Le Chaudron Baveur

Le joueur de Saskia étant trèèès attentif, il n'a pas remarqué que Hugo et Charles abordaient son personnage. Le dernier post de Saskia se passe donc avant que Hugo n'aborde les filles.


La discussion fut interrompue par l'arrivée inattendue des deux garçons que la Russe avait observé de loin. Peut-être s'étaient-ils fait des idées à cause de ses regards d'une discrétion toute relative ? Quoi qu'il en fût, elle leur réserva le même traitement qu'à Diane, et les gratifia tout d'abord d'un regard silencieux et presque menaçant. Ils y eurent droit chacun leur tour, ce fut d'abord Hugo, celui qui semblait être le chef, puis Charles qui avait l'air... Bien moins téméraire. Elle revint ensuite sur le premier, et termina son cinéma sur une longue plongée dans les yeux du plus faible des deux. Soudain, elle leva sa tasse et bu un coup. 


- Privet. Moi c'est Saskia et lui c'est Gospodin, expliqua-t-elle en pointant de son auriculaire le rat pétrifié, posé de dos sur la table. 


Elle n'ajouta rien de plus à cette présentation. 

-Le...quidditch...? Qu'est ce c'est ? questionna le brun dont de nombreuses facettes du monde magique s'esquivait encore à sa portée.

- Le sport le plus populaire chez les sorciers. T'aura l'occasion d'en voir à Poudlard. Tu n'as pas vu la boutique de balais volants sur le chemin de traverse ? 

Demande t'elle alors que sa mère va régler l'addition. 

-Oh si, si j'ai vu des balais volants, exactement comme dans les contes populaires. Mais un sport ? 

Alex avait déjà le plus grand mal à imaginer un balai autre part qu'au sol à faire valser la poussière et à le débarrasser de l'épaisse peinture beige qu'elle implique,. L'existence des balais volants? Hé bien dans ce cas-ci c'étaient une idée que des années de littérature moldu et de folklore populaire l'avait aidé à recevoir sans trop de soucis, mais un sport basé sur ça ? L'enfant n'était de toute façon pas fanatique de sport et par conséquent ne ressentait pour le moment que très peu d'intérêts pour ce quidditch. 

- Oui, ça se joue avec plusieurs balles et des anneaux, un peu comme le Basketball chez les moldus.

Dit elle sans grand intérêt, pas passionnée par ce sport. Ni par aucun autre par ailleurs. 

-Je verrais bien une fois là, mais je risque de passer mon tour

- On regardera depuis les gradins si tu veux, au moins comme ça on sera sûrs de pas se blesser.

Dit elle en se levant sur un signe de sa mère. 


- On va devoir y aller, mais c'était un plaisir de faire ta connaissance. Tu veux mon adresse pour passer dire coucou si tu veux ?

-Bien sur, note ça là s'il te plaît fit l'enfant et tendant son carnet à Scarlett

Elle note donc son adresse et adresse un dernier sourire à Alex. 


- Ecris moi quand t'auras le temps ! A bientôt ! 

Dit elle en quittant le pub, direction l'allée moldue avec sa mère et ses fournitures. 

Hugo avait écouté ses deux nouvelles interlocutrices avec intérêt, qui, lui semblait il, avaient l'air plutôt farouche. Alors que la prénommée Diane se présentait, il pouvait sentir un regard froid en provenance de la seconde fille en train de le scanner. Ou du moins, c'était son impression. Il répondit d'une voix enjouée, désireux d’instaurer une atmosphère plus légère. Ce fut d'abord à Diane qu'il adressa la parole, lui rendant un sourire chaleureux, pour contraster avec celui de l'adolescente, plus réservé.

"Effectivement, nous rentrons tous les deux à Poudlard, en première année, et j'ai eu le plaisir de faire connaissance avec Charles, avec qui je suis maintenant ami, hier ici même. Et vous deux, depuis combien de temps est ce que vous vous connaissez ?"

Il se tourna ensuite vers Saskia, posa un coude sur la table, puis dit: "Privet, c'est Russe ça, n'est ce pas ? Tu n'es pas d'ici, je me trompe ?"

Charles, qui était resté silencieux depuis que lui et son ami avaient débarqué à la table des deux jeunes sorcières, bafouilla quelques mots en réponse à la modeste mais rude présentation de Saskia.

- J-Je.. J'aime beaucoup la littérature russe.. Je ne comprends probablement pas tout de ses histoires, m-mais.. Dostoïevski est l'un de mes écrivains préférés.

Saskia fit un geste étrange de la main lorsque Diane confessa ne la connaître que peu. Une sorte de hochement du poignet, avec deux doigts pointés, un peu comme le font les militaires pour indiquer que la voie est libre sans parler. Elle ne semblait pas en avoir grand chose à faire de se faire comprendre, à vrai dire. Elle se sentait assaillie de questions, et n'appréciait pas trop cela. Divulguer sa vie à une inconnue ? Oui. Parler à trois personnes en même temps ? Il fallait qu'il y ait quelque chose à la clé, sinon l'effort était trop grand. Elle expédia donc les questions de Hugo et Diane avec des mots très simples : 


- Da, je suis russe, et ouais mon père est de sang-pur mais ma mère moldue. 

