A l'évocation de la Préfète et son triste sort, Suzy semble soudain retrouver une certaine quiétude. Son visage, sans se départir de son air malsain, affiche une certaine satisfaction, tandis qu'elle fait mine de s'intéresser à ses ongles comme si elle se fichait de Bird comme de la dernière pluie.
" Si tu veux mon avis, De Vignolles, cette petite chienne n'a eu que ce qu'elle méritait. Enfin, ce n'est que mon avis. Crois-moi, elle n'a rien d'une sainte, malgré les apparences. En fait, je pense que ça lui pendait au nez depuis un bon moment. Ce n'est pas moi qui vais la pleurer. S'il y a quelque chose que je déplore, c'est qu'elle soit parvenue à s'en tirer. Un miracle, à ce qu'on dit. Plutôt un désastre, à mon sens. "
Elle change de position, faisant passer sa jambe par-dessus l'autre, avant de pousser un soupir d'ennui.
" Ce serait dommage de mettre un terme à ce foutoir. Ça nous donne pourtant du grain à moudre. Ça me divertit, en réalité. Moi-même, je n'ai rien à craindre : j'ai pris mes précautions. Je suis parfaitement intouchable. Je peux simplement rester dans mon fauteuil, et me réjouir du spectacle. Alors, pour vous répondre, oui, j'ai des informations au sujet de ces agressions, en effet. Oui, vous pourriez certainement être en mesure d'arrêter les coupables, dès lors que vous seriez en leur possession. Mais les partager ? Pour cela, il me faudrait une bonne raison. Êtes-vous capables de m'en donner une ? Sinon... "
De la main, elle fait mine de les chasser.
" Vous pouvez en effet repartir de suite. "