Ménagerie magique

D'un pas lourd, le français vint à pénétrer dans le commerce. Sa démarche était veule et hésitante ; il semblait comme porter un immense faix sur ses frêles épaules. S'approchant du comptoir, il leva le regard - absorbé par ses souliers jusque lors - en direction de la commerçante et demanda d'une petite voix aussi abattue que son faciès.

- B-Bonjour.. a-auriez-vous un hibou.. o-ou bien une chouette.. à-à ce prix..?

Sur ces mots, il sortit sa main de son vétuste manteau, et déposa une bourse de quelques misérables gallions sur le comptoir.

- Hinhinhin... Bien sûr que j'ai des chouettes et des hibous jeun garç... 

Commença à répondre la vieille dame derrière le comptoir en replaçant ses cheveux gris coupés assez court d'un geste félin après s'être léché la main... Mais elle se coupa subitement en voyant le contenu de la bourse déversée sur la table, et planta ses yeux jaunes de chat dans ceux de Charles avec une expression désagréable. 


- Mais pas à ce prix-là ! Corrigea-t-elle de sa voix fluette de crécelle. 6 gallions ?! C'est le prix d'un pigeon tout au plus ! Comptez au moins 8 gallions pour une chouette, et 10 pour un hibou. 

Si elle avait tenté de mimer un air affable à l'arrivée de Charles, il n'en était plus rien. Son vrai visage se révélait déjà par un sourire carnassier et des plis courroucés dans sa peau. Elle détestait les enfants, et avait bien de la peine à le cacher. 

S'il ne s'était attendu à rien de la minable somme que son oncle avait péniblement daigné lui accorder, il était tout de même déçu. Ainsi allait-il devoir passer ses vacances sans pouvoir échanger avec ses amis. Il maudit son oncle de tout son cœur à cette pensée, tant et si bien qu'elle en vint à exalter en lui une certaine témérité. Désamparé, il tenta alors d'une voix forte mais aussi quelque peu larmoyante.

- M-Madame ! J-Je vous en conjure ! T-Trouvez moi un animal à ce prix.. j-je ferai tout ce que vous v-voudrez en é-échange..

- Tout ce que je voudrais ?! Tout ce que je voudrais ?

La vieille dame éclata d'un rire sardonique, elle se languissait de l'inconfort du jeune garçon et comptait bien en jouer, comme un prédateur avec sa proie. 


- Je te trouverais une chouette à si gallions, si tu me paies deux gallions pour la chercher.

Il protesta d'une voix pleine d'ingenuité.

- M-Mais le compte n'y s-serait pas ! J-Je.. É-Écoutez..

Il s'arrêta un instant, comme pour considérer encore et encore l'offre qu'il s'apprêtait à lui faire.

- J-Je vous propose mes services ! P-Pour tout le reste des vacances ! V-Vous n'aurez rien à me donner, ni salaire, ni logement, ni même nourriture ! J-Je vous demande juste en retour d'accepter de me v-vendre un h-hibou p-pour six gallions !

De nouveau, elle explosa d'un rire aussi haut perché que désagréable face à la proposition du garçonnet. 


- Comme si j'avais envie de laisser mes petites bêtes chéries à un sale gamin comme toi ! Hihihihi...

La vendeuse n'avait visiblement pas envie de se coltiner un enfant au magasin pendant deux mois, alors qu'elle avait déjà du mal à supporter leur présence dans la boutique pour un simple achat. 


- Si tu comptes négocier encore longtemps, je vais devoir te mettre à la porte sale morveux !

Peut-être Charles ferait-il mieux de songer à trouver une aide extérieure pour obtenir deux gallions supplémentaires plutôt que de négocier avec cette mégère...

Il toisa brièvement la rombière, et durant ce bref instant, une fureur insondable jaillit de son regard avant d'aussitôt se dissiper.

- Je reviendrai avec l'argent.

Il se retourna, puis quitta le commerce sans plus insister.

Il était directement retourné au commerce après la vente de sa chevalière, sans même prendre la peine de s'arrêter pour réfléchir. Il ne pouvait pas se le permettre ; à la moindre pensée sur ce qu'il venait de faire, il pourrait s'effondrer. S'approchant du comptoir d'un pas rapide et déterminé, il déposa brutalement sa bourse sur ce dernier tout en toisant la rombière.

- 8 gallions.

La rombière en question était occupée à ranger des choses derrière le comptoir et ne s'attendait pas le moins du monde à un geste aussi brusque. Ses cheveux se hérissèrent sur son crane et une sorte de feulement pour le moins répugnant s'échappa de sa trachée alors qu'elle se retournait vivement vers la source du bruit. 


