Chambre d'hôpital de Saskia - Visites

«J'ai volontairement évité de te raconter l'épisode du bal parce que je savais très bien qu'elle avait fait ça dans ce but précis, de même que le changement de cavalier en se dirigeant vers moi. Je ne tenais pas spécialement à lui faire ce plaisir, mais visiblement elle a réussi son coup grâce à l'autre. J'en ai profité pour l'inviter à me confronter, mais elle a visiblement eu besoin d'attendre que je sois à l'article de la mort pour trouver le courage de le faire.»

Une forme de mépris se ressentait presque au travers des traits laissés par la plume sur le parchemin. Saskia, malgré l'assouplissement qu'elle avait montré envers quelques personnes faibles lors des dernières années, conservait un dédain violent pour la chose. Dédain conforté par ses récentes avancées personnelles, elle qui avait envoyé son père mourir dans le pire trou à rat de Grande-Bretagne par vengeance et conviction se sentait à présent largement au dessus de ce genre de manoeuvres aussi petites que vaines en matière de conflits familiaux. Se retourner contre sa chair n'était pas le problème. Il fallait juste être capable de l'assumer jusqu'au bout devant l'absolu. 

«Elle ne pose aucun souci pour l'instant. Elle ne sait rien. Elle est juste agaçante, peut-être jalouse que je sois parfois en ta compagnie, mais j'aurais plutôt tendance à croire qu'elle veut m'utiliser pour t'atteindre. Ce qui évidemment n'arrivera pas. Mes blessures sont douloureuses oui, je suis régulièrement soumise à des potions pour dissiper la souffrance. Rien que je ne puisse endurer, ceci-dit.»

Fit-elle écrire à la plume très simplement. 

«Mes doutes sont morts depuis longtemps, une personne qui doute n'aurait pas fait cela. Je ne serais pas contre une discussion plus personnelle avec toi, mais ce n'est pas très agréable dans ces conditions. De vive voix c'est mieux, et j'ai vu passer beaucoup de monde aujourd'hui, et pas que du beau monde, c'est étonnamment fatigant dans l'état où je me trouve. Nous aurons d'autres occasions. Merci pour le miroir, cela me touche. Je remercierai Mr. Jedusor personnellement quand je le verrai. Merci d'être passée, aussi. Ah, et si ça ne t'ennuie pas, va confier les fleurs de Richard au garde devant la porte, dis-lui de les faire examiner. Je ne lui fais pas confiance et je n'ai pas confiance en le moindre objet qu'il pourrait laisser dans ma chambre. Je t'en saurais gré.»

Elle conclut son mot par un faible sourire, qui lui aussi semblait sincère par rapport à ses froideurs usuelles. Cela se voyait, même au travers de ses traits durs, que ses paupières lui devenaient lourdes. Elle n'allait pas tarder à sombrer dans le sommeil.