Divination & Arts occultes : un cabinet ésotérique

Je regarde le rêve. J'ai aucune idée de quand ça date. 

Je croise les bras en regardant la boule de cristal. J'ai tout mon temps. Et je m'en fous si Mathilde veut gagner du temps avant de donner sa réponse. 

Tout le monde aimerait savoir pourquoi je suis comme ça pas vrai ? Mais non les argile-men, je suis né comme ça. J'ai pas d'histoire triste à vous raconter pour vous faire pleurer. 

C'est ça le charisme naturel. Si vous êtes attirés, pas la peine de pleurer, vous êtes juste victimes des lois de la nature. C'est comme ça, c'est la vie.

Je regarde le rêve suivant.

On voit la mer. Je cours. Il fait bon. Il y a un tas de pierre. Je gravis les rochers pour grimper au sommet. Je glisse, je tombe, je me relève. Je retente. C'est tout. 

- Je peux choisir le rêve suivant ?

- Oui ce serait un honneur messire Perceval allez-y.

Je me concentre pour trouver un rêve plus intéressant. Ce que je vois dans la boule pour l'instant c'est des bribes de souvenir. Tant mieux si ça aide Mathilde mais ce système est plus intéressant que je pensais. Vous me direz, pourquoi tu penses ça Perceval, qu'est ce que tu as derrière la tête ? 

Simplissime. Des fois je fais certains rêves étranges. Tout le monde en fait, vous aussi. Il faut juste que vous en vous souveniez. Justement c'est ça le problème. Je parle de ces rêves où vous êtes proche de la solution, proche de comprendre. Mais votre esprit est trop faible, vous avez un sommeil de victime. Vous trouvez la clef, vous êtes contents... Vous vous réveillez. Dans votre lit. Retour à votre réalité de sous-espèce. La clef se barre. Impossible de se souvenir de ce que c'était. 

Puisque vous êtes des humains de rang inférieur, vous ne cherchez pas plus loin. Je dis pas que c'est mal. Juste, c'est la différence entre vous et moi. 

Je cultive mes souvenirs. Et cette méthode va me permettre d'entrer de force dans ces rêves étranges. 

Je me concentre, je choisis un rêve gris que j'ai fait il y a deux mois. 

J'attends que la boule de cristal devienne grise comme mon rêve. Tant pis si ça aide pas Mathilde à me trouver un métier, de toute façon je m'en fous et ensuite elle s'en fout aussi. 

Je me souviens du rêve. Il y a deux types de rêves, d'abord ceux où vous vous imaginez en scène, c'est soit votre cerveau qui fait sa séance de cinéma de la journée soit vos émotions de bêta qui vous torturent. Je me suis entraîné à ne plus avoir ce type de rêves. Faut faire pareil, c'est inutile, ça rend faible. Vous voulez être faibles ? Non. 

Et ensuite, il y a les autres rêves. Dans ce rêve gris, je ne cours pas. Je me bastonne avec personne. Pourquoi ? Parce que je n'existe pas. Ma réalité n'existe pas. C'est juste un rêve. Sans les conneries que notre cerveau essaye d'y insérer parce qu'il a peur. Faut pas avoir peur. Juste suivre le rêve. Mais si vous sentez que ça vous échappe ouvrez les yeux. 

Je vois un loup. Le loup avance dans la neige. C'est un loup noir. Il fait froid. Je n'en sais rien. Mais je le devine parce que je vois de la neige. Alors mon cerveau imagine un froid glacial. Même si je n'existe pas. Le loup ne me voit pas. Il ne peut pas. Nous ne sommes pas pareil. Nous appartenons à deux mondes différents. 

Le loup avance dans la neige. Il fait nuit. Il se dirige vers une ville. Le loup est angoissé. La ville se dessine. Les fondations de la ville vont du haut pour atteindre le bas pour les plus grandes. Impossible, tu délires Perceval me direz vous. Mais perso je crois que c'est un possible monde. Parmi d'autres. Suivez. 

Le loup avance dans la liqueur noire. Il s'arrête à l'entrée de la ville. 

Il tourne la tête. 

- C'est assez. Prenez un agneau et festoyons. Des temps bien plus durs encore nous attendent. 

Les maisons s'inclinent. Le loup a raison. Je n'ai aucune idée de pourquoi. Et je m'en fous. Ce n'est pas ce qui est intéressant. 

La ville se prépare à la fête. 

Le loup avance dans les larmes amères. Il s'arrête.

- C'est assez. Prenez un agneau et festoyons. Les temps les plus durs sont derrière nous.

Le temps hoche la tête. Le loup recule dans une vallée geignarde. La ville s'efface. Jusque là c'est clair. Je comprends tout. Mais le plus important est à venir. Ouvrez les yeux si ça vous ennuie. Ou fermez les. Je m'en fous. 

