Chambre de Molly, service psychiatrie

Et qu'est ce qui te fait dire ça ? Je pense être plus compétent que toi pour décréter une chose pareille !

Il se tourna vers lui, présentant son bide, le tabouret craquant.

Allez, dis moi jeune homme...

Le vieux brisquard présenta un sourire à la commissure graisseuse de ses lèvres. 

Ses pensées sont claires, rationnelles et maîtrisées. Molly ne représente pas un danger pour elle-même ou pour les autres. De ce constat je conclus que le port de la camisole de force n'est plus nécessaire et que son internement permanent n'est plus pertinent.

Tu as des preuves de ce que tu avances ? As tu au moins conscience du mal qui peut la ronger dans la tête jeune homme ? Qu'est ce qui te pousse à vouloir à tout prix la sortir de là ?

Le mal qui ronge Molly actuellement est le fait d'être restreinte dans ses mouvements alors qu'elle ne représente aucune menace. Si vous vous souciez du mal qui pourrait ronger Molly, alors je suppose que vous pouvez comprendre que le fait qu'elle soit clouée en permanence dans un lit d'hôpital dans une salle entièrement blanche, impersonnelle et austère, sans même avoir la faculté de s'étirer les membres ni n'avoir d'autres interactions sociales que celles qu'elle a avec des psychiatres qui la croient folle, n'aide en rien à améliorer son bien-être mental et physique.

Si on la libère elle se fait du mal ou en fait aux autres, ce serait de l'irresponsabilité voir de l'inconscience voir même moralement répréhensible, tu ne vas pas m'apprendre mon métier jeune homme !

S'exclama t il sur un ton presque agacé.

Robert poursuit avec un calme et une impassibilité visiblement insolents.

- Ce qui est moralement répréhensible c'est d'attenter à la santé mentale et physique d'une personne saine. En prétextant guérir Molly, vous créez son mal, ce qui ne fait que renforcer votre biais de confirmation. J'ai raison. Sinon vous ne seriez pas aussi contrarié si vos certitudes n'étaient pas ébranlées.

Je ne suis pas contrarié jeune homme, je m'agace seulement de l'impertinence de vos propos, vous êtes à peine juvénile et vous remettez en cause l'avis d'un médecin de métier, et de longue expérience, sauf si vous souhaitez rendre une simple visite à cette Molly, je vous demanderai de quitter la pièce.

Ferme, les yeux fixés dans les siens, il ne laissait pas paraître son énervement.

Le regard apparemment impassible de Robert reste fixé dans les yeux de l'homme en blouse blanche pendant un instant. Puis il lui tourne le dos. Il ne quitte pas la pièce comme Lemaître s'y attendait probablement. Au contraire, il prend une chaise et s'assoit à côté du lit de Molly.

- Je ne quitterai pas cette pièce tout le temps que Molly ne sera pas autorisée à sortir de cet hôpital.

Bien entendu... bon, 

Il regarda sa montre, enfoncée dans la graisse de son poignet.

Cependant tu devras t'en aller la nuit, tu peux revenir toutes les journées si ça te chante...

Visiblement, le docteur Lemaître ne le prenait pas au sérieux.

La jeune Molly qui somnolait à moitié endormie jusque là pu entrevoir Robert lorsqu'il s'assit près de son lit et entendre ses dernières paroles. Elle grommela :


- Robert ? 


Le temps de réaliser à quel point elle était touchée par ce geste et le fait qu'on tienne à elle, elle se redressa un peu pour lui témoigner de manière bienveillante Puis, s'e 


- Tu n'es pas obligé d'en faire tant pour moi même si je te remercie infiniment. Ils seraient capables de te faire interner que tu sois sain ou pas. 


Puis elle fusille de son regard le plus noir son """"""""""""""""""""""""""guérisseur"""""""""""""""""""""""""""""" qu'elle entend parler. 


- De toute façon vous ne me relâcheriez pour rien au monde n'est-ce pas ? J'aurais beau passer tous les examens que vous pourriez imaginer, faire preuve de toute la sagesse imaginable, ça ne change rien pour vous. Me faire dormir ici c'est l'assurance de vous faire des galions faciles contre ma liberté, je suis votre poule aux oeufs d'or ! Elles sont bien belles vos nobles intentions, vos jolis serments de guérir des patients quand en vérité vous ne faîtes rien, rien ! Absolument rien si ce n'est me laisser me tourner les pouces, même pas me tourner les pouces, même ça je n'ai pas le droit avec mes bras prisonniers. En quelle langue voulez-vous que je vous le dise qu'il n'y a aucune différence entre mon comportement et celui de tous les autres à l'extérieur ? Comment je pourrais vous le faire comprendre que je n'ai absolument rien d'une folle ? Moi aussi je pourrais très bien me tenir à votre place et poser des diagnostiques sortis de nul part sur votre personne : "sujet disposé à la séquestration de sorcier sans aucune raison particulière" ; "indisposition sociopathe à toute forme d'empathie envers une jeune fille ayant comme souffrance non pas sa santé mentale, mais le fait d'être bloquée ici" 

Elle soupire en fronçant les sourcils.