Après cela, son attention se porta de nouveau vers le timide, qu'elle fixa avec encore plus d'intensité qu'auparavant. Il lui paraissait faible, et elle n'aimait pas trop cela, mais ses goûts littéraires avaient suscité son intérêt le plus vif (ce qui n'était pas aisé). Elle se résolut donc à pincer ses jolies lèvres pour lui esquisser une sorte de sourire en coin qui n'adoucissait malheureusement pas tout à fait son visage. 


- Si tu aimes ça, lis Les âmes mortes, de Nikolaï Gogol. C'est l'histoire d'un escroc qui parcourt la Sibérie et achète les âmes de paysans décédés pas encore répertoriés comme morts, leur propriété administrative si tu veux. C'est ce qui représente le mieux l'âme de mon pays, à mes yeux. 

Il était rare qu'elle parlât aussi longtemps, et elle ressentit aussitôt le besoin de se réhydrater d'une lampée de thé. 

Hugo fut heureux de voir Charles s'exprimer. Plus que ça, son ami avait réussi à faire parler la jeune russe de ses goûts personnels, pour qui, il en avait l'impression, chaque mot devait être comme arraché à sa bouche. Il observait cette scène de discussion avec des yeux pétillants, quasiment perdus dans le vide, comme si, immédiatement après avoir été acteur de la scène, il s'en était retiré pour devenir spectateur. Diane lui apprit donc qu'elles venaient de se rencontrer.

Lorsque la question de son ascendance fut posée, Hugo se raidit. La dernière et unique fois qu'il avait abordé le sujet, on l'avait traité de "sang de bourbe", se souvint-il. Il fixa alors Diane dans les yeux, comme s'il se préparait pour une nouvelle insulte, et répondit simplement:

"Je suis un né-moldu"

le ton était posé, comme pour être sur que cette réponse ne serait pas esquivée, qu'il obtiendrait à son issu soit une approbation ou au contraire une raillerie.  

Hugo écouta avec attention la discussion de Saskia et Charles, qui prenait un tournant littéraire. Hugo connaissait lui aussi Dostoïevski, en avait lu un de ses ouvrages, "Les Frères Karamazov", il se garda bien de le faire remarquer: il détestait paraître cultivé.
"Les âmes mortes, de Nikolaï Gogol", ça en revanche, il ne connaissait pas, mais il prit soin de retenir le titre.

Hugo demeura silencieux, désireux de laisser le champ libre à Charles, qui semblait avoir trouvé un sujet dans lequel il pouvait s'épanouir lors de la discussion.

Il bafouilla quelques mots en guise de réponse à Diane.

- J-Je suis un Sang-Mêlé, bien que j'aie vécu en moldu la majeure partie de ma vie..

Comprenant qu'il avait peut-être affaire pour la première fois de sa vie à une personne qui partageait son amour de la littérature russe, Charles quitta soudainement des yeux ses souliers. Relevant en effet la tête pour déposer son regard sur Saskia, il répondit à cette dernière, la mine rougeâtre et un grand sourire tremblotant.

- J-Je.. J'apprécie aussi Gogol. Si je devais vous conseiller un seul ouvrage de Dostoïevski, je vous inviterais à lire Les Frères Karamazov.. J'aime la manière dont l'auteur essaye d'y faire s'affronter, au travers de ses personnages, différentes conceptions de la Russie..

La blondinette termina son thé et s'accouda à la table avec peu d'élégance, tournée vers Charles trente-cinq dit "le balbutiant". Elle gardait malgré tout l'oreille attentive à la discussion qui avait court entre les deux autres, elle avait elle même vécu ça lorsque son père vint la récupérer, mais d'une manière certainement plus brusque qu'une simple missive bizarre. La joie de découvrir un nouveau monde n'avait donc pas été son sentiment premier, à l'époque. 


- Ça tombe bien, je l'ai pas lu celui-là. J'sais pas s'ils sont des livres moldus à Poudlard, tu pourras me prêter le tiens ? Je t'en filerais un autre en échange. Moi j'ai lu les Démons de Dostoïevski, et l'idiot aussi. Y a un peu de ce que tu dis dans les Démons, on voit les idéologies qui étaient à la mode à l'époque, et toutes les merdes qui pourrissaient dans ces idées. 

Elle se garda cependant de dire que par certains aspects, Stavroguine lui rappelait son père. Ce n'était pas bien glorieux. 

Charles écouta attentivement la jeune fille, bien qu'il ne parvint pas à garder longtemps son regard sur cette dernière, tout intimidé qu'il était par ce qu'il se représentait du personnage. Il répondit d'un ton qu'il espéra calme.

- J-Je viens ici tous les jours.. J-Je peux le ramener avec moi demain, si vous v-voulez..

Un gros et très grand homme rentra en fracas dans la pièce. Un grand sourire au visage, il saluait les différents clients qui se trouvaient dans l'établissement. Son sourire s'accentua encore plus lorsque son regard tomba sur Charles de Vignolles.

