Sans tenter de verbaliser la sensation qu'elle avait ressenti en posant ses doigts sur la chose, car elle ne le voulait ni ne le pouvait véritablement, Saskia confirma l'avoir ressentie d'un hochement de tête lent et délicat. Elle but un peu de son thé, beaucoup même, quitte à s'en brûler la gorge car c'était ainsi qu'il était consommé dans son pays, quoique l'inhabituel lait l'eut attendrit et eut affaiblit son corps ardent.
"Ce qu'il peut t'offrir." Rumina-t-elle dans sa tête. Certes, un mage de son envergure avait bien des choses à offrir, même au travers d'un carnet. Mais que pouvait donc demander une telle personne en échange de ses faveurs ? La dernière phrase de la sœur Roy vint confirmer sa première impression : il s'agissait là d'un échange et non d'un cadeau. Il n'avait aucune raison de vouloir que cet objet fut transmit pour le simple fait de le transmettre. Elle s'engageait là dans une voie dont elle ne pouvait mesurer ni les tenants, ni les aboutissants, mais dans une voie qui promettait son pesant de Grandiose. Peut-être était-ce ainsi que les colons espagnols se sentaient, lorsqu'un navire venait les prendre aux quais de Séville avec la promesse d'une cité d'or, légendaire et étincelante au bout d'un voyage dont ils ne savaient que peu de choses, qui les mènerait aux massacres, aux maladies, parfois à la richesse, et dans les bonnes grâces du roi pour ceux qui rencontraient le succès et gardaient intacte leur fidélité. C'était un sentiment grisant, qui lui brouillait la vue, qui l'absorbait tout entière. L'avarice, l'envie, elle était devenue pour un instant l'un ou l'autre de ces vices, peut-être les deux en même temps.
Si elle pouvait effleurer son pouvoir, elle pouvait devenir ce qu'elle voulait.
- Davaï davaï, j'en prendrai soin, et j'irai lui parler.