Les quatre pattes du loup avancent dans une clairière. Mais le loup n'est pas là. Les souris n'y prennent pas garde. Elles dansent. Mais il n'y a jamais eu de chat, uniquement un loup. 

La clairière est entourée par de la roche. Je crois que c'est de la roche grise. C'est pour ça que mon rêve est gris. Les roches empêchent la clairière de s'étendre. Et la clairière emprisonne les roches. Les souris s'arrêtent de danser. 

Le rêve s'arrête. N'essayez pas de toucher le gris. Je n'ai pas de mains ici et vous non plus. 

Le loup est là. Ses pattes se carapatent. Sans doute honteuses. 

- C'est assez. 

Les étoiles hurlent à la lune. Les souris la rejoignent. Le loup s'assoit sur ses pattes. Il regarde en face de lui. 

- Jetez le. Le temps est venu. Il reviendra. 

La lune descend sur la clairière. Il est temps de dormir.

Je m'étire les bras. La séance de cinéma est finie.

Mathilde était bouche bée face aux capacités de rêverie de Perceval. De tous les clients dont elle avait sondé le monde onirique jusque là, elle n'avait encore rien vu de si esthétiquement absurde. C'était donc ça la force supérieur d'un être dont le talent éblouissait toutes les pièces qu'il traversait ? La jeune Pythie s'inclina et détourna respectueusement son regard du Soleil où elle se brûlerait la rétine si elle persistait dans son imprudence. 


- C-c-comment ? Tu as donc... Enfin ces rêves... Ils sont d'un niveau...

Il n'était pas possible de le dire d'une traite, les bégaiements de jeunes fille eux-même bégayaient en constatant la portée imaginative de ce jeune Chad. 


- Le loup, le symbole de puissance solitaire dévorant les faibles agneaux, ses pattes qui se disloquent de son corps car elles sont fortes et n'ont besoin de rien a contrario des pattes de faibles, le gris intouchable, l'arrêt du sabbat des souris devant l'aura du loup, les étoiles qui hurlent et les dernières paroles... Je... 

Mathilde était toute penaude face à tant de splendeur. 


- Perceval je te le dis sans te mentir, dans ce cabinet je n'ai jamais vu de rêve aussi... fort. C'est impressionnant j'espère que tu ne m'en voudras pas si les Oracles ne sont pas à la hauteur de tes rêveries. Je ferai de mon mieux. 

Elle est prise de quelques spasmes et implore les dieux divinatoires de lui donner des bouts de Vision, ne serait-ce que de tout petits morceaux capables de rendre écho aux élucubrations de génies qui avaient flottées dans cette pièce. 


 -Par delà la timide horizon des frontières du talents, Ô arcanes ouvrez-moi vos portes, laissez la pauvre mortelle que je suis entrevoir vos vérités, malgré mon pêché impardonnable de ne pas être digne des rêveries sacrifiées en offrande. 










Le psaume répété ainsi finit par trouver sa voie, allant crescendo, s'enfonçant lentement mais sûrement au fin fond des abysses de la folie, à la source où Perceval lui-même alla chercher l'inspiration. De la chair s’agrégeait autour du bout d'os, l'entropie s'inversait pour revenir à l'ordre originel, celui pur d'un univers... D'un univers tout simplement valide, légitime : un univers où Perceval règne en maître. 




Mathilde fût pris d'une fulgurante quinte de toux et sa possession cessa, elle espérait que [ insérer le métier que Perceval fera ]  lui plairait, ses forces avaient été drainée par la prévision et elle ne doute pas que Perceval fera un excellent   [  insérer le métier que Perceval fera  ]

Je croise les bras. 

- C'est normal ce sont pas juste mes rêves. Ce sont les Rêves. 

C'est simple. Mais la masse vivait sans accéder à ce savoir. Je regarde Mathilde faire. 

J'écoute ce qu'elle me dit. Peut-être qu'elle a dit le premier mot qui qui lui passait par la tête. Ou pas. Quand elle a fini, j'invoque un flacon de verre que je remplis avec un Aguamenti contrôlé. Pour calmer l'irritation de la toux. 

Ensuite je me lève et je dépose une bourse avec des Gallions. 

Je sais ce qu'il me reste à faire. Le chemin à suivre. 

Mais je laisse rien transparaître. De si je crois ou non Mathilde. De ce que je vais faire. Je garde mes projets pour moi. 

- Au revoir. 

Je quitte la pièce. Sans un regard derrière.

Regarder derrière soi, c'est une faiblesse.

Les journées sont chargées au cabinet, la vie de business-woman diseuse de bonne aventure n'est jamais de tout repos. 


