D'un pas circonspect malgré son grand enthousiasme, le garçon s'enfonça alors dans ledit passage, non sans avoir veillé à ce que son socle se referme une fois qu'il l'eut dépassé.
Le garçon arrive près de la statue, et il commence derechef à l'examiner, utilisant tant ses yeux que ses mains, sans oublier l'Aparecium au cas où. Et au besoin il consulte le plan au cas où une indication soit apparue.
Le garçon fronce les sourcils. L'Aparecium semble inutile cette fois-ci... Mais il y a bien autres choses qui pourrait fonctionner. Michael réfléchit en tapotant sa jambe du bout de sa baguette tout en passant en revue les sortilèges auxquels il a accès.
"Attends... Il y a celui-là..."
Serait aussi simple ? Quoique en y pensant ce n'est pas vraiment simple puisqu'il faut tout de même connaitre l'emplacement. Du bout de sa baguette, le blond se met à tapoter divers emplacement du mur ainsi que de la statue en marmonnant des Dissendium.
Michael lança plusieurs Dissendium un peu partout dans la salle mais c'est lorsqu'il approcha et lança le sortilège sur la statue de pierre que cette dernière bougea pour laisser apparaître un petit escalier suivis d'un long tunnel ...
Tu sais, je crois que je devrais pas être là. Non non. Je crois que je devrais être en cours. J'ai vu plein de filles et de garçons partir à droite, à gauche, et pis en haut et en bas, et pis à droite, et re-à gauche, et j'ai commencé à suivre ceux qui sont jaunes, comme moi. Mais j'aime bien ceux qui sont rouges, alors quand j'en ai vus passer, je les ai suivis. Et puis après j'ai croisé des verts, et j'adore le vert, j'adore ! Eux aussi ils m'adorent, ils arrêtent pas de rire avec moi. Oui, oui, on rit beaucoup ensemble, beaucoup beaucoup. Parce que je suis toc toc toc, qu'ils disent ! Ils m'ont dit de venir avec eux, et je suis arrivée dans une salle. Mais le maître a dit que je n'avais rien à faire là, rien du tout, alors je crois qu'on s'est trompés. En tout cas, on a bien rigolé ! J'aurais voulu rester, mais il n'a pas voulu. Il a dit : " les JAUNES, tu es avec les JAUNES ! " avec une tête pas contente. C'était pas la première fois. Alors je suis retournée chercher les JAUNES... mais, comme tu peux le voir, il n'y a plus personne dans les couloirs ! Il n'y a pas un chat ici, y'a pas un rat ! Encore que si y'avait des chats y'aurait pas de rat. Y'a que moi. Et toi !
Je suis allée jusqu'aux escaliers, mais ils en ont encore fait qu'à leur tête ! Des têtus ceux-là, têtus comme des mules ! Et que je bouge par là, et que je vais par ici, et que je tourne, encore et encore et encore et encore... En plus, j'ai même failli tomber. Mais ça va ! Je suis encore là. Sinon j'aurais fait une belle chute ! Ça aurait fait ziooooou... POUF ! Mais du coup, me voilà ici. Je suis contente d'enfin croiser quelqu'un, je commençais à me sentir seule tu sais. Je t'ai vu me faire un clin d'oeil, de loin. T'es super forte en clin d'oeil, mais comment tu fais ? Moi ça fait longtemps que j'essaie d'apprendre. J'y arrive presque ! Regarde ! Gngnn... Gngnnn... Ah ! J'y vois plus rien ! Mais t'as vu, c'était pas mal hein ? Papa dit qu'un jour, j'y arriverai. Et Papa a toujours raison. Enfin, sauf sur... plein de choses. En fait non, il a pas toujours raison quand j'y pense. Il s'était trompé sur le monde entier ! Du tout au tout sur tout ! Mais en tout cas, il est toujours honnête.
Il est tout vieux, comme toi ! Mais il te ressemble pas beaucoup. Toi, c'est rigolo, on dirait que ta peau est toute fondue ! Comme du fromage ! Et puis, lui il avait des cheveux. Tu es sûre que ça va ? T'es toute pâle. Papa dit qu'on est pâlot quand on est malade. Tu es malade ? Moi, je peux t'aider, si tu veux. Ce qu'il te manque... C'est de la couleur. T'es toute pas colorée. Moi j'adore quand les gens sont colorés ! Surtout que ça veut dire qu'ils vont bien. Alors si tu veux, je t'amènerai de la couleur. Toutes ! Et je te mettrai du rouge, du jaune, du vert, du bleu... Comme ça tu seras toute belle, et en bonne santé. On te fera une belle robe des couleurs de l'arc-en-ciel ! Tu veux bien ? D'accord !
