Cette année-là, les yeux comme les cœurs de la jeunesse sorcière, de toute l’Europe sorcière dans l’attente se portaient  vers le tournoi des trois sorciers qui s’annonçait déjà évènement de ce siècle, pour la énième fois les espérances couver par des deux colosses idéologiques gangrénant le continent s’apprêtait à s’entrechoquer dans le microcosme qu’eut l’honneur de se faire Beauxbâtons.
 
Pourtant, ou plutôt, de ce fait, c’est sous couvert des ténèbres providentielles projetés par les étendards des trois maisons colorant fièrement les cieux que quelque un avait choisi de se dérober définitivement à ce monde, quelques un dont « elle ». 
 
En vérité, elle n’avait sans doute  jamais faites partie de cet univers-là, car, si tant bien que mal elle réussit jour après jour à maintenir l’illusion impie de son appartenance à ce monde qu’elle savait pertinemment souiller des pestilences de sa bourbe elle se savait aussi à jamais interdite d’en savourer pleinement les merveilles.
 
Et pour cause, les regards dédaigneux des champions de cette haute société aux mœurs aussi archaïques qu’austères.  Pour les moins hypocrites qui n’avaient cure d’emmieller leur discours, ou ceux trop fiers pour daigner en faire preuve, leur mots acérés eurent tôt faits de le clouer dans la fange à laquelle il appartenait. Mais, pas que, vraisemblablement ses maux à elle trouvaient racines bien plus profondément, après tout, elle-même s’était toujours refusé à faire sienne cette communauté, son regard l’avait toujours dirigé au-delà de ce monde dans l’expectative du retour d’un passé qu’il espérait voir teindre son futur. Quand bien même elle s’interdit de se perdre dans une irrévérence analogue à la leur, elle ne les portait pas plus dans son cœur en témoignait ses efforts à lamentablement rejeté cette part d’elle qu’elle rejetait.

La magie, elle l’avait connue dans sa forme la plus destructrice. Loin de la lettre volante fendant le vent à la recherche de son destinataire, loin des étincelles qui s’élevait délicatement pour orner le ciel nocturne, de la douce lumière scintillant faiblement ou des flammèches fragiles vacillants au bout d’une baguette. Sa rencontre avec la magie, elle le fit en troquant la vie d’êtres vivants après tout. Dans de telles conditions, il était infiniment plus dur de souhaiter se lier à elle.
 
Farouche, dangereuse, c’était là  des termes qu’elle ne put jamais s’autoriser à dissocier de la magie.
Le résultat ? Une bien piètre excuse pour un sorcier. Incapable de dominer les craintes qui cheminaient constamment avec elle.  Mais pis que la magie, ce qu’elle redoutait plus que tout, c’était son pouvoir, un pouvoir que l’inaptitude dont forte de sa lâcheté, et sous la pression ambiante elle s’était convaincue être détentrice la conduise à sa perte, comme à celle des autres. Un sorcier qui haïssait et craignait sa magie ? Inutile de chercher plus loin, défectueuse, c’était ce qu’elle était. Et comme le simple fait d’en faire usage contre son prochain la rebutait, l’idée qu’elle serve à animer un vulgaire jeu ayant par une fois déjà laissé des cicatrices si profondes dans la communauté sorcière constituait une ignominie inqualifiable à laquelle elle n’aurait tolérée regardé. Alors, désireuse de fuir ce don infect qu’elle refusait à accepter, elle prit la route.
 
Sa répulsion pour eux, pour cette part de lui-même, pour ce monde, elle ne fleuris pas en un jour, loin de là. Les sorciers c’est mesquin et égoïstes qu’elle fit connaissance de ces impitoyables dominateurs, tant tyran avec les leurs qu’envers leurs « inférieurs ». D’une barbarie et d’un mépris pour la vie qui n’avait rien à envier à leur cousin moins bien né qu’ils se permettaient pourtant du sommet de leur tour d’ivoire. Aussi infime fus la portion des sorciers répondant à ces dénominations, pour elle qui ne connut d’eux que pur chimères fantasmées, seul un puissant sentiment d’inadéquations l’attendait.
 
Elle se mentirait si elle prétendait porter la moindre rancœur contre quiconque,  de toute façon pas destiné à de tel sentiments, elle mentirait aussi si elle venait à prétendre qu’elle ne portait pas encore dans son cœur les vagues réminiscences de quelques délicats souvenirs. Par respect pour ces gens-là, aussi rare soit-il, ce n’est pas sans remord qu’elle s’en allait. Faisait-elle preuve d’une abjecte lâcheté ? Elle le pensait, et le poids qui étouffait son cœur ne manquait pas de le lui rappeler, mais, elle s’était déjà trop longtemps faite violences. Incapable de se confier, de se libérer, elle avait laissé son âme à la merci des profondeurs insondables qui eurent tôt fait d’en festoyer. Si seulement, elle avait choisi de se débattre.
 
Non, ça n’était pas sans regret qu’elle s’enfuyait, mais c’était pour le mieux, sans quoi, elle sombrerait plus loin encore. Créature simplette qu’elle était, elle ne laissait nul ombre d’un doute quant au fait qu’elle aurait préféré se complaire dans son ignorance pour peu que son cœur soit épargné de son marasme. Afin de préserver le peu qu’il lui restait, cette décision, la seule qu’elle n’eut jamais le courage de prendre par elle-même, fut la seule qui lui parut. Alors, elle partit en direction d’un monde plus clément, elle partit pour ne plus jamais revenir.
 
Ce fut loin, très loin que ses pas emmenèrent cette maudite engeance des marais, après des jours de marches ininterrompus, tribulations qui représentait bien peu de choses au vue de l’austérité de sa vie que ses pas l’emmenèrent à un certain quelque part. Où se trouvait-il ? Quel était son nom ? Le savoir avait bien peu d’intérêt. Elle-même l’ignorait encore, après tout, cet endroit, elle ne le connut jamais sous un autre que maison, en savoir plus n’avait jamais été une nécessité quand elle n’avait jamais été destinée à le quitter.