- Et bien! Si c'est pas mon p'tit Charles préféré, dit-il en rigolant avant de lui donner une tape dans le dos.

- La rentrée n'est même pas encore commencée, que déjà tu t'es fait de nombreux potes on dirait bien, ahahah! Ne me dis pas que tu les a déjà convaincus des bienfaits de l'alcool?

Il rigola bien fort.

Charles sursauta à cette tape soudaine, tant et si bien qu'il en chancela quelques instants sur sa chaise. Portant son regard sur son interlocuteur, un agréable sourire se forgea sur son visage tandis qu'il s'exclama, d'un ton partagé entre enthousiasme et timidité.

- Professeur ! J-Je.. J-Je suis content de vous revoir. D-Des amis..? O-Oui, je crois.. C'est un peu grâce à vous, finalement.. Vous êtes le premier qui a essayé de me mettre à l'aise ici.. D-De l'alcool..?! N-Non !

La jeune slave s'apprêtait à accepter la proposition de Charles à propos du livre, quand cet étrange bonhomme fit irruption. Elle se mit à l'observer à sa manière si particulière et antipathique, comme à chaque fois. Adultes, enfants, forts, faibles, avenants, timides... Apparemment, tout le monde était logé à la même enseigne quand il s'agissait de la rencontrer. Au delà de la mention de l'alcool et de cette supposition encore un peu précoce d'amitié entre les enfants, un détail la fit tiquer. Elle se saisit du gros rat blanc pétrifié sur la table, et le tendit à l'homme.


- Privet. Vous êtes professeur ? Vous pouvez le rendre normal ? Une vieille me l'a pétrifié.

Hugo fut rassuré par la réaction de la jeune fille, bien différente de celle à laquelle il avait fait face la dernière fois. À la vue de son sourire, qui il le sentait, ne cachait aucune arrière pensée, il reprit son attitude chaleureuse et quelque peu nonchalante. Il répondit de bon cœur:

"Et bien personnellement, c'est un employé de Poudlard qui est venue directement chez moi, avec ma lettre d'inscription. Mes parents l'ont d'abord pris pour un charlatan, mais après quelques ... démonstrations disons, ils comprirent que l'homme valait la peine d'être écouté. Alors qu'il était venu le matin, il est reparti tard dans la soirée, expliquant le plus soigneusement possible les tenants et les aboutissants du monde des sorciers, et le fonctionnement de Poudlard. Malgré cela, l'idée qu'un monde autre que le nôtre puisse exister nous est restée assez flou. Ce n'est qu'en arrivant au chemin de traverse, ici même, que c'est devenu beaucoup plus ... disons... concret pour ma famille et moi"

Alors que l'imposant homme venait d'apostropher Charles, Hugo fut lui aussi surpris dans un premier temps, mais, voyant que son ami le connaissait, il se mit alors à toiser le professeur avec un œil amusé mais respectueux.

- T'as pas niaiser, comme dit, mon p'tit gars, ahaha!, dit Davies au petit Charles, avant de se retourner vers la jeune fille tenant un rat pétrifié entre ces mains, son sourire disparaissant à la vue de l'animal.

- Et pourquoi elle a fait ca cette vieille? Je vais lui en toucher deux petits mots à cette idiote. Pauvre petit rat...

Le gros homme prit alors le rat dans ses mains, le caressant de ses énormes doigts, d'où une aura jaune vive semblait en émaner.

Quelques secondes plus tard, le rat bougeait de nouveau, avant de sauter sur la table.

- Et voilà, maintenant il va pouvoir bouger son popotin de nouveau. Comme s'il n'avait rien eut. 

Pour répondre à ta question, effectivement, je suis John Davies, professeur de Soins aux Créatures Magiques à Poudlard. Et accessoirement directeur de Poufsouffle!

Il sourit en jetant un coup d'œil à Charles, avant de poser son regard sur le groupe.

- Et vous, vous êtes de futurs élèves venus prendre une bière avec le p'tit Charles pour fêter votre rentrée prochaine à Poudlard? Vous commencez déjà l'alcool? Ca me fait penser à moi à votre âge, dit-il en rigolant bien grassement.

Hugo avait pris quelques secondes avant de répondre, le temps d'observer l'imposant professeur délivrer quelques sortilèges pour sortir le rat de sa mauvaise posture. Il ne le connaissait pas, mais pour l'instant, il l'appréciait.

Puis, il reprit sa conversation avec Diane:


"Privilégié ? je ne sais pas, j'imagine que Poudlard à l'habitude d'envoyer directement quelqu'un pour les né-moldu, histoire de leur donner un minimum d'explication. Et sinon il ne me semble pas que c'était un professeur"



Il marqua une pause, scrutant le visage de Diane, et continua:

"Et toi, tu as hâte d'aller à Poudlard ? Tes parents y ont étudié ?"

Alors qu'il venait de finir sa question, ce fut au tour de John Davies de s'intéresser à eux. Il fit un discret signe de tête à Diane, comme pour lui proposer de répondre au nom du groupe.