Dans l'obscurité de la grotte, un frottement bref se fait entendre, troublant le silence funeste installé par la sinistre déclaration de l'elfe. Un peu à l'écart du groupe, un visage à l'air contrit se dessine à la lueur rougeâtre d'une allumette qui se consume lentement. La flamme vient trouver le bout d'une cigarette que l'homme tient entre ses fines lèvres tordues en une moue déconfite, avant de s'évanouir sous l'effet d'un tour de poignet. L'homme crache avec lenteur un épais volute de fumée que les Lumos habillent de reflets bleutés.
" Messieurs, madame, tristes compagnons d'infortune, je crains que nous soyons faits comme des rats... "
Il se met alors à lentement marcher autour du groupe, le regard bas et la mine abattue. Après quelques pas, il tire une longue bouffée sur son mégot qu'il expire avec tout autant de langueur.
" Je déplore ce jour funeste où l'un de nous doit connaître le trépas. Messieurs, madame, je ne vous connais guère, mais sachez que pourtant je pourrais pleurer votre mort. Rien ne me désole davantage que de voir une âme quitter ce monde. Mais nous faut-il vraiment choisir ? N'avons-nous pas parmi nous un qui soit volontaire ? "
Il arrive au niveau de cet étrange fauteuil qui ne devrait pas se trouver en ces lieux, et passe une main délicate sur son dossier, l'air pensif.
" Ah ! Serions-nous là, si nous n'avions connu le calvaire ! L'un de vous n'est-il pas fatigué, exténué par cette vie de crime, à ces jours sans fin passés à fuir sa propre culpabilité ? Si c'est bien la rédemption que vous cherchez, pensez-vous qu'elle vous serait donnée ? Ne la trouveriez-vous pas à travers le sacrifice ? Peut-être que le Seigneur, miséricordieux, vous tendrait alors les bras. Un acte de foi, de pur altruisme pour le salut de votre âme ! Pour mériter votre pardon ! "