Parvenu au seuil de la porte fermée du bureau, le français se signa minutieusement en susurrant quelques brèves litanies. Cela faisait moins d'un mois que le jeune homme était rentré dans le pays où, jadis, Albine dut souffrir de l'exil. Les années qu'il avait passé à s'entraîner aux côtés de ses mentors en traversant Abyssinie, Inde, et quelques autres contrées des plus exotiques, n'avait en rien entamé l'ineffable douceur se dégageant de sa physionomie ; peut-être, tout au plus, avaient-elles contribué à lui donner une certaine confiance, pas le moins du monde proche de l'orgueil, qui témoignait du véritable changement qui s'était opéré sur l'ancien coquebin. Au reste, tout en ayant peu ou prou finalisé sa croissance, le français s'était aussi départi, durant ces quelques années, de cette chétivité qui le caractérisait autrefois, sa musculature étant maintenant celle d'un authentique agoniste. Après qu'il eut demeuré de la sorte le temps de quelques minutes, le jeune homme frappa délicatement, quoique sûrement, à la porte qui se présentait à lui.