Southampton, maison de la famille Summers

Il observa d'un œil peiné son ami s'emporter. Il aurait définitivement dû se taire, à quoi bon lui avoir dit ? Ce n'est pas comme si Michael pouvait changer grand chose à sa situation. Puis le blondinet avait déjà fait bien assez en l'accueillant chez lui. Soudainement, une colère insondable jaillit de son regard, et dans cet état second, il marmonna entre ses dents.

- Je vais le tuer, ce maraud.

Son faciès arbora cette expression de fureur exaltée encore quelques secondes, durant lesquelles le français fixa le sol d'un air comme obstiné. Ses traits finirent toutefois par se détendre, et il adressa alors un regard adouci sur le blondinet.

- T-Tu as raison.

Les propos de son ami réussit à tempérer ses ardeurs vindicatives. Pour l'instant.

Il se maudit pour avoir lancé son ami sur cette voie. Il aurait dû s'en douter, cependant. Après tout, Michael était quelqu'un de chevaleresque.

- U-Un sorcier.. c-c'est même lui qui m'a initié aux choses de la m-magie.. s-si on veut.

Il s'accouda sur ses genoux puis, à la manière d'un étau, se serra la tête entre ses mains. De nouveau, il prit un certain temps avant de répondre.

- E-Et dans quel but, Michael ? O-Où est-ce que j'irais, si jamais il se f-faisait arrêter ? À l'orphelinat ? Il accentua la pression qu'il exerçait sur son crâne. P-Puis quand bien même.. q-quand bien même j'envoyais une lettre, il réussirait à s'en sortir.. I-Il est rusé.. c-c'est un maître des faux-semblants.. c-c'est vain, Michael.

Il se resserra davantage sur lui-même lorsque le blondinet prit ses poignets. L'échine courbée à un point tel que son visage était au niveau de ses genoux, il répondit - encore une fois après un certain silence - d'une petite voix presque inaudible.

- P-Personne, Michael.

Il lâche les poignets de Charles et lui passe un bras autour des épaules.

"Personne de ta famille" Corrige t-il

Car il ajoute ensuite :

"Moi je suis là !"

Le blondinet put sentir les muscles du coquebin se détendre progressivement. In fine, il releva légèrement sa tête en sa direction, et lui adressa de son visage mouillé de larmes un sourire aussi profondément affectueux que douloureux.

- M-Michael.. t-tu n'y penserais tout de même p-pas..?

"Tout dépend... À quoi est-ce que je pense selon toi ?" Demande t-il avec un air bienveillant

Il répondit à l'interrogation du blondinet d'une voix balbutiante.

- J-Je.. O-Oublie.

Il se tança - intérieurement, s'entend - pour son culot. Ce n'était pas ça, et quand bien même ça le serait, il ne pouvait définitivement pas accepter ; il en mourrait de honte.

Il hocha veulement la tête en signe de désapprobation. Ce n'est pas que l'idée lui déplaisait, loin s'en faut, il l'estimait juste chimérique.

- C-C'est impossible Michael. I-Il ne voudra pas. P-Puis.. j-je ne veux pas non plus.. j'en mourrais de honte. J-Je ne connais qu'à peine tes parents.. j-je.. Ç-Ça ira. P-Profitons juste de nos vacances.

- C-C'est-à-dire qu'il est mon responsable légal.. I-Il pourrait tout à fait être en m-mesure de m'empêcher de d-déménager chez toi.

Il se releva du lit.

- O-Oui.. j-je commence à avoir un petit creux aussi..

"Un responsable légal qui te traite mal." Lui rappelle t-il

C'est sûrement interdit, non ?

"Je ne suis pas sûr de ce que ma mère a prévu mais... on dirait que ça sent la choucroute"

Son ventre vint à gargouiller aux effluves de la cuisine maternelle.

- D-De la choucroute..? Q-Qu'est-ce..?

Du choux fermenté ? Vraiment ? Ça commençait à faire beaucoup pour un même peuple. Le coquebin déglutit.

- J-Je.. j-je vois.

Il apposa délicatement sa main sur l'épaule du blondinet.

- A-Allons.. j-je vais tester et l'on verra bien.