La Serdaigle ne manqua pas de noter cet examen bien trop minutieux à son goût de ses traits, et fronça légèrement les sourcils. Elle n'en dit rien, pour autant. Sans doute se doutait-elle des raisons qui poussèrent Charles à la regarder ainsi, et n'avait-elle pas envie d'en traiter.
- Ça fait quand même un an qu'on s'connait, tu pourrais arrêter de bégayer à force.
La jeune fille approcha son doigt de la cage, et essaya de gratouiller le crâne de l'animal en le passant au travers des barreaux.
- J'ai pas grand chose à raconter. À part travailler et traîner un peu la nuit... J'fais pas grand chose.
Saskia n'avait jamais aimé rentrer chez elle. Maintenant, c'était encore pire. Elle ne redoutait pas la solitude, autrefois, simplement de trouver son père dans l'appartement. Maintenant, dans un cas comme dans l'autre, elle se confrontait chez elle à un démon : son père, ou elle-même. Elle passait donc souvent ses nuits à errer avec son rat, en espérant trouver une idiotie à faire, remarquer un détail étrange ou observer d'autres personnes au loin.
- Bref. J'imagine que tes vacances sont plus intéressantes.
Elle parlait d'une voix plate, peu impliquée, exténuée. Paradoxalement, elle parlait peut-être plus que certaines fois auparavant. La conversation, aussi futile fut-elle, avait tout de même pour vertu d'accaparer l'attention de ceux qui y prenaient part, et d'orienter un minimum leurs pensées.