Le Chaudron Baveur

La blondinette observa l'homme agir sur l'animal avec étonnement. Une fois le rat relâché elle s'en saisit aussitôt, le colla contre sa poitrine avec délicatesse et se mit à le caresser de ses doigts fins comme pour le rassurer. En tout-cas, elle avait eu de la chance de tomber spécifiquement sur le professeur de soins aux créatures magiques. Si ça ce n'était pas un hasard.


- Spasibo, adressa-t-elle à Davies sans trop d'émotivité. La vieille a dit qu'les rats envahissent sa maison et que je suis une conne d'avoir une de ces saletés, qu'ils allaient faire pareil chez moi. Bref. 

Ce mensonge, elle ne souhaitait pas le faire durer en longueur. Son intérêt personnel le lui interdisait formellement, en particulier en présence d'un adulte qui allait avoir une certaine autorité sur elle dans un avenir proche. Il valait mieux faire profil bas, pour l'instant. 


Elle ne contint cependant pas la question qui lui trottait dans la tête bien longtemps, et demanda en fronçant les sourcils :


- Ce truc avec vos mains là, c'était quoi ? Vous avez pas besoin d'baguette ? 

Pour terminer, elle réagit tout de même à ces commentaires insistants à propos de l'alcool. Peut-être était-il souple sur la question ? 


- Et ouais c'est ça. Charles il a prit un Whisky pur feu. J'veux de la vodka moi, vous me la payez ? 

Sa voix était tout à fait sereine et affirmée, rien sur son visage ne laissait penser à un mensonge. Seul la tasse de thé comme unique breuvage à leur table pouvait la contredire. Difficile de savoir si elle faisait cela pour blaguer, pour embarrasser Charles ou pour tester le professeur et voir si elle pouvait réellement en tirer un verre d'alcool...

Charles sursauta à l'entente de pareils propos au sujet de sa consommation. Levant nerveusement les bras en l'air, sans réellement savoir pourquoi, peut-être car sa nervosité maladive le lui imposait, il commença à se confondre en excuses, à la manière d'un accusé à la culpabilité indubitable qu'il n'était pourtant pas.

J-Je.. C-C'est faux ! J-Je n'aime même pas le goût de l'alcool ! D-Demandez à mon oncle ! N-Non pas qu'il m'en ait déjà fait goûter, loin de là, c-c'est simplement que.. J-Je.. 

Terrassé par sa timidité, Charles fut incapable de poursuivre son propos qui était de toute manière très vite devenu un véritable imbroglio.

Hugo écoutait Diane avec curiosité. Contrairement à Saskia, il fut surpris d'apprendre que la jeune fille avait des origines russes, ni son nom ni ses cheveux roux ne le laisser présager. "Quoique ce regard bleu, presque gris, elles ont au moins cela en commun" se disait il intérieurement. Hugo hochait la tête à intervalles réguliers, pour exprimer qu'il était d'accord avec ce que son interlocutrice pouvait dire.

Puis, amusé par l'attitude penaude de Charles, il se tourna vers lui approchant son visage très près du sien, et dit en riant

"Ha bon tu ne buvais pas de Whisky pur feu il y a encore une minute ?"

puis il dirigea un regard complice vers celui de Saskia.

- Ah, mais quelle imbécile celle-là!, dit le gros homme à Saskia.

- Tu l'a vu où? Et quand? Je vais aller lui rendre une petite visite.

Il se regarda ensuite les mains.

- Ah non! J'ai un talent pour guérir les animaux ma p'tite fille. Pour une simple pétrification comme ca, pas besoin de baguettes, héhé.

Davies donna ensuite une grosse tape dans le dos de Charles.

- Ca c'est bien mon p'tit Charles. Un Whisky pur feu, je vois que tu prends exemple sur le meilleur! Ahahah! Putain, ca me rapelle de bons souvenirs tout ca.

TOM! Apporte nous 5 shooters de vodka, et ma commande habituel mon cher s'teuplait!, beugla t-il au barman, avant de faire un clin d'oeil à Charles.

- Ne t'en fais pas, tu n'a à avoir honte d'aimer l'alcool, dit-il avant de poser ses yeux sur Diane.

- Ca tombe bien, rien de mieux qu'un bon shooter de vodka pour bien commencer l'année, ahaha!

