Quartier Général des Veilleurs

-C'était plus un " oui, mais t'as pas intérêt à te foirer".  s'empressa de corriger la désormais membre des veilleurs. J'ai compris le principe en tout cas. J'essaierais de garder l'œil ouvert sur les trucs louches tu me fais signe quand quelqu'un a besoin d'aide ou vient rapporter un truc.

Christie souffle du nez après avoir entendu Michael.

- Bon, première règle personne m'appelle chef. Et puis ce sera la seule règle parce que j'ai un peu la flemme de faire les autres là.

Elle compte sur le bon sens de ses camarades, pour Clarisse et Michael ça devrait aller, elle leur fait confiance, en revanche Timothy elle ne le connait pas donc on verra. La Gryffondor hoche ensuite la tête à l'attention de Clarisse.

- Oui, de toute façon on sait où se trouver. Si j'suis pas là vous avez qu'à me poser un mot. Bon bah du coup si y'a pas de question vous pouvez rester ou partir à vous de voir j'suis pas votre mère. Oh attend par contre ! Vous pouvez rester là vous deux ?

Demande t-elle à Michael et Clarisse, elle tient à en profiter qu'ils soient ici tous les deux pour leur parler de ce qu'elle avait en tête.

-Pas de soucis, je m'apprêtais à faire le test du confort du matériel en plus. et joignant gestes à ses paroles, Clarisse se rendit en quelques enjambées près d'un fauteuil sur lequel elle se laissera glisser nonchalamment.

- Roh pitié ! J'ai plus qu'à me trouver un tabouret et une corde.

Répond t-elle à Michael avec un sourire en coin.

- Ok parfait.

Déclare t-elle avant de rejoindre Clarisse pour s'adresser à elle.

- Michael est devin, il veut bien nous aider pour cette histoire de malédiction. Pas vrai ?

Demande t-elle en se tournant vers le Poufsouffle.

Confortablement installée sur le mobilier de son choix, déjà fermement décidée à se laisser aller et à se prélasser indifférente à ce qui l'entourait pour les  quelques heures qui fermeront la fin de cette réunion, Clarisse ne vu ni ce second-piège, ni les crocs de cette insoupçonnée trahison se refermer sur elle. Assouplie au contact du fauteuil, les deux yeux clôt, d'abord vraisemblablement peu encline à bouger au delà des rares trémoussements qui témoignait encore de son éveil, ce fut  le terme "malédiction" qui le premier provoqua une réaction. Immédiatement elle se figea laissant l'appréhension déjà présente se conforter alors que sur ses lèvres un rictus ne tarda pas à se présenter. Sa respiration parut irrégulière, chose qu'on attribuera, à tort à la lourdeur ambiante qui vint à s'immiscer juste avant. Soudainement, sans prendre la peine de libérer ses pupilles de leur geôliers, elle entrouvrit les lèvres dans un effort de prendre la parole, mais seul un long soupir  s'y présenta. Puis une demi-seconde à peine, elle vint mettre fin à cette intervalle de paix. 

-Tu veux pas me laisser faire une pause ? Tu crois pas que si je voulais pas lâcher le morceau aussi facilement même avec toi, j'avais pas plus envie d'en parler à quelqu'un d'autres ?

Jetée dans ses retranchements et profondément mal à l'aise par cet discussion imprévue et importune, la rousse irascible ne put d'abord répondre dans un premier temps que par une sorte de réprimande portée par un ton étonnamment sec uniquement agrémenté d'un soupçon d'exaspération. Quant à la révélation du don du Préfet ? Elle semblait pour l'heure l'avoir complètement ignoré. Au moins, elle ne s'amuserait pas à tourner sa faculté en dérision. Pour l'heure.

- Une pause de quoi on a encore rien essayé, tu te fous de moi ? Hé j'essaye seulement de trouver un moyen de retrouver qui te fais ça. Y se trouve que Michael peut essayer de nous aider, s'il y a ne serait-ce qu'une infime chance que ça marche alors je suis prête à la saisir. Puis si tu voulais pas que je t'aide t'avais qu'à y penser avant de devenir mon amie.

Soupire Christie. Elle a peut-être été un peu maladroite dans sa démarche mais tout ce qu'elle veut c'est le bien de Clarisse par dessus tout. La Gryffondor après un instant de réflexion repose enfin son regard sur la sœur qu'elle a choisie.

- Je t'en supplie à genoux Clarisse, accepte. Si tu le fais pas pour toi, fais le pour moi. J'ai vraiment besoin de ça.

Bon c'est une image, elle ne s'est pas vraiment mise à genoux, mais ça compte énormément pour elle, elle refuse de voir à nouveau Clarisse dans une chambre d'hôpital et dans le même état que la dernière fois, ou pire encore. C'était bien trop difficile, elle ne veut pas voir la rousse s'affaiblir.

La rousse n'en démord pas et son visage gelé dans cette même, et tout aussi intense expression d'agacement. Elle adressa un regard au supposé devin, puis à sa supposée amie. La présence du premier, pour cette discussion était gênante, mais à peine seulement. Il ne constituait pas l'essence de ce que la sorcière considérait comme le piège lui étant destiné. Le Poufsouffle, lui,  il ne faisait que contribuer à resserrer l'étau, une réalisation qui vint au prix d'un claquement de la langue de la fille. Un claquement qui vint comme un déclic pour annoncer tant à ses interlocuteurs, qu'a elle même qu'elle allait devoir procéder.

-T'es agaçante, ça m'irrite. Fais plus ce genre de truc sans me prévenir avant. Plus jamais. C'est juste PAS quelque chose qui est censé s'ébruiter.

