Chambre de Molly, service psychiatrie

- Robert ?! Robert c'est toi ?

Venait de s'exclamer la madame camisolée en se redressant sur son lit. Physiquement, la jeune demoiselle n'avait pas trop changé, on dénotait simplement un peu plus de cernes qu'à l'accoutumée et des joues très légèrement plus creusées. La fatigue ne l'empêchait pas de garder l'oeil suffisamment vif pour scruter de haut en bas son interlocuteur. Elle a l'air un peu suspicieuse, mais remarquablement calme.

- En effet. Je suis Robert.

Il s'approche du lit de Molly. Il prend une chaise et s'assoit juste à côté. Il fixe Molly dans les yeux.

- Je suis contente de te voir Robert, j'espère que tu vas me sortir de là... Tu sais ce qu'ils font ici ? Ça s'appelle de la censure journalistique... 

Elle fronce les sourcils et vérifie qu'il n'y aie pas à gauche ni à droite, de personnel de Ste-Mangouste près à espionner leur conversation et poursuit sur le ton de la confidence. Robert comprendra lui, il le doit ! Sinon c'est le suivant. Il y a encore beaucoup de place dans cet asile et ce n'est sûrement pas pour rien !


- Marginaliser ceux qui sont un peu trop gênants c'est très facile, extrêmement facile même. Tu as entendu ce qu'ils disent sur moi ? Que j'aurais essayé de tuer l'infirmière d'un calin dans le dos et qu'elle m'aurait mis un coup de boule juste à temps pour m'assomer ? C'est crédible ça ? Je le laisserai même pas dans la rubrique "fiction" du journal de l'école... Putain...

- C'est impossible. Je ne suis pas guérisseur, je n'ai pas le pouvoir d'autoriser ta sortie, Molly. répond-il très factuellement.

- Guérisseur ?! Mais de quoi veux-tu me guérir ? Je n'ai rien ! Vois-tu des marques sur mon corps ? Des pustules ? Des furoncles ? Si c'est le cas c'est toi qui devrait te trouver à ma place dans cette section de psychiatrie. Je ne suis pas malade mentale Robert, ma seule folie est d'avoir été... dérangeante. Tu dois m'aider ! 

Supplie-t-elle presque de voix comme de regard.

- D'accord. Je parlerai à ton médicomage pour qu'il autorise ta sortie.

- Merci... J'espère qu'ils ne seront pas corrompus. Comment ça se passe pour toi à Poudlard, tu n'as pas d'ennuis ? Je te conseille de faire attention avec tes articles dorénavant....

- Un basilic a attaqué les élèves de Poudlard. Plusieurs sont morts et l'école a été fermée pendant un temps. Le directeur Davies a démissionné et le professeur Jédusor l'a remplacé.

- Je le savais... Mais quand j'ai essayé de prévenir l'école il m'avait déjà éloigné hors d'état de nuire. Davies est dans le coup, j'ai des preuves mais ils m'ont pris mon appareil photo.

- C'est impossible. Cet événement a provoqué sa chute. Davies n'aurait pas provoqué un événement qui a mené fatalement à sa démission ou son renvoi de son poste de directeur de Poudlard. Ce n'est pas logique. Répond-il, sûr de lui.

Une expression attendue passe sur son visage, elle lève les yeux comme si elle percevait de la naïveté. 

- Je te dirai ce que j'en sais exactement quand je serai sortie d'ici, mais crois-moi, tu vas pas en revenir. Ici j'ai la langue liée, ils peuvent très bien savoir si je parle trop ou non... Ils écoutent. 

Elle tire une petite moue de dégoût. 

Robert hausse un sourcil. Il tourne la tête à gauche puis à droite pour vérifier qu'il n'y a personne d'autre dans la pièce. Puis il se lève et se dirige vers la porte. Une fois à côté, il l'ouvre et passe une tête dans le couleur, là encore il tourne la tête à gauche puis à droite. Personne. Il referme la porte et retourne s'asseoir auprès de Molly.

- Il n'y a personne.

Elle soupire et lève les yeux de plus belle cette fois un peu plus exaspérée.

- Enfin Robert... Tu n'es pas un moldu ni un enfant, enfin ! Il y a des sorts qui permettent de mettre sur écoute une pièce, certains animagus peuvent prendre la taille d'animaux microscopiques et les objets peuvent être enchantés pour conserver les sons, tout comme les journaux conservent les images en mouvement.

Molly laisserait tomber ses bras ballants si elle n'était pas dans une camisole, est-ce qu'elle pourra vraiment bénéficier de l'aide de quelqu'un de si naïf ? 

- Je vois. Mais je dois d'abord t'aider à rattraper ton retard scolaire quand tu sortiras. Il faudra que tu sois prête pour les ASPICs.

- Espérons que ça se fasse aussi facilement... 

Elle hausse un peu le ton en regardant à droite et à gauche pour dire afin d'être entendu par un peu plus de monde.


- De toute façon je suis guérie. Complètement rétablie c'est grâce aux médico-mages d'ici, loués soient-ils, j'ai hâte de pouvoir reprendre une vie normale.


Regard à droite


Regard à gauche


Ça m'a l'air safe


Personne n'espionne la description si ?


Bon on va dire que c'est bon pour cette fois...

- J'en suis heureux. Dit-il, le visage impassible.

Je dois te quitter pour le moment. Je vais aller m'adresser à un médicomage du service pour demander ta sortie. Je serai à proximité toute la journée.

Il se lève, remet la chaise à sa place puis quitte la chambre.

- Super merci beaucoup Robert. J'apprécie énormément.... Et prends soin de toi, vraiment.

Elle est visiblement soulagée, si bien qu'elle s'accorde le repos de poser sa tête un peu à cran ces derniers temps et s'endort immédiatement.

Un jeune homme, en fait un adolescent, aux cheveux soigneusement peignés et à la chemise rigoureusement repassée, s'approche du docteur Lemaître. Le regard qu'il adresse au guérisseur, loin d'être affable, est éternellement impassible, impitoyablement neutre. Le bleu clair de ses iris y rajoute un ton glacial. Son visage qui paraissait jusqu'alors figé sort de son immobilisme lorsqu'il s'adresse au docteur.

- Bonjour docteur Lemaître. Je souhaite vous parler de Molly.

Les yeux meurtris par la cataracte, le vieux rondouillet tourna sa tête boursoufflé vers le nouvel arrivant. 
Le visage emprunt de questionnement, il répondit sobrement,

Bonjour jeune homme, que souhaitez vous me dire à son propos ?

- Molly est prête à sortir de cet hôpital. Elle doit maintenant retourner à Poudlard et préparer ses ASPICs et son avenir.

Non, Molly n'a pas l'intérêt de préparer ses ASPICS, sa santé mentale est plus importante. Qu'est ce qui vous fait dire une chose pareille jeune homme ?

Il s'en amusait presque, peut être était-ce son frère, ou même un amoureux venant faire le chevalier charmant délivrant la princesse de son royaume... et de sa camisole.

Sa santé mentale va très bien. Il est inutile de sacrifier la vie d'une personne en bonne santé.

Il campe sur sa position. Son ton est calme et son visage impassible.