Le Chaudron Baveur

Le premier réflexe de l'enfant à son entrée dans ce nouveau lieu fut de laisser son regard se perdre dans la pièce la balayant du regard et détaillant des yeux son architecture, sa clientèle, leurs commandes, leurs mines. Un tour du personnel qui se termina vite et se solda sans grande réalisation pour l'enfant pour qui l'auberge n'évoquait pas l'excitement attendu d'un établissement sorcier, au contraire mis à part les quelques idées extravagantes et la clientèle particulière, ça n'était à première vu qu'une échoppe on ne peut plus commune, avec un bar et ces habituels ivrognes qui ne manquait jamais de mettre l'enfant en garde. Une fois la place désigné, Alex entreprenant pour changer viendra se hisser sur une chaise situé en face de son amie..

-C'est très large comme question commenta l'enfant avant de poursuivre. Déjà je crois que je n'ai pas de frères ou de sœur moi, je ne suis pas très pointilleux niveau nourriture, j'ai  aussi11 ans, environ...  et si l'enfant n'était pas arrêté, il enchaînera sur une longue liste de détails probablement inutile et un catalogue de ses compétences allant de la cuisine, au ménage et ainsi de suite.

- Poufsouffle ! 

Tonna t'elle en rigolant. 


- C'est obligé que tu finiras là bas, ou du moins, c'est ce que je choisirais pour toi, moi. Débrouillardise, appétit, et plein de choses encore. Comment ça se fait que tu saches faire tant de choses si jeune ? Moi je vais être perdue sans ma mère....

Elle soupira avant de rajouter. 


- Moi j'ai trois grands frères, et ils ont tous réussis, alors je dois réussir mieux qu'eux, pour leur prouver que je ne suis pas une petite fille en détresse qu'on doit venir défendre au moindre problème !

-Je pense que ça me plairait comme maison. Fit l'enfant au dessus de la tête de qui les qualités de la maison devait probablemnt perpétuellement flotter. 

-Il faut bien travailler pour gagner sa croûte, pas le choix. À force j'ai fini par devenir de plus en plus versatile pout pouvoir exécuter tout ce qu'on attend de moi. 

Laissant un bref moment de silence, Alex se racla la gorge puis lâcha finalement sur un ton claire mais contrôlé sa décision. 

-Gryffondor ! Aucun doute pour toi.

- Je pense aussi que ça te plairait.

Scarlett haussa un sourcil. 


- Travailler pour gagner sa croûte ? A ton âge ? C'est un peu bizarre non ? 

Elle éclata ensuite de rire.


- C'est ce que mes deux grands frères ont pariés, mais le plus jeune espère me voir à Serpentard. Moi, les deux me vont, je pense. Pourquoi Gryffondor selon toi ?

-Tu trouves ? Je ne sais pas trop, je ne viens pas d'une famille aisée, ni de sorciers d'ailleurs, je ne sais pas trop comment c'est chez vous, mais avec la guerre qu'il y a eu il y a quelques années il fallait bien se rendre utile d'une façon ou d'une autre. confie l'enfant d'un ton calme quoiqu'un peu monocorde mais qui ne trahissait nul émotion et surtout pas le genre d'émotion qui pourrait accompagner ce genre de commentaire.

-Tes frères étaient dans qu'elle maison ? je n'arrive pas à voir l'importance de tout ça et je crois que trop y penser risque de me donner une migraine.

- C'est vrai que vu sous cet angle, ça paraît normal.

Dit elle en réalisant qu'elle avait bien été protégée de la guerre par sa famille. Fort heureusement d'ailleurs.


- Les deux plus vieux étaient à Gryffondor, le plus jeune à Serpentard, ceci explique cela...

La mère revient avec trois chocolats chauds qu'elle dispose sur la table.


- Alors les jeunes, vous vous entendez bien à ce que je vois !

-C'est compréhensible ça doit donner l'impression d'avoir une sorte de... cohésion ?.... peut-être. Ma maîtresse m'a déconseillé de trop accorder d'importance aux labels, gryffondor ou serpentard, je pense que je te verrais sûrement de la même manières, conclura l'enfant toujours dubitatif vis à vis de l'utilité de se système mis à part l'instauration d'énièmes barrières supplémentaires. 

-Oui ! lancera l'enfant en direction de la mère de son ami, toujours dans l'attente du chocolat avec lequel on l'avait appâté en ces lieux. Ceci-dit il ne l'avouera bien entendu pas

- J'espère bien ! En tout cas ne t'en fais pas, on pourra toujours traîner ensemble peu importe nos maisons, je te le promets !

Dit elle alors que sa mère dispose un chocolat chaud devant chacun des deux enfants, et un devant elle. 


- Dégustez bien, et ne tardez pas trop, il se fait tard.