En tout cas, c'est gentil de m'écouter, très très gentil. C'est pas souvent que je peux parler à quelqu'un, comme ça. Non, pas souvent... Je crois que quand je parle, les gens ne m'écoutent pas. Papa il m'écoutait, lui. Mais ici, les enfants, ils font des têtes bizarres des fois. Et ils me répondent même pas ! Bon, après, c'est peut-être normal. Je peux pas leur en vouloir. Moi aussi j'écoute pas beaucoup, je le sais. Des fois, on me parle, et puis moi j'écoute, et puis après je sais plus. Peut-être que les enfants, on est tous comme ça. Mais Mr.Barbu non plus il m'écoutait pas. Il faisait semblant, je crois. Parce que quand je lui posais une question, il savait même pas de quoi je parlais. Du coup, c'est sympa de rencontrer quelqu'un qui écoute mais qui parle pas. Enfin, tu écoutes au moins, hein ? Oui. Bien sûr que tu écoutes.
Mais pourquoi tu tends la main, dis-moi ? Tu attends quelque chose ? Tu veux que je te donne quelque chose ? Mais... J'ai rien à te donner, moi ! Je voudrais bien te donner ma baguette, mais il faut que je la garde. C'est très important ! Je peux faire plein de choses avec, tu sais. L'autre fois, j'ai même réussi à soigner mes vieilles chaussures. Rolalah, je te dis pas comment elles étaient contentes ! Alors la baguette, je peux pas. Mais, heu... Ah si ! Je sais ! Oui oui, je sais, j'ai trouvé ! Regarde ! Tu as vu comme il est beau ? C'est un joli papier rouge que j'ai trouvé par terre. Regarde-moi cette belle couleur ! Et tu as vu comme il brille, dis ? Je voulais le garder, mais tiens, il est à toi. Prends-le dans ta main. C'est cadeau cadeau, rien que pour toi ! Pour te remercier de m'avoir tenue compagnie. Tu es ma nouvelle amie, mamie !
C’était l’un des rares moments de semaine ou les leçons de magie des élèves de deuxième année ne coïncidaient pas avec celles des premières années. Otto, lui, appréciait cet instant précieux où les couloirs de Poudlard, le jour, semblaient désertés par une immense majorité des élèves ; ceux-ci étant en cours, le reste privilégiant les jardins ou la Salle Commune de leurs maisons. Le feu-follet lui, errait sans but à l’intérieur de ce vieux château, avec pour seule distraction la mélodie de ses pas qui résonnaient sur les vieilles pierres usée.
Une fois de plus, le jeune homme explorait les corridors dans un calme olympien. Car cet instant était l’un des seuls où ce dernier faisait preuve de sérénité ; la lumière des vitraux illuminait avec douceur les pas de l’aventurier silencieux. Rien, il le savait, ne pouvait désormais le sortir de sa douce quiétude…
Pourtant, depuis le fond d’un couloir du troisième étage, quelques éclats de voix parvinrent à ses oreilles. Avec stupeur l’autrichien chercha l’origine de la voix inopinée ; quelle ne fut pas sa surprise quand il trouva, en face d’une sinistre statue, la jeune fille du Poudlard Express. Cette dernière conversait, avec politesse, à la sorcière de pierre qui malgré son silence semblait lui répondre. Poppy ! Tempête de bonheur ! De quels secrets regorge ton esprit ? Que vois-tu, toi qui semble être seule voyante en ce monde d’aveugles ? Un élan d’admiration traversa alors le garçon, qui n’avait jamais vu pareille perception des choses, ni un esprit aussi pur ! C’est certain, « cette fillette connaît mieux la vie que n’importe qui d’entre nous » pensait-il, songeur. Il hésita quelques temps à la déranger dans ce qui ressemblait pour lui à une expérience métaphysique de la conscience, mais se dirigea tout de même vers elle en se demandant quel dialogue il pourrait entretenir avec une enfant qui parlaient aux statues.
- Bonjour ! J’ai cru apercevoir au loin une fée, mais finalement c’était de toi qu’il s’agissait !
Déclara-t-il, juste derrière la jeune fille, en rompant son si précieux silence.
- Poppy, c’est ça ? Dis moi, tu ne devrais pas être en cours ?
