" J'y réfléchirai. Mais... Je n'ai pas confiance. Pas assez. Pas pour l'instant. Il est donc probablement trop tard, de toute manière. Mais qui sait, si l'occasion se présente... C'est certainement vers lui que je me tournerai. "
Quitte à mentir, oui. Ce qui ne pose en rien problème à Apolline. Mentir pour arriver à ses fins ? C'est encore le moins pire dont elle est capable.
" Merci, Michael. C'est pour le mieux, autant pour toi que pour moi. Je te promets de faire de mon mieux pour ne pas m'étrangler par mégarde. On se voit plus tard. "
Plutôt facile à convaincre, pour une fois. Curieusement. Apolline attend que le Jaune se soit éloigné pour lever sa baguette. Pas un instant à perdre. Elle doit parvenir à maîtriser ce sortilège avant qu'ils ne soient partis en voyage. Son catalyseur fermement saisi, elle clôt les paupières et se concentre. Elle doit puiser dans toute sa haine pour en tirer le pouvoir nécessaire à la formation du fouet. Penser à blesser, à tuer. A qui elle voudrait tant s'en prendre. Elle se visualise d'abord le visage de l'Homme, puis dans un coin, celui de Morgane. Les imagine en lieu et place de l'arbre qui lui fait face. Elle pense à tout ce qu'on lui a un jour fait, à tout ce qu'elle a perdu et ne retrouvera jamais. Mais alors qu'elle s'apprête à incanter le sort, c'est vers Michael que dérive ses pensées.
" Spi... "
Dire que le Jaune est amoureux. Comment a-t-elle pu l'ignorer ? Comment peut-elle ignorer tant de choses au sujet de son seul ami ? De quel droit se considère-t-elle comme son amie ? C'est d'ailleurs à ce Bernard que Michael doit son salut. Certainement pas à elle. Qu'a-t-elle fait pour Michael, à part participer à sa déprime ? Quand lui passe son temps à lui sauver la mise ! Quelle putain d'égoïste.
" Flagello ! "
Un simple fouet vient frapper l'arbre, guidé par une colère qu'elle ne dirige que contre elle-même, avant que son bras ne retombe mollement. Elle tente alors de se concentrer sur autre chose, en vain. Voilà que ses pensées dérivent vers les choses de l'amour. Quelle chance Michael a d'être amoureux. Elle-même s'en sent bien incapable. Et affirme s'en ficher complètement. Pourtant, elle ne peut s'empêcher de se demander ce que ça fait. D'aimer. D'être proche à ce point de quelqu'un. Pourquoi les gens aiment tant s'embrasser ? Elle secoue la tête pour chasser ses interrogations triviales, tente de nouveau de se visualiser sa Némésis, lève le bras...
" Spina... "
Et puis, c'est l'image dégoûtante qu'elle s'était faite de Michael embrassant Bernard qui vient parasiter son esprit.
" Nom d'un chien ! "
Rageusement, elle se frappe la cuisse du poing pour se punir d'être à ce point distraite, comme si cela pouvait l'aider à se focaliser sur l'essentiel. Pourquoi diable tout cela semble-t-il à ce point l'obséder ? Déterminée, elle se reprend. Visualise l'homme en face d'elle. Embrasser... C'est maintenant la conversation avec Margaret qui lui revient à l'esprit. Lorsque cette dernière avait insinué qu'Apolline s'était entichée du Jaune. Ce qui d'ailleurs était le cas de celle que l'on appelle la fausse Apolline. Et là, c'est le drame de trop. Peut-être est-ce un reste des rêves de cette Apolline disparue, mais l'image terrifiante d'un Michael s'approchant pour l'embrasser s'empare de ses pensées. Elle va jusqu'à en pousser un cri d'horreur et jette sa baguette avec fureur.
" Merde ! Michael, tu fais chier ! " crie-t-elle.
Cette fois, elle va jusqu'à se frapper par trois fois au visage. Comment veut-elle progresser si elle est à ce point incapable de se concentrer ? Troublée par des questions aussi stupides dignes de ces petites imbéciles insignifiantes aux moeurs triviales qu'elle a tant en horreur. Certainement est-elle plus fatiguée qu'elle ne le pensait. C'est la seule explication. Elle se passe une main dans les cheveux, et souffle profondément. Pas le choix, elle va devoir remettre ça à plus tard. Elle s'en va pour ramasser sa baguette, et prend la direction du Château.