Scarlett déguste sa tasse avec plaisir, ce n'était pas le chocolat de sa maman, mais il restait bon quand même. Elle demanda ensuite à Alex, curieuse. 


- Toi qui est déjà débrouillard, tu as une idée de ce que tu vas faire après tes études ?

Le garçonnet lèvera les yeux de sa tasse pour les poser sur les visage de son interlocutrice. Question qui rencontrera une réponse simple et immédiate, le genre de réponse dont la simplicité résonnait comme si l'on faisait part d'une évidence des plus totales.

-Je vais probablement retourner travailler au côté de ma maîtresse je pense, peut-être même que j'aurais une promotion si je deviens un sorcier accompli annonce l'enfant l'air rêveur. 

-Et toi ? tu penses travailler avec tes frères ?

- Retourner travailler auprès de ta maîtresse ? Comment ça ? 

Demande t'elle, sans comprendre. Elle haussa ensuite les épaules. 


- Aucune idée. L'un d'entre eux travaille pour le ministère, peut être que je ferais pareil.

-Oui ma maîtresse, je reprendrais mes fonctions à ses côtés très probablement. répète à nouveau l'enfant encore une fois sans détailler sa pensée outre-mesure. Pensait t'il avoir été clair ou qu'il pouvait se passer de précisions additionnels ? très probablement.

-Peut-être, tu as encore plus de la moitié d'une décennie pour trouver ta route; pas la peine de trop y penser si tu n'en sais rien pour le moment affirma l'enfant convaincu que c'était la meilleur attitude à adopter et conscient que son cas à lui était plus proche d'être l'exception que la règle.

- De quel genre de maîtresse tu parles au juste ? 

Demande t'elle sans détours, piquée par sa curiosité.


- Oui, j'ai le temps de voir venir, je dois déjà devenir la meilleure élève que l'école ait connu de toute façon.

Répond elle en riant. 

Le bol de chocolat qui captivait tant l'élève qui l'avait savouré lentement, très lentement venait de se terminer, et l'enfant se refusait bien entendu de laisser sa langue traîner dans le bocal pour tenter de récupérer les quelques goutes solitaires du breuvage qui lui airait échappé, pas en publique en tout cas son éducation le lui interdisait. La contrepartie de la  déception qu'accompagne toujours la fin de la dégustation d'un mets c'est cependant qu'Alex pouvait reporter toute sa concentration sur la conversation et finalement donné une réponse un peu plus travaillé, un peu trop peut-être.

-Oh c'est la, fille de mon employeur Hélène, c'est son nom. Elle est un peu plus grande que moi malgré qu'elle soit une fille et qu'elle n'ait qu'un an de plus moi. Elle est très intelligente, je pense qu'elle aurait fait une très bonne sorcières, je crois qu'elle serait sûrement placée Serdaigle ou à Serpentard si elle avait été à ma place. Elle aurait peut-être préféré Serdaigle cependant, c'est qu'elle aime le bleu voyez-vous mais je pense que ce genre de système de groupe ne lui plairait pas.. Ah mais oui je l'avait dit plus tôt, elle n'apprécie pas les labels, je pense que c'est parce qu'elle accorde une grande, grande importance à son individualité...ou quelque chose comme ça, mais c'est une des raisons pour lesquelles elle est digne du respect qu'on lui donne tous... Encore une fois à moins qu'on arrête le garçon en lui arrachant les étoiles illuminant présentement ces yeux il continuera son bavardage inconsidéré et entrecoupés de nombreuses éloges à sa maîtresse.

Deux yeux en amende verts se plongèrent soudainement dans les siens. La fillette blonde était belle, mais quelque chose dans son regard lui donnait une allure assez antipathique. Il manquait d'innocence, ou d'un on-ne-savait-trop-quoi de pétillant et d'agréable là-dedans. Les caresses sur le rat immobile s'estompèrent, et la slave fixa sa congénère pendant quelques secondes qui semblèrent une éternité. Il était difficile de déterminer si elle jugeait Diane, si elle essayait de lire en elle, ou si elle la contemplait juste platement, comme un cuistre face à une toile qu'il ne comprend pas. Après quoi, elle retourna à son rat, et une voix calme teintée d'un accent russe assez mignon s'échappa d'entre ses lèvres.


- Je sais pas. J'espère. J'pense qu'il a peur. Il est coincé le pauvre. Tu sais déjà faire de la magie toi ? 

Son anglais était lapidaire, simple, il avait quelque chose de brut. Pas de fioritures, ni dans son parler, ni dans sa tenue négligée au possible. Ses vêtements étaient de bonne qualité, mais elle les portait comme s'il s'agissait de peaux de bêtes, posés là et plissés sans soin. Son col légèrement entrouvert laissait à voir un bleu au niveau de son omoplate. 

