La volière

Vladimir monte ici dans l'espoir d'avoir un moment seul, loin de l'agitation du château. Ce n'est qu'une fois rentré dans la volière qu'il réalise qu'il n'est pas seul.

- Oh, b-bonjour Michael. D-désolé, je peux partir si tu veux être seul.

Michael fait volte-face, toujours prompte à réagir rapidement. Un restant de nervosité due à l'année dernière...

"Oh... Bonjour Vladimir" Fait-il une fois la course de son coeur revenue à un rythme plus normal.

"Ta présence ne me gêne pas du tout ne t'en fais pas."

- J'aime bien venir ici pour me vider l'esprit, loin de l'agitation et des autres.

Il s'approche du blond.

- Tu faisais quoi ?

"J'envoyais une lettre. Et je me suis surpris à regarder les gens en bas. Le peu qu'il y a."

"Si tu cherches à être isolé, les tours sont de meilleurs choix à mon avis." Ajoute t-il ensuite

- Oh, à ta famille ? J-je ne t'ai jamais demandé, mais tes parents, ils sont ... ?

Morts ? En prison ? Tout le monde n'est pas toi, Vlad, tout le monde n'est pas seul au monde.

- Oh non, ça me fait plaisir d'être là avec toi, je cherche pas l'isolation totale, je préfère juste le calme

- Merci

Le russe, ne sachant quoi dire de plus et n'étant pas très à l'aise, se renferma dans son mutisme et attendit que Michael parle. On pouvait voir qu'il était nerveux, attitude due à l'ambiance actuelle du monde magique mais aussi au fait qu'il s'était, pour la première fois, confié à quelqu'un qui ne l'avait pas rejeté ou traité comme s'il avait la peste.

"Tu as l'air nerveux... C'est moi qui te rends anxieux ?" Demande t-il, hésitant

Serait-ce parce qu'il n'a pas l'habitude des gens ? Autre chose ?

- Non, désolé, tu es quelqu'un de super du peu que je te connais, c'est juste que ...

Le russe sembla hésiter avant de continuer à parler, plus doucement.

- Tu es le premier à qui je me confie à ce sujet et qui ne me regarde pas comme si j'avais la peste. Tu es d'ailleurs le seul du château à savoir, donc c'est peu probable, mais j'ai peur, Michael, peur que ces agresseurs, quels qu'ils soient, apprennent pour mon ... J'ai peur d'être leur prochaine cible à cause de ça ... Je sais que je devrais pas avoir peur, je devrais être courageux, comme tu l'as été, mais j'ai fui la Russie pour laisser tout ça derrière moi, et j'ai peur, si je me fais agresser, que certaines choses de mon passé remontent ... Des choses que je préfère oublier ...

Vladimir sourit faiblement aux paroles et au contact de Michael.

- Merci, oui je sais que tu as raison, mais je peux pas m'empêcher de le craindre quand même. Je sais, c'est stupide et irrationnel et tout ça ...

- Oui, c'est vrai ... Merci

Vladimir semblait un peu moins soucieux, mais malheureusement pour Michael, le temps des confessions était fini et le petit garçon introverti semblait retomber peu à peu dans son mutisme habituel.

"Mais quand je dis qu'il faut faire attention à qui tu accordes ta confiance, ça ne signifie pas que tu dois te renfermer sur toi-même... D'accord ?" Souffle t-il en lui ébouriffant les cheveux

- Merci Mike.

Le soviétique sourit et fit même un bref calin à Michael pour le remercier avant de s'éloigner maladroitement.

- Je sais, désolé, c'est juste que j'ai pas l'habitude d'être si ... proche de quelqu'un ... Pas depuis maman et Sasha en tout cas ...

Vlad sourit doucement à Michael avant de se rendre compte qu'il avait potentiellement plombé l'atmosphère.

- Merci en tout cas, d'être là pour moi.

- Sasha ...

La suite de sa phrase parut se perdre dans la gorge sèche du russe et il parut s'en apercevoir car il se reprit.

- Sasha était mon meilleur ami, dans mon village. Il était là pour moi après la mort de ma mère. C'est aussi le premier et seul garçon que j'ai embrassé ... Mon père est rentré dans ma chambre et nous a surpris, c'est comme ça qu'il a sur ... Suite à ça, il a viré Sasha de chez nous, lui interdisant de revenir et m'interdisant de le revoir. C'est à partir de ce moment là qu'on commencé, et ce pour les deux années qui suivirent, ce qu'il appelait des "séances de correction", comme s'il pouvait corriger ma "bizarrerie" à coup de Doloris ...

Le russe baissa la tête aux paroles de Michael. En effet, il fallait être un monstre pour torturer son gosse, mais il fallait être pire encore pour torturer son gosse. Il leva cependant la tête à la question du jaune.

- Non, on n'a jamais repris contact, je suis parti de Russie aussitôt que les autorités ont mis mon père en prison, et, bien qu'après tout ce temps je n'ai plus de sentiments pour lui depuis bien longtemps, je pense toujours à lui de temps en temps, il est celui qui m'a fait découvrir cette part de moi, pour le meilleur ou pour le pire. Je me surprend des fois à me demander ce qu'il se serait passé sans mon père. Je ne pense pas que c'était quoi que ce soit de sérieux, ça se serait sans doute terminé au bout de quelques semaines, mais grâce à mon salop de père, je ne le saurais jamais. Et toi ? Des expériences par le passé ?

"C'est normal de penser à lui. Sérieux ou pas vous étiez au moins amis. Ce n'est pas rien"

Surtout si l'on ajoute les raisons évoquées par Vladimir.

"En quelque sorte, oui... Pas grand chose, ceci dit." Lui répond-il après un instant de réflexion

- Qu'est-ce qui s'est mal passé ?

Parce que si Michael était seul, ça s'était forcément mal passé, autrement qui quitterai le blond sans raison ?