Ce petit bureau, assez confidentiel, se trouve au fin fond du Septième étage, à la suite d'un dédale de couloirs. Impossible, donc, de s'y rendre simplement par hasard ; celui qui s'aventure jusqu'ici à ses raisons. Il y a peu de passage, devant cette porte, et les rares élèves qu'on y voit aller et venir ont bien souvent leur capuche soigneusement rabattue de sorte à dissimuler leur visage. Certains rendent visite à Suzy Sue pour soumettre un article, une annonce à faire passer, de façon anonyme la plupart du temps. Mais ceux-là sont rares, en réalité.
Les autres, bien plus nombreux, espèrent autre chose de la journaliste en herbe. Pour cette dernière, l'information est une monnaie : elle se vend, s'échange et se marchande. A Poudlard, les murs ont des oreilles et les portes ont des yeux, et c'est elle qui en profite. Elle peut certainement vous apprendre ce que vous cherchez à savoir, mais cela a un prix : il faudra alors lui apprendre ce qu'elle ne sait pas déjà. C'est ainsi que Suzy parvient à être au courant de peu ou prou tout ce qui se déroule entre les murs de l'école. Et c'est aussi ce qui explique l'existence même de ce bureau, et de la Gazette qui s'y écrit.
Source d'informations fiable, la Serdaigle de cinquième année se trouve dans les petits papiers de la Direction de Poudlard, qui profite souvent de son large réseau d'informateurs. Pour conserver ce statut et sa liberté de presse, elle s'adonne souvent à la délation, et les avertit parfois d'un méfait avant que celui-ci n'arrive, bien qu'elle préfère en général dénoncer leurs auteurs après seulement que le mal ait été fait. Elle donne rarement le nom de ses précieuses sources, en revanche, même si cela peut arriver, quand elle juge que celles-ci lui sont devenues inutiles.
Ses motivations demeurent floues, et ses idéaux, elle en garde le secret. Le Colporteur se dit impartial, et permet aux élèves de tous bords de faire entendre leur voix. Dans ses pages, les appels à la guerre côtoient ceux qui invitent à la paix, les annonces des partisans de l'Alliance répondent à celles des adeptes de la Coalition. Les articles qu'elle écrit, en revanche, s'apparentent à une presse à scandale, visent à mettre le feu aux poudres et à jeter de l'huile sur ledit feu. De là à dire que ce conflit la divertit, il n'y a qu'un pas.
Le bureau, richement décoré, est cependant d'une taille modeste, ce qui lui confère un côté assez intime renforcé par la lueur des quelques bougies qui éclairent faiblement la pièce dénuée de fenêtres. Généralement, on s'entretient avec Suzy seul à seul, dans la confidence, en compagnie seulement de sa machine à écrire, et d'une bouteille d'un jus de citrouille au goût étrange supposé délier les langues, qu'elle offre souvent volontiers.