- Mais même cet énervement vous pourriez me le reprocher. Tout est psychatrisable, tout. Elle s'énerve d'être entravée de sa liberté ? C'est une hystérique elle doit rester ici. Chaque prétexte est bon pour préserver votre gagne pain. J'aimerais bien vous y voir vous ! Essayez un peu de prouver que vous êtes sain mentalement ? Tout ce que vous direz peut-être retourné contre vous, c'est ça la dure réalité. Et si vous avez un tant soit peu d'éthique vous me laisseriez au moins un moyen de prouver que je ne suis pas plus souffrante que les autres.

Je n'ai pas l'intention de partir d'ici. Répond-il à l'homme en blouse blanche.

Puis il regarde Molly avec son éternelle impassibilité.

De rien. Se contente-t-il de répondre.

J'entends.

Fit il simplement. S'il voulait libérer Molly il n'aurait personne pour s'y opposer. Il était chef de service ici, grand docteur reconnu, il lui suffisait d'un mot.

Alors il ne vous reste qu'une chose à faire, me prouver qu'elle peut sortir d'ici sans se mettre en danger ou autrui. Une proposition ?

- Je peux faire tout de suite devant vous le serment inviolable de ne faire aucun mal à autrui.

Non, non, quelle idée de faire un serment inviolable ! N'iporte quoi ! Et comment comptiez vous me montrer que vous n'êtes pas un danger pour vous même en vous mettant aussitôt en danger par un serment inviolable ! 

S'exclamait il, abasourdi par cette idiote proposition.

- Oui oui... Me protéger de moi-même c'est votre plus grande préoccupation évidemment. Sachez qu'aussi folle que vous me croyez je n'ai pas le syndrome de Stockholm et je préférerais mille fois mourir que rester enfermer ici, même si je n'ai pas l'intention de me faire le moindre mal.

Elle soupire.

- Que voulez-vous de plus comme garanties ? Je peux vous laisser ma baguette et en utiliser une uniquement pendant les cours sous l'autorité d'un professeur, je peux vous autoriser à me mettre le sort qui vous prévient si je commets quoi que ce soit d'imprudent, je veux bien faire des rapports réguliers tous les jours, peu m'importe. Difficile de se mettre en danger avec toutes ces conditions non ?

Oui, tout à fait oui...

Il y avait il là une pointe d'ironie ? Il ne souriait pas... serait il pince sans rire.

Si nous réalisons toutes vos propositions à la fois, je veux bien essayer oui de vous réhabiliter. Cependant si vous me permettez de pouvoir utiliser vos futurs écrits journaliers pour mes travaux de recherches.

- Entendu ! Merci beaucoup !

Toute sa haine du personnel médicale venait de s'envoler, au moins en apparence car l'exaltation de pouvoir sortir était plus forte que tout. Elle désigne du menton l'endroit où était rangée sa baguette et dit.

- Ma baguette est là, je vous la laisse vous n'aurez qu'à l'envoyer par hibou à un professeur pour qu'il puisse me la confier uniquement pendant les cours. Pour ce qui est des écrits journaliers je vous les ferai venir à cette adresse au rythme d'un par semaine avec aucun manquement, en même temps qu'un des rapports à chaque fois.


Elle ne pensait plus qu'à une chose qui tenait en une phrase : "je peux sortir quand", peut-être deux phrase "enlevez moi la camisole" si on était honnête.

Robert se lève et regarde l'homme en blouse blanche.

Pouvons-nous nous en aller à présent ? demande-t-il sobrement.

Non, pas encore, il faudrait peut être débarrasser mademoiselle de sa camisole...

Il s'appliqua à le faire, en restant sur ses gardes en cas d'attaque de la folle.

Faites attention à vous jeune homme...

Molly attaqua d'un grand sourire. =)

- Merci beaucoup monsieur ! Au revoir =)

Et s'enfuit en entraînant Robert par la manche avant que le médecin ne change d'avis. Elle prie au passage sur le chemin tous les saints qu'un jour elle puisse revenir faire sauter ce nid à fils de pute.

J'ai toute confiance en Molly. Répond Robert.

Il ne se fait pas prier pour suivre Molly même si le geste est un peu brusque pour lui. Il n'aime pas trop les contacts physiques et il n'a pas l'habitude de courir/marcher rapidement.