Une théière lévita jusqu'à la table des futures collégiènes, suivie d'une coupelle de porcelaine et d'une tasse assortie. L'ensemble se posa délicatement devant Saskia, avant que n'arrive une grosse langue de chat, apparemment retardataire, qui vint s'intercaler à côté de la tasse sur la coupelle. La commande était arrivée rapidement. La russe huma l'air chaud qui fuyait du breuvage encore clos, et estima avec sagesse qu'il n'était pas encore temps de le boire malgré l'avidité qui se lisait dans son expression quand elle regardait l'objet. Elle attrapa le rat et le tendit à mademoiselle gardner sans lui laisser d'autre choix que de le prendre. 


- Non, tu comprends pas. Il s'est prit un sort, il peut plus bouger. Faut que je le lève. Ça dit comment faire dans le bouquin ? Moi j'sais pas faire, ma première année d'école c'est à cette rentrée. 

Aussitôt ses mains fines libérées, aussitôt elles trouvèrent un moyen de s'occuper. Elles aggripèrent la cuillère avec peu d'élégance, et la firent virevolter dans la tasse, comme si elle touyait l'air qui y stagnait. De temps à autres, elle tapait les rebords, produisant ce cliquetis caractéristique que font les couverts. La pâle créature qui agissait de la sorte semblait l'apprécier ce bruit, peut-être le trouvait-elle... Apaisant ? 


- Ouais, j'viens de Russie. Je suis là que depuis... 3 ans je crois. Ou presque. Ah, et le rat il s'appelle Gospodin, ça veut dire Monsieur, ou Seigneur, en gros.

L'enfant délaissa finalement sa cuillère pour s'attaquer au gros biscuit que le bar lui avait gentiment donné, il fallait dire que son estomac criait famine depuis des heures. Son père avait été introuvable toute la journée, et la cuisine elle n'en était pas friande même si elle savait y faire. Elle n'avait donc rien avalé d'autre depuis ce matin qu'une vieille pomme, pas bien belle et pas bien bonne. La récurrence de telle situations expliquait presque entièrement son corps malingre, en plus de ses nombreuses excursions durant lesquelles elle avait tendance à se dépenser trop. Alors qu'elle savourait son en-cas, elle se mit à penser. Qu'allait-elle bien pouvoir raconter pour justifier l'état du rat ? Certainement pas qu'elle avait profité d'un acte de vandalisme pour le subtiliser à sa propriétaire légitime qui l'avait ainsi figé avec d'autres bêtes pour les sauver d'un sacré vol plané... Moralement, cela ne la dérangeait pas, mais ces choses là ne se disent pas histoire d'éviter de s'attirer des bricoles.


- C'est une vieille folle dans une ruelle bizarre qu'a fait ça. Elle voulait le tuer parce qu'elle disair que les rats envahissent la ville ou j'sais pas quoi. Bref, en tout cas faut que je trouve quelqu'un pour le sauver parce que j'sais pas si mon père est à la maison pour le faire. 

Soupir... Ses yeux se balladèrent dans la foule qui peuplait le bar. Ils étaient étranges, tous, avec leurs sourires baveux, leurs rires gras, leurs débats politiques futiles. Au moins en Russie, on parlait pas trop souvent politique, le pays avait cela de bon. Peut-être pensait-elle cela parce qu'elle ne comprenait pas encore bien les rouages de ces grosses machines que sont les sociétés, ou peut-être était-elle juste très lucide. En tout cas, son regard s'arrêta sur un garçon d'à peu près leur âge et qui avait l'air bien paumé. 


- J'suis née dans un petit village en Sibérie, je suis même pas sûre qu'il porte un nom. Il était aussi perdu que lui, annonça-t-elle avec un sourire moqueur en désignant Charles du doigt bien grossièrement. Puis mon père... Il m'a prise avec lui, et m'a emmené à St Pétersbourg où j'ai vécu jusqu'à venir là. J'sais pas comment vous faites pour les voyages en Russie, moi j'ai trouvé ça un peu galère d'en partir quand même.

Hugo venait de finir une nouvelle journée au Chemin de Travers, où il avait pu acheter ses dernières fournitures. Il s'habituait petit à petit au monde des Sorciers qui lui était encore inconnu il y a quelques jours encore. Alors que la nuit commençait à poindre, Hugo qui passait par le Chaudron Baveur pour ressortir vers le monde des moldus remarqua le jeune homme avec qui il avait discuté hier soir. Après avoir réussi, non sans mal, à convaincre son père de l'attendre à leur hôtel, le temps qu'il le rejoigne, Hugo s'en alla rejoindre Charles. Une fois à sa hauteur, il le saluât chaleureusement, en lui tendant la main, comme à leur première rencontre. "Salut, comment va tu ?"