Logis de Donald Glenn

Alors que Charles s'approchait toujours plus des festivités et que les mots échangés entre les festoyeurs lui semblaient de plus en plus distincts, le français rencontra dorsalement une masse semblable à du granit qui mit vertement fin à son équilibre. Chutant pour lors, le garçon ne dut son salut qu'à l'intervention d'une main ferme de virilité qu'il observa avec frayeur se saisir de son bras avant de remonter son regard sur le faciès de son sauveur.

- M-Monsieur ?!

S'exclama le jeune sorcier avec surprise, reconnaissant là l'Auror écossais qui lui avait jadis sauvé la vie.

Pressé par une foule avide de bacchanales, le français fut âprement repoussé contre l'écossais.

- M-Monsieur !

Articula-t-il péniblement en tentant de résister au cortège le poussant toujours plus vers son interlocuteur.

- J-Je suis C-Charles de V-Vignolles, v-vous souvenez-vous ?

Demanda le garçon en constatant la mine interloquée de son sauveur.

Croyant percevoir une faille dans la cohue, le garçon se saisit de la manche de l'Auror avant de le tirer avec lui dans une course fugace entre les jouisseurs.

- P-Par ici !

Leur éloignement les menèrent dans une ruelle parallèle où, étouffées par de vétustes bâtisses, les célébrations se faisaient moins tintamarresques.

- O-Oui, l-les centaures.. v-vous nous avez sauvé la vie, à-à moi et mes camarades, m-monsieur.

Formula-t-il dans un souffle empreint de considération.

- J-Je.. V-Vous habitez ici ?

Charles leva un sourcil, interloqué par la demande de son interlocuteur. Peut-être partageait-il sa foi ? Pensa-t-il candidement.

- L'église ? J-Je.. c-c'est assez loin d'ici.. À environ t-trente minutes de marche, v-vers le sud, je dirais..

Il laissa passer un certain silence avant de soudainement s'écrier d'une voix déterminée.

- J-Je peux vous y emmener ! S-Si vous voulez.. c-c'est-à-dire que la route peut s'avérer un peu a-absconses à c-certains endroits.. a-alors peut-être q-que..

- B-Bien, p-par ici !

S'exclama le coquebin, un immense sourire sur ses lèvres délicates, en se ruant vers la sortie de la ruelle.

Après quelques instants, la porte s'entrebâilla légèrement dans un grincement pour laisser dépasser le visage d'un homme, vraisemblablement dans le trentaine, dardant sur l'Auror un regard désagréable sans être mesure de voir le français, mussé derrière ce dernier.

- C'est pour quoi ? Monsieur n'accueille plus personne à cette heure, il fallait venir plus tôt.

Formula-t-il d'une voix brève.

- Ah, t'es là toi. Tu vas l'entendre, ton oncle.

Adressa-t-il à Charles avec indifférence avant de reporter son attention sur l'Auror.

- Conformément aux instructions données par Monsieur, je ne dois laisser entrer personne, pas même ce.. Bonne soirée, enfin, nuit.

Voulut-il conclure en fermant la porte avant que le pied de l'écossais ne vienne s'interposer.

- Tu cherches les problèmes, fumier ?!

S'exclama-t-il brusquement dans un violent mouvement de colère en faisant dépasser sa baguette de l'entrebâillure de la porte.

Le maraud n'a même pas le temps de répondre face à la célérité avec laquelle l'Auror lui asséna ces deux sortilèges. Ainsi désarmé puis encordé, le bélître ne peut que tenter de reculer avant de trébucher pitoyablement. D'une voix furieuse, il s'écria alors.

- LES GARS !

Vainement. Le tapage de l'orchestre, mêlé à celui des convives, l'empêcha de se faire entendre de ses compères. La voie était désormais libre pour pénétrer dans l'antre du parent.

Dommage, personne ne t'entendra. Silencio.

Il souffla par le nez, posa la baguette de l'homme un peu plus loin puis se tourna vers Charles.

Tu me guides vers la fête ? 

Le français hocha légèrement la tête avant de pénétrer d'un pas circonspect dans la maison de son parent. Après avoir traversé un bref couloir, le français et l'Auror arrivèrent dans une immense salle où la plupart des festoyeurs étaient réunis. Pas un ne prêta attention à leur présence, si ce n'est une serveuse à la poitrine dénudée qui proposa un verre à l'écossais avant de se faire rembarrer vertement par ce dernier.

- P-Par ici !

S'exclama Charles pour se faire entendre d'Hunter malgré le brouhaha ambiant. Le coquebin guida alors son protecteur jusqu'à des escaliers disposés à l'autre extrémité de la pièce. Après les avoir montés et s'être enfoncés dans un nouveau couloir, ils arrivèrent finalement face à une porte au bois gravé d'or.

- C-C'est là..

Souffla l'angelot, les jambes chancelantes et le teint pâle.

Après quelques instants, la porte s'ouvrit en grand, laissant un homme de petite taille et à l'embonpoint indubitable se présenter à l'Auror. Sa mine, d'abord partagée entre la colère d'être dérangé et l'incompréhension de voir cet homme avec son neveu, se changea finalement en un air faussement affable.

- Bonjouuur, mon bon monsieur.. je.. comment puis-je vous aider ? Vous ne me semblez pas être l'un de mes convives.. Commenta-t-il avant de porter son attention sur Charles. Mon neveu vous a-t-il posé problème ?

L'oncle n'était pas intimidé par la morphologie de son interlocuteur. Bien au contraire, lorsque ce dernier lui parut demander des comptes quant à la manière dont il s'occupait de son neveu, Donald s'en approcha d'un pas bref, suffisamment pour que l'Auror puisse sentir son souffle, avant de s'exclamer sur un ton de colère.

- Comment, monsieur ? Vous pénétrez dans mon domicile, sans mon autorisation, et osez en plus de cela remettre en cause mon éducation ? Partez !

L'homme toussa âprement puis darda un lourd regard sur son neveu.

- Va dans ta chambre, Charles. On règlera ça demain.

Le coquebin, terrifié, portait alternativement son regard sur son parent et l'écossais, ne sachant que faire.