Oh ! C'est toi, le garçon au poil soyeux ! Tu m'as fait peur ! C'est moi la fée ? Une fée, moi ? Tu crois ? A force, je ne sais plus ce que je suis ! Poppy, tu es une sorcière, tu fais de la magie ! Poppy, tu dois être une princesse : tu vis dans un château ! Poppy, Poppy, tu es toc toc toc ! Ouille ! Poppy, tu es une fée ? Ah mais non, c'est juste moi ! Et oui, en fait c'est ça que je suis : moi. Une Poppy. Rien qu'une Poppy. Si j'étais une sorcière, je vous jetterais des sorts, si j'étais une princesse, j'aurais mon prince et mon royaume ! Mais des fois, je suis un cheval : Hiiii ! Hiiii ! Oh mais ! Pardon Mamie ! Je te présente... Je te préseeente... Je... te... Mmmh, flûte, je me souviens pas de son nom ! Soit j'ai oublié soit je sais pas. Mais je le vois souvent. C'est rigolo, il est habillé comme tout le monde, mais c'est le seul qui a l'air de se rendre au bal tous les jours. Comme il est élégant ! Il doit savoir danser comme un prince ! En tout cas, je te présente Mamie ! Elle parle pas beaucoup, mais elle est très contente de te voir. On se sentait seules, toutes les deux ! Tu sais, il y a beaucoup de monde qui passe dans ce couloir, mais personne pour lui tenir compagnie. Tu peux lui serrer la main si tu veux ! Mais attention, elle est pleine de poussière ! Les vieux ils adorent ça tu savais ? Mais toi t'es comme moi, t'es pas vieux alors t'aimes pas ça. Elle, elle en a plein les narines ! Si j'en avais plein le nez comme ça, moi je ferais aaa... tchoum ! Atchoum ! Atchoumtchoumtchoum !
Le garçon était subjugué par le bouillonnement de l’esprit de Poppy. Elle non plus n’accordais pas d’importance aux noms, mais parvenait en plus à singer chacune des personnalités avec une exactitude cinglante en un temps si court ! La fillette parvenait d’autant plus à se projeter dans une réalité fantasmée, qui semblait se plier à son entière volonté. Quelle conscience fascinante que celle de Poppy ! Celle qui rêvait éveillée, l’exploratrice d’un monde invisible, que jamais notre psychisme ne pourrait effleurer…
- Madame, enchanté.
Lança-t-il à la statue, en lui serrant la main, bien qu’il n’attendait pas de réponse de la vieille femme de pierre.
Une idée traversa soudainement Otto. Des étoiles dans les yeux, celui-ci se tourna vers la jeune fille et lu quelques instants sur son visage naïf et bon. « Elle qui repousse les limites du réel, il faut qu’elle voit le monde pour moi ! » pensa-t-il.
- Poppy, j’aimerais savoir… qu’est-ce qui est beau pour toi ? Que représente la beauté autour de toi ?
Ce qui... est beau ? Mais... TOUT est BEAU ! Toi, t'es beau. Et moi, je suis belle ! Et si c'est beau, c'est parce que... Rien n'est pareil. Ton nez... Il est pas du tout comme le mien ! Quand je passe le doigt dessus, comme ça... On dirait un petit toboggan... Zooou ! Alors que le mien, il est plus comme ça, et ça fait... Zou ! Essaie ! Et tout le monde a son petit toboggan rien qu'à lui ! Les gouttes de pluie adorent le mien. Et regarde, cette pierre du mur. Regarde-bien, regarde ! Tu vois, elle est toute plein de petits trous... Des dizaines, des milliers ! Tous différents, avec tant de formes, des rondes, des longues... Et maintenant, regarde cette pierre ! Elle est toute pas pareille ! Il y a des milliers de pierre, et elles sont toutes uniques ! Passe ta main dessus, tu vas voir. Elles se caressent pas pareil. Et elles ont toutes une histoire différente, tu sais. Celle-là, elle a vu beaucoup de mains. Et celle-là, elle voit nos têtes. Mais celle-là, elle a moins de chance, elle doit se contenter des chaussures ! Ça lui fait une belle jambe !
Comment ne pas boire ces allégations prophétiques ? Tout semblait à la fois si évident et sibyllin pour le jeune homme, si proche et éloigné des structures de son esprit… La jeune fille pouvait ainsi voir la beauté partout ; ou plutôt, son regard semblait changer chaque chose et lui découvrir une splendeur nouvelle. Il ferma les yeux quelques instants, en méditant chacun de mots de l'oracle Poppy. A mesure que cette dernière continuait, il sentait un sentiment familier le traverser : syncrétisme de béatitude et de passion, l'ivresse créatrice qui l'animait se manifestait à nouveau, et avec tant de force qu'il frissonna. Otto la fixa, bouche bée.