- Effectivement, et pas n'importe laquelle, la meilleure à ton service. 


Elle s'incline légèrement et lui propose un siège. Nostradamus ne l'avait pas choqué, il est bien possible qu'elle l'ait pris au premier degré. 


- Installe-toi et dis-moi ce que je peux faire pour toi. D'ailleurs tu es de Poudlard ? 

- Je me concentre généralement plus sur l'avenir, cette remarque appartient à un domaine difficilement accessible : le disque rayé du passé.

Ahlala les djeuns.

- Mais oui en vérité pas besoin de grand talent de voyante je l'admets, je disais ça pour faire la discussion, il y a pas mal d'élèves de Poudlard qui viennent ici en ce moment.

- Dis toujours, je ferai de mon mieux !

L'enflure, toute divinatrice qu'elle était elle n'avait pas vu venir la farce, il y eut un petit sourire assez involontaire. Garder le professionnalisme, garder le professionalisme on oublie pas hein ? Pour se faire, elle essaie de se montrer rassurante puisqu'il semblait y avoir quelques trémolos au niveau du sujet familial.

- Panique pas vraiment aucun problème, si tu savais les demandes que j'ai eu, tout reste confidentiel évidemment, mais pour te donner un ordre d'idée le top du pire ça va de quels sera la météo au mariage de ma cousine à dans combien de temps les relations avec les canidées seront-elles enfin acceptées dans la communauté sorcière, avec au passage la durée de la file d'attente avant de pouvoir profiter de l'infidélité envers un gryffondor trop gentil recalé chez les aurors...

Elle balaye de la main le sujet.

- Bref, crois-moi qu'aucune histoire de famille ni ne me choquera ni ne sortira de ces murs, alors vas-y balance tout ce que tu espères savoir il y a beaucoup de méthodes c'est histoire de choisir la plus appropriée. Tu voudrais une localisation ? Des souvenirs précis ? Tu n'as aucune base ? Toute info peut être utile...

Oups, sujet sensible, bon elle ne s'attarde pas ça n'avait pas l'air d'être le moment de détendre l'atmosphère. Mathilde ne se fait pas prier et commence par sortir une sorte de carte ainsi qu'un petit pendule en forme de cône qu'elle s'apprêtait à faire flotter au dessus de l'objet.

- Pardon, on va commencer tout de suite et essayer de trouver le plus d'infos, ne t'en fais pas.

Elle allait mettre le paquet, il se trouve qu'une de ses potions expérimentales avait porté ses fruits la nuit précédente et c'était rêvélé être une mixture stable, elle allait donc s'en servir au cas où cela était nécessaire.

- Pendant que j'amorce la radiesthésie, prononce distinctement ton nom de famille ainsi que le nom de l'orphelinat où tu as été si ça ne te dérange pas.

Elle s'active, espérant secrètement deux choses : qu'un tressaillement de sa main la guide vers une approximation du lieu, et surtout, surtout... Que le jeune homme n'aie pas la brillante idée prononcer : "distinctement ton nom de famille". Que les Dieux soit cléments, je vous en prie.

En lâchant toute pression de sa conscience sur sa main, mathilde commence à faire des petits mouvements involontaires. Le pendule décrit de petits cercles au dessus de la carte, puis se met à répondre aux deux invocations de la voix du sujet. "Belnades" et hop, on se dirigeait vers l'Espagne, aimanté vers cette partie. Comme si Belnades était la traduction directe du sortilège Accio lorsqu'il était prononcé par un pays sur la carte. Espagne à l'aller, royaume uni au retour, et une sorte de mouvement de balancier s'installe entre les deux à un rythme lent et régulier.

- Il y a un voyage... L'espagne, la grande bretagne... Un peu flou... Je... Il en faut plus... Je ferai le maximum...

Elle fronce les sourcils et tique, c'était trop flou. Elle serait bien mauvaise voyante si elle ne faisait que donner de vagues indications devinables par tous. Avant de se dégoûter elle même, elle s'empare d'une petite fiole sous son bureau. Une potion qui d'aspect ressemblait à la lave pure mise en flacon. D'une gorgée elle vida le flacon en basculant la tête en arrière. Elle se retînt de vomir aussitôt et contenu ses lèvres pincées pour ne pas crier de douleur. La mixture lui calcinait les lèvres alors qu'elle balaya d'un coup tout ce qu'il y avait sur son bureau pour y replacer l'unique boule de divination. Replongeant la tête vers celle-ci, elle sembla se calmer et ses yeux d'abord concentrés sur Daniel, puis sur la sphère finirent par trouver la direction de l'intérieur de ses orbites alors que sa tête restait parfaitement fixe.