Hugo se retourna bouche bée vers le professeur, puis voyant qu'il ne plaisantait pas, un large sourire vint fendre son visage d'une oreille à l'autre. Alors ça ! Il ne l'avait pas vu venir. Contrairement à Charles apparemment, Hugo avait déjà sifflé quelques fonds de bouteilles issues de la réserve de son père, plus pour exaspérer ses propres parents que par goût d'ailleurs. Ce qui n'avait pas manqué de lui valoir de très nombreuses punitions par ailleurs. Inclinant la tête de chaque coté comme pour s'échauffer, retroussant ses manches, et déboutonnant le premier bouton de sa chemise, Hugo avait bien l'intention de profiter de la soirée aux frais de ce charmant professeur.

Saskia n'avait pas semblé réagir au regard complice de Hugo tout à l'heure, mais grâce à sa participation à la mascarade, ils avaient touché le jackpot. Ses lèvres s'écartèrent en un sourire jovial plus qu'inhabituel chez elle, et elle lui jeta un oeil reconnaissant. 


Elle fit de même à l'égard du professeur, puis de Diane, avant de lâcher un petit rire cristallin à l'attention de Charles, dont elle se moquait évidemment. Sa gêne avait quelque chose d'amusant, c'était faible de sa part, mais distrayant. L'alcool avait visiblement le pouvoir de l'adoucir l'espace d'un instant. Peut-être était-ce dû à l'effet que ce nectar était connu pour provoquer, et qu'elle avait déjà goûté à quelques reprises en volant des fonds de bouteille à son ivrogne de père. Cela lui permettait de s'oublier, pour un temps. 


- Spasibo, professeur ! La vieille folle, j'l'ai vue dans l'allée des embrumes. Si vous voulez mon avis elle a surtout besoin d'aller à Sainte Mangouste. 

Après quoi, elle attendit de voir poindre le serveur et se saisit de son verre qu'elle leva haut, puis elle clama avant de l'engloutir d'une traite sans demander ses restes : 


- Za vashé zdarovié ! 

Essayant d'imiter Saskia, Hugo boit son verre d'une seule traite. Peu habitué à la vodka, l'envie de vomir le pris presque aussi tôt, est c'est de justesse qu'il parvint  aux toilettes à temps. Ne se sentant pas très bien, il remercia le professeur ainsi que ses nouveaux camarades avant de rejoindre son hôtel.

Alors que les jeunes mineur picoler tranquillement en compagnie de leur professeur, un homme quarantenaire, un pied bot entra dans le chaudron baveur en boitant. Il semblait avoir beaucoup du mal a se mouvoir, des brûlure visible sur tout son corps. D'un pas las et fatigué il se dirigea vers le bar pour poser d'un mouvement ferme ses mains dessus, et commander un alcool fort : un merveilleux Jack's Daniel.



Puis alors qu'il picolait dans le calme et la maussadité, regrettant son ancienne vie d'Auror d'élite, il tourna son regard vers Davies, et le fixa pendant de longue minutes visiblement très décontenancé par cette rencontre. D'un coup, le pied bot se redressera en gloussant et en beuglant comme un demeuré.

Oh non di diou ! Si c'est pou ce bon vieux papa de préfet Davies ! 

Alors il viendra claquer sa main gauche a son cœur, et entonner très très fortement l'hymne de Davies, musique crée par d'autres élèves pour cette star.

Daviiieees ! Il est groooos !
John qu'il est beaaauuu !
Verre a la main !
Meilleur qu'un nain !

Guibole qui tombe !
Bidou qui tombe !
C'est not fiertééé !
Davies not fiertééé !

Jamais il nous laaaiiisse !
Ce bon vieux idiot !
I fé rougir les abbésssee !
Adieu les assoocciaauux !

C''''eeesssttt JOOOOOHHHHHHNNN DAVIIIIEEES !

Davies secoua la tête avant de prendre l'une des énormes bières qui faisait parti de sa commande habituelle.

- Je ferais un tour pour la retrouver cette vieille chipie, mais maintenant l'heure est à la fête, dit-il à la Russe, avant d'engloutir d'une seule traite la bière qu'il tenait dans sa main, et de saluer Hugo qui déjà partait.

- On se revoit bientôt mon p'tit gars!

Il engloutit d'une traite une autre bière avant de voir le pauvres Charles s'effondrer sur le sol. Il s'en approcha et lui donna une énorme tape dans le dos. Tape qui, probablement pas magie, redonna des forces au jeune garçon.

- Mais qu'est-ce que tu fais là mon p'tit gars? La soirée ne fait que commencer, dit-il en éclatant de rire. C'est pas le temps de dormir!

