Cave d'une maison abandonnée

Jasper se masse les tempes.

- C'était mieux que ça à quoi je m'attendais... Et puis un aigle c'est pas si mal... Enfin, je ne suis pas sûr que je sois un aigle, j'ai l'impression que j'étais bien trop gros pour un aigle. Et j'avais faim de... moas ? Il faudra que je jette un coup d'oeil à la Bibliothèque. 

Il hoche la tête.

- Trois rapaces dans les cieux... Et une louve sur terre ! 

Il adresse un sourire à Morgane. 

Horace se redresse et réarrange ses vêtements. Il referme quelques boutons de sa chemise, époussette son pull, resserre sa cravate et remet correctement sa robe.

- Ça va, ça va mais ça décoiffe !

Il ramène ses mains à sa tête et se recoiffe vite fait bien fait.

- Et moi don(c) ! Répond-il avec un sourire. Je ne serai plus embêté par l'interdiction des balais volants en dehors du stade.

"Tu avais l'air d'un aigle, mais tu étais clairement dopé à la potion de croissance ! J'ai jamais vu un oiseau aussi gros !" Glousse t-il

"Je m'attendais pas à un oiseau, je dois dire mais hé, on va former un gang ! Le gang des emplumés !"

"Qui se soucie des balais, hein ? Voler soi-même c'est encore mieux !"

Il sourit devant l'enthousiasme de Michael. 

- On pourra faire une confrérie d'Animagus... Avec Morgane et Mei aussi.

- J'ai presque cru que tu allais me dévorer tout cru. Rit-il en s'adressant à Jasper.

- Le gang des emplumés ? Ça serait super ! Répond-il, enthousiasmé par la proposition.

- Il était assez dur à contrôler... Mais le fait d'être dans un lieu fermé et d'avoir été prévenu à l'avance, ça aide à ne pas bouffer les autres ! 

Jasper remarque bien que Michael laisse un peu Morgane de côté, ce qui personnellement l'attriste : il n'a jamais connu la facette moins flatteuse de la Serdaigle qui à ses yeux est juste une camarade de maison sympathique et une des rares personnes à qui il ait déjà adressé la parole.

- Par contre avec tout ça, je devrais pas tarder à devoir rentrer, j'ai un devoir à rendre.

- Ouais, moi aussi...

Horace balaye cette cave inquiétante du regard.

- On rentre quand ?

Morgane sembla s'illuminer lorsque Jasper l'inclus dans la conversation, mais son visage passa rapidement à la déception lorsque Michael l'ignora délibérément, et, si ce n'était pas évident pour le concerné, la déception de la bleue, en revanche, ne sera sûrement pas passée inaperçue pour Jasper, qui semblait compatir. Pour ne pas laisser paraître sa déception, elle préféra mettre ça de côté et prendre part à la conversation.


- Seuls, ou en groupe. On pourrait se voir cet été, pour s'entraîner en dehors de Poudlard, vous en pensez quoi ? Et moi, personnellement, j'ai préféré éviter de lâcher prise, pour des raisons, dirais-je évidentes, je m'en serais voulu de faire de l'un de vous le repas de la louve.

Stella souriait. Voir ses disciples comme ça, arriver si loin, lui réchauffer visiblement le cœur. Elle s'approcha d'eux et intervint à son tour.


- J'apprécie votre enthousiasme, en revanche, non, vous ne pouvez pas vous entraîner tout seuls, désolée. Tant que je ne vous aurez pas suffisamment entraîné pour vous juger apte à vous débrouiller tout seuls, je ne veux pas que vous vous transformiez lorsque je ne suis pas là. Votre pouvoir est très dur à acquérir, comme vous avez pu le constater, mais encore plus dur à maîtriser. Tels que vous êtes, je ne pense pas qu'il y ait besoin d'énormément d'entraînements, mais une séance par semaine pendant au moins 5 à 6 mois me semble nécessaire. Vous avez la capacité de vous transformer, mais vous n'êtes encore pas capable de bien dissocier l'animal de l'humain, ainsi, vous êtes susceptible de laisser contrôle à l'animal et de vous blesser ou de blesser d'autres personnes. De plus, il vous faut aussi être parfaitement capables de vous retransformer, je ne serais pas tout le temps là pour incanter le contre-sort comme je l'ai fait pour Michael.

Elle regarda Michael, puis les autres, d'un regard perçant.


- Bien, maintenant, il est temps de rentre, qu'en dites vous ?

Sur ces paroles, elle leur tendit le bras, et, une fois que tous l'eurent pris, ils s'en allèrent vers Poudlard.

C'est ici que, pour la deuxième fois en un an, Stella apparut. Elle avait cette fois pas trois mais une élève à ses côtés. Aussitôt aura-t-elle posé le pied au sol qu'elle sort de sous sa cape une fiole contenant un liquide rouge sang. Elle la tend à Meï, la regardant avec un peu d'appréhension.


- Tu sais ce qu'il te reste à faire, bonne chance, tu en aura besoin. Je te préviens, ne t'attends pas à ce que ça ait goût à du jus de citrouille.

Elle regarda autour d’elle comme si elle voulait s'imprégner 
De cette cave lugubre et abandonnée. 
De l’odeur, à la vue et même au toucher. 
Elle ouvrait ses sens à la nouveauté. 
Ce moment, elle l’avait entendu depuis son arrivée, 
Un rêve à demi réalisé. 
Il ne restait plus que cette étape à effectuer,
Le contenu de cette fiole à avaler. 


