Il y a quelques semaines, à peine, un nouvel établissement avait fait son apparition, sous l'apparence d'une bâtisse tout à fait humble et dépourvu d'éclat. Le bâtiment semblait avoir surgi de nulle part, poussant silencieusement avec la nuit pour complice et témoin de sa venue laissant les passants s'éveiller avec une surprise muette. Le mystère entourant son apparition et la soudaineté elle-même de cette dernière furent tel qu'il était difficile de ne pas se demander si elle avait toujours été là camouflée dans l'ombre ou si elle avait réellement émergé de nulle part. Comme si l'endroit était apparu par magie...
Somme toute, nous étions encore loin d'un événement complètement chimérique pour le commun des sorciers. Ce type d'extravagance, beaucoup savaient déjà composer avec.
Concernant ses occupants, le mystère était tout aussi entier. Rien n'était connu à leur sujet. Si ce n'était les maigres informations laissées par une pancarte en bois, chaleureuse malgré tout, qui affichait le nom de l'endroit, aucune information ne filtra . C'est ainsi qu'"Au coin du feu" se fit connaître pour la première fois des riverains du chemin de Traverse.
Les spéculations allèrent bon train quant à la nature du lieu. Un restaurant, un bar, un cavé là encore, les suppositions des uns et des autres étaient les meilleures sources d'informations quant à ce que renfermaient les lieux. Une chose était sûre, c'est qu'un endroit aussi modeste en apparence allait devoir renfermer des joyaux de toute beauté pour briller face aux géants dont la notoriété était déjà solidement ancrée dans l'histoire et dans la vie du Chemin de Traverse.
Les jours défiants, aucune âme n'y pénétra jamais et aucune ne sembla jamais en sortir. Les portes de l'établissement s'obstinaient à protéger tous les secrets qui leur avaient été confiés. Certains pensaient à une entreprise mal conçue, le propriétaire semblant avoir manqué l'occasion de susciter l'intérêt. En effet, il ne fallut pas longtemps avant que l'établissement ne retombe dans l'oubli auquel a fadeur apparente le destinait peut-être.
À cette époque, le regard du monde sorcier était tourné vers un horizon lointain, marqué par la guerre, la peur et des bouleversements politiques et économiques. Les préoccupations étaient bien trop nombreuses pour qu'une simple pancarte puisse captiver, ne serait-ce qu'une parcelle de leur curiosité déjà bien sollicitée depuis longtemps. Ainsi l'élan d'intérêt pour "Au coin du feu" fut stoppé net submergé par une marée de soucis qui monopolisait déjà l'esprit de tous.