- Hum ! Ne me fais pas des frayeurs pareilles, morveux ! 

Vociféra-t-elle avec sa voix haut perchée en reprenant ses esprits. Le compte était bon, cette fois-ci. Elle désigna donc un coin de la pièce où se trouvaient les cages à chouettes, et proclama. 


- Les prix sont affichés.

Pour huit gallions, Charles avait le choix entre plusieurs chouettes :


- Une chouette hulotte, assez jeune, qui dormait comme une pierre et manquait de tomber de son perchoir. La mention "fainéante" était indiquée sur sa cage. 


- Une chouette effraie qui gonflait les ailes pour impressionner un petit hibou, qui se recroquevillait dans un coin de sa cage, terrifié. La mention "ne pas mettre les doigts" était indiquée sur sa cage. 


- Une chouette Tengmalm tout à fait chétive, elle semblait amicale mais risquait de ne pas pouvoir porter de gros paquets ni faire de longs trajets régulièrement. La mention "Fragile" était indiquée sur sa cage.


- Une chouette chevêche qui semblait adorable mais avait un fort strabisme. La mention "Attention aux fenêtres fermées" était indiquée sur sa cage.

Aussitôt qu'il s'approcha des cages et aperçut les volatiles, son regard s'adoucit. Faisant fi des appellations péjoratives employées par la rombière pour les qualifier, il préféra les jauger par lui-même. La chouette hulotte lui sembla trop veule pour être efficace ; la chouette d'effraie trop belliqueuse pour l'intégrité de ses doigts ; la chouette chevêche trop maladroite pour mener à bien ses voyages. Son attention se porta alors sur une chouette tengmalm qui, bien que cacochyme, lui sembla tout à fait amicale. De toute manière, il était bien mal placé pour juger qui que ce soit sur la fragilité de sa constitution.

- Je prends celle-ci. Indiqua-t-il à la vendeuse d'une voix ferme.

- Prend donc. 

Répondit-elle sèchement, avant de lui destiner un sourire carnassier en se saisissant des pièces. 


- Habituellement, les clients achètent de la nourriture pour l'animal avec, mais j'imagine que ta chouette devra se satisfaire des restes de pain rassis de ton diner. Hihihihihihi !

Il toisa brièvement la rombière, siffla entre ses dents, puis se saisit de la cage.

- Allons-y, Mercure. S'adressant à sa chouette, sa voix retrouva sa naturelle placidité.

Sans une once de cordialité, il quitta la boutique en compagnie de son tout nouvel animal.

Richard arriva donc, accompagnée d'Emily, à qui il s'adressa.


- Alors, t'aimerais avoir quoi comme animal toi?

Emily venait de rentrer dans la ménagerie, Richard sur ses talons. Elle regardait autour d'elle, impressionnée. Un des moments qu'elle attendait le plus était le choix de son animal de compagnie. Elle hésitait au départ entre un chat ou un hibou, bien qu'elle se demandait à quoi lui servirait un hibou si elle n'avait personne à qui envoyer de lettres. Toutefois, alors qu'elle s'apprêtait à répondre à son ami, un magnifique hibou Grand Duc attira son attention. C'est ainsi qu'elle sourit à son premier et seul ami.


- Je pense que je sais. Je choisis cet hibou, tu en penses quoi ? J'ai toujours voulu avoir un hibou ... elle se reprend, ne voulant pas laisser savoir à son ami qu'elle n'était plus habituée à la vie sorcière, étant élevée par des vermines, comme ça, je voulais dire, un hibou comme celui-là ... Et puis on pourra s'envoyer des hiboux au moins pendant les vacances ou autre si tu veux.

Richard approuva le choix de sa future camarade Serpentard.


- Oui, c'est un bon choix! Les hiboux sont des animaux respectueux, nobles. Selon moi seulement les Sang-Purs devraient pouvoir en avoir, mais bon. Pour ma part j'ai un harfang des neiges, donc on pourra correspondre!

Il sourit à sa nouvelle amie.

Emily sourit à Richard en retour avant de se diriger vers le comptoir pour payer et pouvoir repartir avec le fier animal sur son épaule. Ce n'est donc qu'en revenant du comptoir, tout sourire, vers la sortie qu'elle rejoint Richard.


