Sa baguette... tremble ? Non. Ce n'est pas sa baguette, mais sa main. Tout le désarroi du monde se lit sur son visage, et dans ses yeux si expressifs. L'horreur de la situation. La trahison si patiemment orchestrée par celle qui se disait être son amie. Celle pour qui il est allé jusqu'à la compromission. Il savait qu'elle comptait tuer l'homme qui lui avait prit sa mère. Il le savait et il avait fermé les yeux. Tout comme il l'avait fait pour la mort de Sullivan. La jeune rousse a eu une vie terriblement difficile. Exclue. Souffrante. Privée de sa mère qui lui a été arrachée sous son regard impuissant de petite fille malade. Alors il a fermé les yeux. L'assassin de sa mère ne méritait pas mieux. La vieille folle de la Maison des Incurables ne méritait pas mieux elle non plus. Sullivan n'était qu'un accident de parcours. Une erreur commise par celle qui prétendait devenir un ange des ténèbres prête à apporter la rétribution à ceux qui le méritait. Alors il avait fermé les yeux. Espéré qu'elle ne dérape plus. Et qui sait, peut-être qu'une fois vengée, la Serpentard pourrait tourner la page. Non. Rien de tout ça n'était vrai. Ce n'était qu'un espoir vain.
"C'était... c'était des enfants.. Innocents et sans défense. Comme tu l'as été."
Sa voix n'est qu'un souffle incrédule. Pitié, ça ne peut-être qu'un cauchemar. Il va se réveiller, et rien de tout ça ne se sera produit. Pas de rêve prophétique. Pas de famille sauvagement massacrée. Pas de traitrise de la part d'une personne pour laquelle il a risqué sa vie. Celle à qui il a pardonné encore et encore. Plus que de raison. Ses yeux ne peuvent plus retenir les larmes qui menaçait de les submerger. Tout ce chemin pour ça. Tout ce chemin pour rien. Michael pleure sans plus chercher à se retenir, et sans chercher à se cacher. Non pas pour tenter la faire culpabiliser. Il laisse simplement libre cours à sa tristesse. Le jeune homme est en deuil. C'est déjà la troisième fois qu'il perd un ami. Mais c'est peut-être la perte la plus douloureuse. Justin est mort en héros. Vladimir est mort en victime. Apolline, elle... a laissé volontairement mourir tout ce qui était bon en elle. Pour devenir un être de pure vengeance, un vent furieux ayant pour seul et unique but de souffler toute flamme de vie qui se retrouverait sur son passage. Y compris les plus petites, les plus pures.
Le voyant manque de chanceler, comme assommé par cette douleur qui n'a rien à envier à la plus terrible des blessures. Ses oreilles bourdonnent alors que les cris entendus dans son rêve s'élèvent, labourant son âme. Il se rend compte qu'il s'est trompé sur bien des points. Il n'y avait guère de bon en elle. Aucun espoir de rédemption. Et non, elle n'était pas devenu une bourrasque furieuse qui soufflait les flammes. Elle était devenue une flamme. Un feu de méchanceté, une flamme cruelle et traitresse.
"Tu les a tués... " Sanglote t-il
Et quelle atroce façon de faire passer quelqu'un de vie à trépas... Le simple fait d'imaginer ces deux petits êtres ravagés par le feu lui donne envie de vomir. À cet instant, il entend un petit bruit. Il l'entend résonner en lui, très nettement, sans pour autant en comprendre la nature. Cela pourrait-être un vase qui se brise. Ou alors le simple déclic d'un loquet en train d'être actionné. La Porte Rouge.
"Tu les as brûlés vifs !" Eructe l'agent du Département des Mystères.
Un son se met à enfler en lui. Quelque chose qui, il en est certain, ressemblera à un beuglement monstrueux à la puissance inhumaine. Un cri de fureur et de douleur mêlées, prépotent. Capable de secouer le monde entier, d'en détruire la substance. Pourtant, ce qui s'extrait avec force de son être n'est rien de tout cela. Il s'agit d'un mot. Un mot chargé de pouvoir et de haine. Trois syllabes terribles et merveilleusement violentes dans lesquelles il déverse tout sa rage et son chagrin.
"Putredofors !"
Le flot de magie noire est dirigé droit vers la scélérate, la meurtrière. Qu'elle goûte elle aussi à l'exquise douleur de la trahison. Qu'elle goûte, enfin, à sa propre médecine.