C’est le moment, juste un pas, et je pourrais enfin être libre, par tous les moyens, oiseaux, animaux terrestre ou marin. 
Je ferais face à mon destin


Elle était prête, Mei prit la fiole entre ses mains et en observa son contenu, baguette en main. Après un dernier regard à Stella, elle déposa sa baguette sur son cœur, pour la dernière fois de la journée. 


“C’est partie…alors, Amato Animo Animato Animagus…”


Elle le dit doucement mais avec tellement de conviction. D’un geste calculé, elle débouchonna la fiole sans aucune difficulté puis en avala son contenu. Elle sentit le liquide au goût pour le moins déplaisant descendre le long de son œsophage. Elle voulait sentir chaque parcelle de son corps, du moment où il passait dans son estomac, puis à travers les barrières de son foie…


C’était comme une douce mélodie, quelques notes, du blanc, du noir, du blanc, puis, la musique changea, elle devint de plus en plus dissonante, de plus en plus insuporrtable. Elle sentit sa physiologie changer, son sang bouillonner, son rythme cardiaque s’accélérer, ses articulations se désarticulées, ses os se déssouder. 


De ses sens, le sens nociceptif était le plus utilisé, elle sentait la douleur de plus en plus forte s’irradier dans son corps, ses jambes cédèrent, sous son poids, sa baguette tomba à terre, tout comme  le reste de son corps. Elle aurait pu hurler, pleurer mais tout ce qu’on pouvait voir s’étendre sur son visage était un mince sourire. Dans un état second, le corps en ruine, elle entendait cette mélodie, celle que sa mère lui chantait lorsqu’elle était petite, un héritage de son origine, de son passé. Elle sentait ses doigts se poser sur les touches de son piano, blanc, beaucoup de blanc, la musique était de plus en plus rapide, alternant avec des moments de blancs.


Une Symphonie, puis un moment de calme, la peau de la poufsouffle venait de fusionner avec ce qu’elle portait. 
Le retour, puis un moment incertain, son corps avait rapetissit, ses bras transformés, des ailes oui elle le sentait. 
Encore de la musique, puis ses jambes, ses pieds, ils n’y avaient plus que des serres acérées. 


De tout ce qu’elle avait pu subir le pire avait été son visage, elle avait senti son crâne se compresser, sa peau changer. Elle ne ressemblait maintenant plus à un être humain, elle n’était plus qu’animal, un majestueux faucon, tout de noir vétu, aussi noir que ce qu’aurait pu être ses cheveux. 






Ses sens étaient exacerbés, elle voyait tout, ressentait tout, mais ça ne la dérangeait pas, car ici-même, elle était devenue un oiseau de proie.  


Mei se tenait à terre, sous sa forme oisive, elle ne poussa aucun cri, elle se contentait de comprendre le fonctionnement de ce corps qui n’était que le prolongement du sien. L’oiseau était ressorti, la peur au ventre, dans cet endroit sans peu d’espace, son instinct lui disait de prendre de la hauteur. 


De sa petite taille et sans se soucier du reste, l’oiseau prit son envole, il cherchait un moyen de sortir de cet endroit, de goûter à cette liberté. 

Peut être son instinct avait pris le dessus ou peut-être pas personne n’aurait pu le dire, car Stella connaissait Mei, et savait à quel point tout ce qu’elle voulait c’est être libre.

Stella observa, pour la seconde fois de sa vie, une de ses élèves, une de ses pupilles, subir ce processus de transformation. Si elle s'efforçait de maintenir un visage stoïque, si bien que quiconque la voyant à ce moment-là pourrait penser qu'elle était indifférente à la douleur subie par son élève, ceux qui la connaissaient mieux savaient que ce n'était pas le cas. Lorsque la transformation débuta, elle dut se faire violence pour ne pas enlacer Meï, l'apaiser de toute douleur, mais, à sa grande surprise, aucun hurlement, aucune larme, pas même un gémissement ne franchit les lèvres de la jaune. Aussitôt que cette dernière tomba à terre, Stella se dépêcha de s'en approcher, récupéra la baguette de la jeune fille et s'éloigna de nouveau, observant la tranformation continuer, puis prendre fin. A la place de la jeune fille se trouvait maintenant un faucon majestueux. Décidemment, tous les élèves ou presque de la professeure devenait des oiseaux, à l'exception de Morgane. Elle s'approcha lentement, prudemment, de l'animal, tendant une main pour la poser sur son bec, lorsque l'oiseau prit son envol. Stella recula de deux pas, toujours avec prudence, avant de faire entendre sa voix.


- Meï ? Meï, est-ce que tu m'entends ? Si tu m'entends, pose toi à mes pieds s'il te plaît. Tu auras tout le loisir de voler, mais avant, je dois m'assurer que l'animal n'a pas prit le dessus.

Elle attendit, observant le faucon.

Stella sourit légèrement avant de prendre la parole.


- Bien, Meï, tu peux t'envoler, mais tu reste dans la cave. J'aimerais voir comment tu te débrouille avec ce nouveau corps et je ne voudrais pas qu'il t'arrive quoi que ce soit en extérieur pour le moment.

Une fois que le rapace aura prit son envol, Stella ira s'asseoir sur la chaise au préalable occupée par l'oiseau et elle l'observera en silence.  

Stella observa, amusée, le rapace voler naturellement, comme si elle avait fait ça toute sa vie, mais elle remarqua aussi l'agacement de sa jeune protégée.


- Très bien, je suppose que te laisser aller dehors quelques minutes ne devrait pas faire de mal. Mais attention, tu reste dans la clairière entourant cette maison, interdit de t'aventurer dans la forêt, tu m'as bien comprise ?

Sur ces mots, elle ouvrit la porte de la cave, laissant Meï traverser la maison en ruine pour sortir dans la clairière.