- Vous voulez un autre shooter? demanda-t-il aux deux filles à la table. C'est moi qui offre!

C'est alors qu'il aperçut son ancien compagnon de Maison, et il alla l'accueillir d'une grosse tape dans le dos, tape qui faillit le faire tomber sur le sol.

- Si c'est pas mon p'tit Pipounet adoré!

Il se mit alors à chanter son propre hymne lorsque James se mit à chanter, et il fut suivi par des dizaines de clients du bar qui, la main gauche sur le cœur, chantaient tous en unisson.

De son côté, Saskia avait tenu l'alcool sans broncher le moins du monde. C'était une chose bien triste, mais cela se voyait qu'elle avait l'habitude. Elle semblait juste plus détendue, plus avenante qu'auparavant. Elle eut un rire clair et presque sardonique en voyant Charles tomber. Elle se releva cependant presque aussitôt pour esquiver les éclats de vomi, tenant Gospodin fermement entre ses mains féminines. 


- T'as eu les couilles d'en boire deux au moins j'pensais pas, lui lança-t-elle, presque fière de lui et sans trop se soucier de s'il était en état de comprendre. Davaï davaï ! Fit-elle ensuite à Davies avec un enthousiasme non-dissimulé. J'veux bien un autre, même deux. Si j'en prends plus j'vais être bizarre par contre je crois. 

Un homme d'allure patibulaire fit ensuite son irruption, et déclencha une scène des plus étranges et amusantes, le bar tout entier semblait s'être mit à chanter à l'unisson. Saskia se sentait bien. Elle se sentait bien, loin de chez elle, dans un endroit qui ne pensait à rien de grave, un endroit où elle n'était qu'un minuscule éclat de voix parmi d'autres. Elle n'avait pas envie de rentrer. Elle écouta en silence, en caressant son rat, en profitant de cette sensation de légèreté et d'irréalité qui montait en elle à mesure que son sang imbibé d'alcool montait au cerveau. Elle attendit la fin pour demander d'une voix redevenue simple. 


- C'est tous des amis à vous ?

Alors que l'assemblé se mit a chanter, James remarqua du coin de l'œil le rat de Saskia qui allait devenir son futur poto. En effet a la fin de la chansons, comme par magie James se volatilise, et un rat en plus se retrouve sur la table de Saskia... Cela dis ce rat semblait a moitié brûlé.
Il se mit a courir autour du rat, tout en "discutant" avec lui.

"Skui skui. Skui skui skui ? Skui."

Enfaîte, les rat ne savent pas parler, donc finalement il "Skui" juste. Cela dis une fibre semblait passer entre les deux êtres, et il se mirent alors a Skui skui ensemble.

- Mais bien sûre que ce sont mes amis! dit le gros homme à Saskia. Ce sont tous mes amis ici! Le Chaudron Baveur, c'est un peu ma deuxième maison, ahaha! Tom, une autre tournée, et rempli un peu mieux les verres cette fois steuplait! 

Le tavernier apporta alors une dizaine de shooter à la table, et Davies s'empressa d'en enchaîner trois l'un à la suite de l'autre.

- Servez-vous les p'tits, servez vous!

Il prit l'un des shooters, et en versa un peu sur la table.

- Et vous aussi, les rats, on ne laisse personne en plan ici, dit-il en éclatant de rire.

La transformation de l'homme en rat fit forte impression sur Saskia. Elle l'observa se diriger vers Gospodin avec de grands yeux et la bouche légèrement entrouverte. Elle n'avait encore jamais rencontré d'animagus, bien qu'elle en eût vu la mention dans plusieurs livres. 


- Wouaaah, vous m'apprenez à faire ça ? 

Demanda-t-elle au rat brûlé, à présent accroupie face à la table pour observer les deux rongeurs interagir de plus près. Lorsque les verres furent servis, elle s'en prit deux comme elle l'avait annoncé. C'était une personne fidèle à sa parole. Enfin, dans ce cas là tout du moins. Elle engloutit le premier cul-sec avant de le reposer sur la table dans un grand fracas, juste à côté de Charles le comateux.


Le gros rat blanc quant à lui, reniflait la petite flaque de vodka laissée par Davies. Il se méfiait. La boule de poil se retourna vers sa maîtresse, puis vers l'autre rat, plus âgé et plus expérimenté que lui. Il attendait de voir s'il touchait au breuvage pour se lancer, lâchant deux ou trois Skui Skui au passage.