- Nous a allnofzs pouvoirrcno co  commmmuniquer


Sa voix n'était pas maîtrisée du tout, elle chatouillait les sommets des aigus et basculait profondément dans le grave sans crier garde.

- Regarde la b-boule de c-cristal... P-partage m-mon troisi-ième oeil un instant...

S'il observait la boule il pourrait voir une sorte d'image naissante qui l'intéresserait sûrement intensément, une sorte de silhouette dont le visage lui ressemblait en plus vieux qui traversait le receptacle. Une brume âcre se répandait pour déformer la lumière et plus le temps avançait plus certaines images devenaient clair, on percevait... Cet homme, un Belnades traversait le globe, vraisemblablement en voyage. Ce n'était que le début de la Vision.

Sans qu'on ne prenne la peine d'ouvrir aucun rideau rouge, le spectacle avait déjà commencé. Les visions n'étaient pas un récit linéaire, cela ne ressemblait à rien de ce qu'on pourrait voir dans les journaux animés de Poudlard. Tout était magie, foudroyance... Un éclair, puis la nuit. Apparaissait et disparaissait des flashs plus lumineux que tout ce dont on aurait pu croire qu'offrirait jamais de simple morceaux de verre sphérique. Chaque lumière jouait son rôle, c'était une petite illumination, on vît d'abord aux premiers sursaut de clarté des vêtements nobles, la posture, l'allure et le regard de ce paternel...  

- Nous le suivons du regard, il suffit de suivre son regard à lui...

On finit par voir les traits de son visage s'attendrir, d'un regard tendre, il y avait dans ces yeux une passion et une femme... Sans que l'on ne comprenne trop comment, les visions émergeant de l'instrument prophétique se rapprochèrent de plus en plus, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que des yeux dans lesquels dansaient amoureusement les reflets d'une femme. Une femme semblant cacher quelque chose dans ses vêtements trop larges au niveau du ventre. Mais les visions perdirent d'intensité. Les personnages perdaient en consistance, manquaient de chair. Mathilde ou du moins ce qui guidait son corps s'exclama aussitôt en voyant le reflet de Daniel sur les courbes de sa sphère.

- Ils attendent la suite. Tu es la suite. Tu es leur sang commun dont ils ont besoin pour donner corps à l'histoire qu'ils ont écrit. Fais coïncider dans la sphère le reflet de ton visage qui ressemble tant au Lui, vers le ventre de Elle, où il n'attend que d'être à la place qui lui est réservé.

Dès lors, une fois que le reflet de Daniel coïncida dans le cristal avec le ventre de sa mère, celui-ci se mit à gonfler lentement. On y voyait les étapes d'une grossesse cachée, aux yeux de tous, rythmée par de faux symptômes de maladie, les seuls artifices valables pour cacher le fruit de cette union qui n'aurait jamais du avoir lieu. Des filaments obscurs éloignaient le père de la mère d'un bout à l'autre de la boule de cristal, ils étaient chacun enraciné à d'autres racines.    

Passion pour l'anglaise promise à un autre
Hammersmith et Belnades, l'impossible union nôtre

Le sang pur hispanique frôle les impuretés morales
D'un bout à l'autre de l'arbre sentimental,

Les pôles sont retenus par d'autre aimants
S'aimant seulement en tant qu'amants

Car d'autres relations étaient gravées dans les moeurs
Et personne n'osera prendre le risque du déshonneur

Les images reprirent en même temps que l'hôte de ces lieux les interprétait. Il pleuvait maintenant des yeux, de toute part, une pluie dont il fallait absolument éviter les gouttes de soupçons.


- Ce sont ces regards qu'ils évitent, Elle passe à travers en prétextant la maladie, Lui détourne le sien pour ne pas faire subir de conséquences fâcheuses. Ton reflet grandit en secret, sous couvert de la prétendue souffrance. Ils ne peuvent pas ajouter aux fils des tensions entre les deux familles. Alors le chemin se poursuit au seul endroit où il peut se poursuivre : à l'abris des regards...

Cet abris a un nom français, un nom d'orphelinat français pour être précis. Nom qui flotte sur l'enseigne de l'établissement dont la boule dévoile la Vision. Nom que reconnaîtra le garçon qui y a grandit, et qui peut s'y voir pour la première fois, à l'état de bébé, déposée des mains de son parent.

Jamais ne se risquerait-elle à proclamer un jugement moral sur de tels événements en telle situation. Elle se contentait de narrer ce qu'elle voyait, ce qui était, mais rien de plus. Un de ces yeux refit son apparition hors de sa cachette intra-orbitale et elle parvint à retrouver une voix naturelle quelques instants le temps de dire.

- Veux-tu... Localisation... Aide à les retrouver dans présent... Ou connaître histoire te... Suffit...