- C'est, e-exactement ça, oui ! Et tu sais, aussi…
Son regard s'emplit d'une drôle lueur. C'était comme s'il venait de porter à ses lèvres une lampée d'ambroisie, et qu'un souffle parnassien venait de lui caresser l'oreille.
"Que n’ouïe-je de tes lèvres ensorcelantes, La Pythie fluette, résonner d’entre Ces murailles ? Tu embrasses, ivre, Des chants perdus, ô mystérieuse atlante ! D’antique préludes tu te fais chantre ; Des ballades qui en toi font revivre La splendeur, et ta lumière insolente.
Chaque métal devient beauté, sous ces Pupilles qui feraient pâlir Midas ; Et combien de rêves a-t-il peint, cet œil Alchimique, lui duquel jaillissait Perles, voluptés et divines grâces ? Pouvoir exquis que consume l’orgueil, Mais qu’en ton âme pure transparaît !"
Oh, mais ? Tu ne parles plus, tu chantes ! Oh je les vois, oui je les vois tout autour de moi, les mots qui se dessinent, c'est un concert de feux d'artifices, une palette de sonorités ! Bravo, bravo ! Que tu fais bien, que tu fais bien sonner les mots ! Tu es une symphonie à toi tout seul, de sons de couleurs ! Ta voix est un pinceau qui vient peindre les mots, qui donne une teinte à leurs échos, qui d'eux fait un tableau ! Comme on unit le jaune et le rouge, toi tu maries le do et le ré pour en faire de l'or en chanson ! Je n'ai rien compris, mais c'est ça, la poésie ? Oh, comme j'aimerais peindre de la langue moi aussi ! Pour toi, ça semble si fa sol !
Otto ne savait pas ce qui le subjuguait le plus ; était-ce cette sensibilité dont faisait preuve la fillette, était-ce l'apparente prose lyrique de sa réponse qui semblait raisonner dans son esprit ? Elle parvenait elle aussi, comme lui, à voler avec les ailes dédaléennes de poésie, dans son propre style. Avec une élégante révérence, ce dernier déclara :
- Ces mots, je t'en fait cadeau ; car ton regard paraît changer chaque chose en beauté, c'est toi la Poésie, Poppy !
Que suis-je encore ? Poésie, tu dis ? Mais non : Poppy ! C'est toi, la poésie ! Mon regard ne rend pas les choses belles, c'est pas vrai, il ne peut pas faire ça ! N'importe quoi ! Non, elles étaient déjà belles avant que je ne pose les yeux dessus. Tu ne le vois pas ? Moi, mes yeux voient, ils voient et c'est tout. Comme mes doigts, ils touchent, mon nez sent, ma bouche goûte et mes oreilles écoutent. Les belles choses... il faut pas juste les regarder ! Mais merci, merci pour ces jolis mots ! Je vais les garder avec moi, pour toujours ! Mais d'abooord, il faut que je les attrape. Hop ! Et hop ! Reviens-là ! Je ne les vois presque plus, ils s'échappent !
Les deux jeunes sorciers arrivèrent en ces lieux d'un pas qu'ils cherchèrent à être le plus léger qui soit. Se glissant jusqu'au socle de la statue, le français informa l'allemand d'une voix murmurante.
- J-Je ne t'en ai pas parlé durant nos échanges car je voulais garder la surprise pour mon retour.. O-Observe !
Élançant prestement sa baguette en direction dudit socle, le garçon vint à formuler dans un chuchotement.
- Dissendium.
La statue dévoila alors ses secrets en laissant apparaître à la place du socle un étroit passage sous-terrain.
Face à l'air pénitent de son ami, le français ne put s'empêcher de s'esclaffer d'un rire à gorge déployée. Réalisant son impair et craignant qu'il n'attire par ce dernier l'un de ces membres du personnel rôdant alors, le garçon invita l'allemand à le suivre d'un hâtif geste de la main avant de s'enfoncer précipitamment sous la statue.
- O-Oui, lorsque je l'ai découvert, mais je suis vite retourné au château. J-J'avais peur que l'on ne remarque mon absence à force de trop flâner. E-Et toi, comment est-ce que tu es tombé dessus ?
Lui demanda-t-il alors qu'ils étaient à mi-chemin.
Après encore quelques minutes de marche, les deux jeunes sorciers finirent par atteindre l'autre extrémité du passage.
- N-Nous y sommes.
Formula le français dans un murmure, probablement aussi inquiet qu'excité quant à ce qu'il allait advenir d'eux à pénétrer ainsi dans la boutique en une heure si tardive.