- Vas-y Gospodin, ça va te détendre après ta journée difficile, souffla la jeune fille afin de l'encourager. Il y avait de l'amusement dans sa voix, et son petit accent slave devenait plus fort.


Elle se tourna enfin vers Diane, et leva son second verre. 


- À la tienne, et à la mère patrie ! 

La glaciale blondinette était vraiment... Transformée. 

"Skui skui skui !"

Le rat a moitié brûlé se dirige vers une chaise devant Saskia pour y reprendre une forme humaine l'aire faussement apeuré venant dire avec amusement et sans doute avec la volonté de taquiner plantant son regard dans celui de l'enfant.

Ahin, une soviétique. Ton pays nous pose souvent des problèmes tu le savait ça ?

Puis il porta sa main droite à sa mâchoire, pensif ses yeux allant se balader en direction du toit pour finalement dire toujours dans cette attitude de penseur :

Non, je ne peut pas te l'apprendre, et j'en suis bien désolé. C'est un processus long et difficile, sans oublié déconseillé. Puis de toute façons si tu veut vraiment le faire, t'apprendra toute seule.

Son regard plissé se dirige ensuite vers Gospodin, alors  que ses mains elle retombèrent le long de son corps.

Tu a de bon goût concernant les animaux, si seulement Ellie voyer leur magnificence ! Mais non, elle en serait incapable, pire erreur de père.

Finalement il regarda autour de lui, les deux petites et Charle qui semblait tout les 3 arraché et dans un gloussement il se retourna vers le petit père des peules.

Eh beh, Davies ? Tu nous fait quoi là ? C'est pas très saint de faire picoler des jeunes !

Elisabeth arriva accompagné de Margaret, elle s’approcha rapidement du comptoir avant de se lever sur la pointe de ses petits pieds pour demander.

« _Bonjour, Excusez moi ? J’aurais une question à vous poser? »

Un énorme sourire se lisait sur le visage de Davies. Quoi de mieux qu'une dernière fête telle que celle-ci avant la rentrée scolaire? Il enchaînait bière après bière, avec un shooter occasionnel, sans jamais paraître qu'il allait mettre fin bientôt à ce rythme infernal de consommation d'alcool. Il riait, rotait, et discutait avers les divers autres clients présents dans la taverne. Le cœur était à la fête chez tous les gens présents.

Alors qu'il était en pleine discussion avec un belle dame rondouillette dans la vingtaine, James vint l'interrompre pour lui demander si c'était une bonne idée de faire boire de si jeunes enfants.

- Ne t'inquiètes pas! Je me rappelle que nous étions bien pire dans les dortoirs de Poufsouffle, ahaha! C'était le bon vieux temps ca!, lui répondit-il. Et puis bon, ils vont apprendre à la dure les p'tits jeunes, rajouta-il en rigolant avant de se tourner vers les enfants toujours debout.

- Première leçon! Boire de l'alcool, c'est bien, mais la gueule de bois, ca l'est moins. Il va vous falloir beaucoup de pratique pour ne pas finir comme notre p'tit Charles ici présent. 

Il désigna le pauvre garçon gisant sur le sol.

- Heureusement, vous allez pouvoir avoir toute la pratique que vous voulez à Poudlard!

De nouveau, un rire bien gras éructa de sa gorge, tandis qu'il retourna continuer sa discussion avec la dame.

La soviétique but son dernier shooter d'une traite après avoir trinqué avec Diane, et se jetta elle aussi sur une chaise à côté du pied-bot. Malgré son amour pour la Russie, elle était consciente des problèmes de son pays et prit la réflexion avec un humour. Elle haussa vivement les épaules : 


- Da, mais faut dire qu'il s'pose des problèmes à lui-même mon pays déjà, ça allait pas être différent avec vous. J'm'en fous si c'est dangereux, c'est avec quoi qu'on apprend seul votre truc ? Y a des livres ? 

Elle semblait décomplexée, affalée sur sa chaise comme un pacha oriental à observer les gens et les chants qui tonnaient ça et là se dédoubler à cause de la boisson. 


- C'est votre fille cette Ellie ? Elle est à Poudlard ? Mais ouais, les rats c'est magnifique, puis c'est malin pas comme d'autres bestioles. 

Elle écouta ensuite la "sage" leçon du directeur de maison avec un sourire en coin, amusée et peut-être un peu fatiguée aussi il fallait l'avouer. En tout cas elle ne manquerait pas de glisser une bouteille subtilisée à son paternel dans ses valises s'il était possible d'en amener à l'école. La rentrée se fêtait avant mais aussi après.