- Tu es prêt pour le départ ? Moi, personnellement, toutes mes affaires sont bouclées, je n'ai qu'à repasser à l'orph- je veux dire, à la maison, pour ajouter tous mes achats à ma valise et je serais en route pour King's Cross! On peut se rejoindre sur le quai si tu veux, ou au pire on se verra directement dans le train!

Richard haussa un sourcil lorsqu'elle dit le mot ''orph'', mais il n'en porta pas plus attention que ca.


- Très bien, je vais aller prendre mes affaires chez moi, et on se rejoint là-bas! À plus tard!

Richard la salua de la main, puis il quitta la boutique.

Sullivan entrera finalement dans la ménagerie en soufflant d'épuisement.

-Alors... Un grand duc d'Europe... 

Il passera en regardant les cage rapidement, sachant ce qu'il voulait et finira par se stopper devant l'une d'entre elle.

-Magnifique, Imposant, majestueux... Pas le temps de s'extasier.

Il verra alors pour payer et prendre son nouveaux compagnon. Et sortira en toute hâte.

David merch se rendra dans ce grand magasin pour... il ne savait pas trop pourquoi en vérité. D'ailleurs, voici le top 5 des raisons pour lesquelles il n'avait rien à faire là :
5 - Il ne s'y connaissait pas en animaux et aura bien du mal à lui offrir un bon environnement (quoi qu'en fait les animaux c'est un peu comme les bébés au final, il devrait pouvoir s'en tirer)
4 - Il avait regardé les prix sur la vitrine et n'avait pas les moyens de s'acheter même un petit boursouffe et de les entretenir
3 - Il n'aimait pas les animaux et la nature, ça puait, c'était pas propre, et surtout fallait toujours s'en occuper (encore une fois comme les gosses au final). 
2 - Avoir un animal c'était un peu triste, leur imposer ta présence, les dresser et les faire dévier de leur état de nature. Chaque animal adopté perdait un peu de son âme. 
1 - Il avait déjà des gosses à s'occuper à la maison, c'était déjà bien assez (oui on y revenait toujours). 

Mais bref David était là maintenant, poussé par sa curiosité, trainant devant ces bestioles pour certaines communes, comme ces saloperies de chats et leurs petits yeux de pervers narcissiques, d'autres moins comme les petits trucs roses qui roulaient partout, et d'autre... Il n'avait aucune idée de comment ils arrivaient à écouler leur stock. Mais qui voulait avoir un crapaud de compagnie vraiment ??? Les sorciers étaient parfois un véritable mystère. 

Le jeune homme s'arrêtera devant le jeune homme à la capuche. Il avait un style bien singulier, à cette époque où la capuche n'était pas vraiment un vêtement prisé, d'autant plus aux milieux de mages habillés comme des moines avec des chapeaux de sorciers un peu clichés. David également n'avait pas pu se résigner à tronquer les vêtements habituels du mage contre ceux plus commun d'un jeune prolétaire, avec un pantalon en toile et un bon marcel qui laissaient apparaître ses avant bras musclés. Ses poches ne seront malgré tout pas bien rebondis, on devinait aisément que le jeune homme n'était pas une cible très intéressante à voler, en revanche si il s'agissait de le pigeonner l'opération ne devrait pas être des plus complexes... 

Quoi qu'il en soit le jeune homme répondra au salut du jeune homme avant de l'interpeler avec une familiarité qui pourrait sembler déplacée :

- Salut toi !

Il se placera à côté de lui pour contempler un hiboux, le même que celui sur lequel semblait avoir jeté son dévolu Guillaume. Il devait avouer qu'il avait de la gueule, avec son plumage brun, ses yeux qu'on ne trouvait nul part ailleurs. Il serait sans doute bien plus beau si il pouvait se dégourdir les ailes en dehors de sa bien trop étroite cage. David déclarera alors avec une moue amère :


- J'ai l'impression que monsieur a envie de sortir...

David haussera les épaules, pas vraiment convaincu par sa deuxième explication. 

- Pourquoi il te détesterais au juste ? et tu peux parler plus fort tu sais je ne vais pas te manger, ni lui. 

Répondra t'il avant que l'oiseau, habité par un esprit de combat qu'il n'aurait pas soupçonné, se projette contre la cage pour agripper les vêtements de Guillaume. 

- Ho bordel sale bête. 

S'exclamera t'il en repoussant brutalement la cage pour remettre l'oiseau en place, prenant bien soin d'éviter ses serres acérées. Il se retournera alors vers le jeune homme pour lui tendre une main de belle taille :


- Faut croire que t'avais pas tord, ça t'arrive souvent ces trucs là ?