Méphistophélès détaillait silencieusement le désespoir dont témoignait la physionomie du moribond. Il ne semblait, pour autant, en tirer aucun plaisir ; il paraissait simplement insatisfait par la réponse de son interlocuteur. Il demeura ainsi durant quelques instants, sans mot dire, avant de lui susurrer sur un ton neutre.
— Oui, mort. Dévoré par une créature, probablement analogue à celle qui s'est occupée de ton ami ainsi que de ta jambe.
Ce disant, il soupira brièvement tout en retirant sa veste. Ceci fait, il plongea sa main dans la couture de cette dernière et en extirpa une lettre qu'il glissa dans la poche de son pantalon.
— Tu ne veux pas mourir, mais tu ignores pourquoi. Pourquoi l'Homme est-il incapable de faire preuve de rationalité lorsqu'il fait face à la mort ? Même le plus décidé des suicidaires ne peut s'empêcher de regretter son acte à l'instant même où il se jette du pont. Pourtant, de toi à moi, avec une jambe en moins, la vie ne sera pas facile pour toi. Ne vaudrait-il pas mieux d'y mettre fin ici et maintenant ? Puis, si tu ne crois en rien, pourquoi te soucier de la mort ? Ce n'est pas comme si c'était quelque chose qui devrait te préoccuper. Elle ne nous concerne pas, comme dirait l'Autre. À l'inverse, si tu es croyant, pourquoi me supplier de ne pas te laisser rejoindre ton Dieu ? Comprends-tu que ta requête me laisse perplexe ?
Sur ces entrefaites, il enroula sa veste autour de sa jambe en serrant de toutes ses forces, de sorte à endiguer autant que faire se peut la fuite d'hémoglobine. Il reprit pour lors la parole d'une voix calme, presque douce.
— Je ne comprends pas, non, mais soit. Vis.
Puis, il élança lentement sa baguette en sa direction et formula avec flegme.
— Episkey.