Pour Clarisse, les contraintes n'évoquait en son sein que du mépris qu'importe les circonstances qui menèrent à cet état des choses. Chances étaient que Clarisse s'était adoucie et avait perdue de son caractère butée ces dernières années. Chances étaient aussi que la situation, comme l'imageait bruyamment ses sourcils fortement arquées et sa voix délibérément râpeuses, avaient poussé son exaspération à son comble jusqu'à lui ôter tout volonté de résister. En vérité, qu'elle le veuille ou non, on ne lui laissât autre choix que de se résigner. En effet, il était encore impossible de s'y soustraire car l'essence de ce "guêpier" se terrait dans les actions délétères qu'avait entreprises Christie ces derniers jours. Nuit blanche, alcoolisme et sans doute pire, la meneuse des nouvellement établi veilleurs ne s'était épargnée aucune peine en essayant -maladroitement selon Clarisse- de supporter un fardeau grandissant. Sa camarade l'avait vu venir dès l'annonce de sa participation au tournoi de l'an passé. Elle eut souhaité pouvoir contester la chose à grand renfort de toute son ardeur, mais on ne lui laissa pas ce choix. Loin de se douter que ça n'était là qu'un prélude, elle pensa et espéra que cette nouvelle année marque l'avènement d'un répit plus que nécessaire pour son amie. Un espoir vain qui ne manqua pas d'être détrompé. Effectivement, les choses ne manquèrent pas d'empirer à la lueur de cette affaire de pétrification. A ça, s'ajoute le poids qu'elle même représentait désormais de par le lever de rideau sur cette sinistre malédiction qui la parasitait. 

Ce ne fut qu'après un nouvel instant de silence durant laquelle la rousse se laissa guider par le flot de ses pensées insensible à ce qui l'entourait qu'elle daigna enfin à répondre. D'abord elle se repositionna faisant de l'assise son nouveau dossier alors qu'un des accoudoirs était désormais reléguer au rang de simple support pour ses pieds. Puis, sans plus adresser de regard à l'un comme l'autre sembla interpeller le devin.

-Fais ce que tu veux, demande aux étoiles ou regarde dans ta boule de cristal je sais pas qu'on en finisse. Je vais pas aller te prendre la tête plus que ça à toi.

- Désolé. Je fais de mon mieux.

Répond Christie en soupirant, tête baissée. Elle ne sait pas où cette malédiction les mènera, mais elle a peur, sûrement plus que Clarisse qui a l'air d'avoir accepté tout ça. Mais elle, elle ne peut pas tout simplement pas l'accepter. La Gryffondor n'a jamais été aussi frustrée, alors certes, tout ce qu'elle fait elle le fait avec une certaine maladresse. Elle qui n'est habituellement pas la plus réfléchie des élèves de cette école en temps normal, avec l'alcool ça ne s'arrange pas. Il faut quand même bien commencer quelque part et si elles parviennent à mettre fin à cette malédiction, tout ça, ce sera juste des détails sans importance.

- Merci.

Souffle t-elle enfin avant de se mettre en retrait pour ne plus interférer avec quoi que ce soit pendant que Michael tentera de voir quelque chose comme elle l'a déjà vu faire en France.

Rien du tout

Christie semble assez déçue, pas envers Michael mais plutôt par rapport à la situation, elle aurait aimé avoir quelque chose, ne serait-ce qu'une petite piste.

- T'as fais ce que t'as pu. Merci d'avoir essayé.

Soupire la Gryffondor avant de poser son regard sur Clarisse.

- Désolé Clarisse je voulais t'aider.

Puis elle quittera ensuite la pièce.

Comme annoncé par le devin son errance au cœur des flammes à la recherche d'un signe ne sut guère porter l'un des fruits souhaités par Christie. De retour dans le monde duquel il s'était volontairement occulté afin de sublimer sa connexion avec cette réalité transcendantes digne du métaphysique qui par plusieurs fois avait su lui tendre les mains, ce fut avec vraisemblablement une certaine déception qu'il annonça le résultat de sa quête. Fantasque et irrégulier comme à son habitude, le don particulier du jeune homme ne lui offrira ni réconfort ni ne lui fournira la moindre piste sur cet apparent échec. Il fit promptement et sans s'étendre son rapport aux deux veilleuses embrasant de nouveau la détresse de l'ex championne. La principale intéressée quant à elle, il la trouvera dès son retour des sphères supérieures penchés la tête à peine quelques centimètres à sa droite. Appréhension et curiosité l'avaient poussé à chercher à son tour dans les flammes dans un geste qui tout compte n'était qu'une vague mimique des actions du Poufsouffle.

-Te fais pas de soucis, c'est jamais qu'une piste parmi d'autres.

Clarisse semblait là encore faire preuve d'un calme draconien, ou d'un désintérêt effarant pour ses propres maux. Sur ces mots, elle posera son regard sur Christie dans l'expectative cette fois-ci nettement moins sereine. Elle attendit, puis poussa un soupir en accord avec le départ de la Gryffondor. La rousse adressa un signe de la main rapide au Poufsouffle ainsi que quelques mots pour s'excuser puis partie à la poursuite de son amie.

-Tu m'excuses, faut que je la rattrape et si possible que je m'assure qu'une ou deux bouteilles de plus finissent pas dans sa gorge. Puis au sol.

Alors qu'elle fit volte-face pour quitter la pièce présentant en conséquences sa crinière rougeoyante négligemment nouée d'une simple corde, le Poufsouffle fut pris d'une étrange sensation. Une animosité fugace, tout aussi insaisissable que l'eau qui s'effilait invariablement le parcourut à la simple vue de la jeune fille. Puis, plus rien. A nouveau.