! Laissez-le peut-être en vie tout de même ! Pas que j'eu spécialement pitié de lui, mais j'imagine que lorsqu'il racontera -craintif- la punition qu'il a reçu, cela ne pourra qu'exacerber le respect que les badauds porteront pour votre… groupe. 

Richard sourit de plus belle à Otto.


- Ton sens de l'observation est admirable. Nous avons eus peur que quelqu'un se rendre compte que le traître se rendre compte qu'il avait besoin d'aide avant de venir ici, mais visiblement les gens ne pensent qu'à leur propre personne et ne soucient pas des autres. C'est tout à ton honneur d'avoir remarqué cela.

Pas mal du tout.


- Pour répondre à ta question, oui, il a bien été bâillonné par magie. Mais pas par nous. Il y a bien des gens malfamés qui seraient prêts à risquer la prison pour quelques galions. Et ces gens courent les rues par ici.


Le blond se retourna alors vers ses camarades qui enchaînaient les coups sur le corps ensanglanté du vieillard désormais inconscient.


- Ca suffit, leur dit-il avant de s'adresser de nouveau au Serpentard.


- Qu'il raconte la punition qu'il a reçu alors. Si cela permet d'en faire réfléchir certains sur les conséquences de leurs actes et paroles, alors nous ne nous en plaindrons pas.

Les trois camarades de Richard se mirent alors à ses côtés, tandis que l'ancien Serpentard répondait à l'autrichien.


- Nous ne tenons pas à acquérir une quelconque réputation. Tout du moins pas ici. Pour le moment. Après tout, mes compagnons ne passent que quelques semaines en Grande-Bretagne avant de retourner en Europe de l'Est. Tout ce que nous souhaitons, c'est que les traîtres tels que le vieillard, il pointa du doigt le vieil homme, reçoivent le châtiment qu'ils méritent. Il peut se compter chanceux que nous nous soyons arrêtés là.

Il fit alors signe à ses camarades, et ils se dirigèrent ensemble tranquillement vers la sortie de la ruelle.


- Enfin bref, nous n'avons pas particulièrement besoin d'aide. Sauf si tu as quelque chose à proposer ou à nous apprendre qui pourrait nous intéressés.

Richard se retourna vers Otto.


- Dommage.

Lorsqu'il arriva en compagnie de son petit groupe sur l'artère principal, il s'adressa de nouveau à l'autrichien tandis que ses trois camarades parlaient entre eux dans une langue étrangère.


- Ah, mais cette avenue est la plus intéressante de Londres. De toute la Grande-Bretagne en fait. Si ce pays n'avait pas une telle aversion pour la magie noire, cette avenue aurait le potentiel d'être bien plus qu'une vulgaire rue malpropre où se retrouvent individus sinistres et marginaux. Mais non, on préfère se censurer et s'empêcher d'atteindre le plein potentiel sorcier en Angleterre. C'est bien malheureux.

Richard haussa alors les épaules.


- Enfin bref, peu importe . Nous allons reprendre notre chemin. Tu peux nous accompagner quelque temps si tu le souhaite.

Critiquer l'Angleterre, c'était devenu un loisir pour Otto qui ne se faisait pas prier pou se plaindre de cet endroit morne et niais. 


- Je ne te le fais pas dire ! Chez nous, en Autriche tu t'amuserais bien, je pense… N'est-ce pas après tout la patrie de l'excellent Grindelwald ? 

Le garçon n'avait pas spécialement envie de les suivre dans ces lieux qui se faisaient de plus en plus inquiétants. Résigné, il conclut que la compagnie de Richard ne pouvait que lui attirer des ennuis dont il se passerait bien actuellement. Sa moue confuse trahissait l'embarras de les quitter, mais il savait qu'il ne tiendrait pas longtemps avec eux. 

- Pas que je souhaite vous fausser compagnie, mais je vous ai croisés sur mon chemin de retour ! Lança-t-il, avec confiance. Je vous croiserais peut-être, à l'occasion d'une des mes autres explorations ici… 


Il tendit sa main et salua d'un mouvement de tête les compères russophones. 


- Messieurs… Bonne journée à vous. 

- Je n'en doute pas. J'aimerais bien visiter l'Autriche un jour. C'est dommage ce qui est arrivé à Grindelwald. Le magnifique château de Nurmengard désormais réduit à une vulgaire prison où ce grand homme pourri au lieu de nous mener le peuple sorcier vers la gloire...

Richard serra alors la main de l'autrichien.


- Très bien alors. Au revoir, Von Stabenrath.

Les compères de Richard saluèrent à leur tour Otto, puis ils quittèrent les lieux. Enfin, pas tout à fait. Richard fit signe à ses camarades puis, lorsqu'ils furent hors de vision d'Otto, ils se cachèrent un peu plus loin. Le garçon les avait vus tabasser un vieil homme, et même s'ils avaient leurs raisons, il pourrait en penser autrement. Ils se devaient de le surveiller et voir ce qu'il allait maintenant faire. Allez les dénoncer? Retourner voir le vieil homme? Simplement quitter les lieux comme le ferait n'importe quel sorcier un minimum respectable? C'est ce qu'ils voulaient découvrir.

L'Allée des Embrumes, l'Allée des Emmerdes. Un lieu qui, irrésistiblement, a toujours attiré la jeune fille en quête de sensations fortes. Si d'habitude, elle n'a besoin d'aucun prétexte pour s'y aventurer, elle est bien contente d'avoir aujourd'hui une bonne raison de s'y risquer. Après avoir habilement slalomé entre les passants, avec l'agilité et la vitesse d'un petit macaque, elle est parvenue à garder l'homme en vue et à le suivre jusque dans les ruelles malfamées qui jouxtent le Chemin de Traverse. En pleine filature, elle singe ces héros de cinéma dont elle se veut la copie, se plaque aux coins de rue, s'accroupit derrière les murets et fait mine de s'intéresser à telle ou telle devanture. Et puis enfin, elle touche au but : voilà que l'homme pénètre dans une bâtisse miteuse. Filature : réussie ! Alors la Queen, à son tour, se dirige vers la maisonnée pour y pénétrer à sa suite.