Maison de Michael Summers - Bognor Regis

Une esquisse de sourire, reconnaissant, s'était dessinée sur la bouille rougie par les larmes de Guillaume. Avant que son visage ne redevienne soudain marqué par une insondable tristesse. 

" Vous êtes ici chez vous... " a eu le malheur de dire le Jaune.

Simple formule de politesse certes, mais une phrase Ô combien lourde de sens pour ces petits oiseaux arrachés de leur nid. Non, ils ne sont pas ici chez eux. Ils n'ont plus de chez eux. Ils n'ont plus rien. C'est ce que pense Guillaume tout bas, mais qu'il se garde d'exprimer, par la parole tout du moins. Il secoue la tête.

" Non... Juste... Boire et manger. S'il-te-plaît, Monsieur. "

Il leur faudra du temps pour se sentir ici chez eux. Pour s'habituer à la présence de Michael. Le temps du deuil, pour commencer, de leurs parents, leur foyer, leur ancienne vie. Ou du moins, les premières étapes. Mais pas tant de temps que l'on pourrait se l'imaginer. Les enfants possèdent en général une capacité d'adaptation qui dépasse lentement de ceux qui ont déjà croqué la vie. Cela se fera, petit à petit. Ils retrouveront le sommeil, l'appétit - le vrai, l'envie de vivre. Ils finiront par voir ce lit comme étant le leur, ces murs comme ceux de leur abri. Et un beau jour, ils retrouveront aussi le sourire. Cela viendra. Lorsque Michael se redresse, Guillaume aussi, afin de lui prendre la main. Sophie quant à elle s'agrippe plus fort encore pour ne pas lâcher prise, et suit le Jaune dans son mouvement. Si son regard reste perdu dans le vague, et Dieu seul sait ce qui peut bien traverser sa petite tête assaillie de questions et de souvenirs douloureux, son frère lui laisse vagabonder ses yeux sur le chemin, notant portes, couloirs et autres marches, pour mieux savoir où il a mis les pieds.