Salle commune des professeurs

La porte s'ouvrit brusquement, et la pièce calme vit débouler un individu pour le moins particulier. Il s'agissait d'un homme d'une trentaine d'années, drapé d'enthousiasme et vêtu d'un costume-cravate sobre et élégant. Il s'arrêta sur le seuil, vérifia du plat de la main que ses cheveux soigneusement gominés avaient survécu au voyage vers le château, et prit une profonde inspiration presque théâtrale par les narines.

- Aaaaahhh, l'odeur de ce vieux château m'avait manqué ! Lança-t-il en extase, sans prêter attention à la jeune femme en plein travail.

Cosmo remit ensuite son corps en branle, un sourire enfantin scotché sur le visage, et parcourut la pièce d'un pas vif et nonchalant, inspectant les moindres recoins avec une rigueur toute policière. Ce faisant, il marmonnait des choses d'abord peu audibles, puis peu à peu plus intelligibles à mesure qu'il approchait de Jessica.

- Psspsspss psspss pss psspsspss,psspss papier, psspss table, chaise, stylo, un... Truc ? Classeur, femme...

Il faisait apparemment une sorte d'inventaire des choses présentes dans la pièce...

- Pas de cafetière ?

Son sang pur se figea dans ses veines un instant, et il revint vers Jessica d'un air contrarié.

- Bonjour, Jessica, toujours aussi charmante à ce que je vois, affirma-t-il d'un ton sympathique. Après quoi il enchaîna sans transition sur la chose qui l'intéressait réellement. Dites-moi, je viens de faire un long voyage pour venir ici et je tuerais père et mère pour un café, là. Où puis-je m'en faire un ?

Il conclut sa requête par un sourire benêt.

L'ancien auror tomba des nues en écoutant la réponse de sa collègue. Pas de café à Poudlard ? Mais dans quoi s'était-il donc fourré ? Il refit un tour complet de la pièce d'un air presque paniqué.

- Vous me faites marcher, ma chère ? Vous savez bien ce qu'est un café, répondit-il ensuite d'un air hésitant, comme pour se rassurer lui-même.Le breuvage chaud à base de graines réduites en poudre, il y en avait au Ministère ! Je ne vais pas tenir l'année sans café, ce n'est pas possible !

Visiblement, le sacré avait développé une sorte d'accoutumance à cette boisson. Il tira une chaise, la plaça devant Jessica et s'assit dessus face au dossier, conformément aux clichés que les moldus se font d'un interrogatoire à force de voir cela dans des films.

- Vous ne mentez donc pas ? Bref... Il plongea son regard dans le bleu du regard de son interlocutrice, profitant au moins de la vue dans son malheur.

- Une cafetière est une sorte de... Petite casserole oblongue en forme de tube, et dotée d'un piston au bout duquel se trouve un filtre, qui sert à mélanger l'eau bouillante et les grains de café moulés sans que ceux-ci ne se retrouvent dans votre tasse. Cela n'a rien à voir avec mes visions, le café existe je vous le jure sur l'honneur de ma famille.

Cette histoire de café l'obsédait tant qu'il ne répondit pas à la question sur l'objet de sa présence.

Il sembla réfléchir quelques instants, et donna un léger coup du plat de la main sur le dossier de la chaise.

- Diantre ! C'est sans doute cela. C'est Walter Germin du service de détournement de l'artisanat moldu qui m'en avait donné une au Ministère, et qui me fournissait en grain. J'aurais dû m'en douter... Il m'a juste dit que c'était une nouvelle boisson à la mode, et il faut avouer que c'est on ne peut plus délicieux, et revigorant qui plus est.

Il soupira bruyamment d'un air renfrogné, en regardant le sol. Son enthousiasme le menait souvent dans des situations telles que celle-ci, et cela n'avait rien d'étonnant pour quiconque le connaissait.

- Enfin bref... Pas de café, donc...

Son air maussade s'évanouit en un clin d'oeil et son visage arbora de nouveau son sourire initial, qui portait en lui une certaine fierté. Il releva le nez, et annonça à la femme qui lui faisait face :

- Au fait, je suis professeur à présent ! Enfin, j'imagine que vous le savez déjà ! Ou pas... je ne vois pas cela dans mes rêves après tout, d'ailleurs sauf votre respect, je n'ai encore jamais rêvé de vous. N'est-ce pas là une excellente nouvelle ?

Son débit de parole très rapide et sa tendance à annoncer ce que pensait ou pas les personnes avec qui il discutait rendait le fait d'en placer une quelque peu complexe, il fallait donc l'écouter jusqu'au bout même lorsqu'il brassait l'air.

Les moldus de son côté, il ne les appréciait pas plus qu'il ne les détestait. À vrai dire, il se fichait un peu d'eux, il les observait de loin, mais son appréhension à leur égard s'arrêtait à une crainte que les sangs de bourbe n'importe dans le monde sorcier ce fameux "communisme" qui faisait rage chez eux d'après les experts en politique moldue. Son statut de sacré, il le chérissait plus comme un privilège que comme une réelle supériorité raciale, et il savourait avec joie l'apparition de nouveaux traîtres à leur sang, car moins de sacrés ne le rendait que plus sacré, lui et toute sa famille. En bref, s'il avait singé la colère à l'idée de s'être fait flouer à boire un breuvage moldu sans le savoir, ce n'était que pour l'image. Il reprendrait volintiers une tasse de café.

- Oui c'est exact, professeur de divination ! Je vais pouvoir redonner à cette discipline ses lettres de noblesse, dénicher des talents, former une toute nouvelle génération de voyants et de spécialistes des arcanes du temps, de sorciers éveillés capables de comprendre que l'avenir influence le passé et le présent ! Ah, quelle joie...

Se languit le rêveur, avant de laisser un léger silence - chose rare - afin de trouver une excuse concernant sa démission du Bureau. Il se mit à agiter les mains en parlant.

- Voyez-vous... J'avais besoin de changer d'air. Le métier d'Auror, c'est déprimant. On pourchasse des criminels, on constate l'étendue des dégâts, on voit leurs meurtres et l'on fait face aux tortures qu'ils infligent, on les arrête, parfois l'on doit les tuer, ce n'est pas agréable vous savez. Surtout pour une personne telle que moi. J'ai l'esprit sensible aux énergies qui m'entourent, je vois des choses que les autres ne voient pas, j'en rêve. Parfois, je vois des choses que personne ne devrait voir. J'avais besoin de plus de légèreté.

Il racontait tout cela avec un grand sourire qui ne lui donnait pas du tout l'air d'une personne traumatisée par quelque horreur que ce fût.

Jessica avait choisi l’étude des runes et la divination à l’époque, elle se souvient exactement de comment c’était. Des odeurs aux murs, aux boules de cristal, ça n’avait pas été sa matière préférée loin de là, mais elle avait passé de bons moment à étudier ses rêves et à s’amuser à lire à l’aide d’un manuel l’avenir dans une tasse de thé. C’était de bon souvenir quand même.

« _Tu es ambitieux, n’oublie pas que ce n’est pas une matière facile ou ils auront le troisième œil ou ils ne l’auront pas, dans ce cas, ça sera assez compliqué d’assouvir tes grandes ambitions les concernants, Bonne chance… »

Finit elle par dire avant de réouvrir son livre, pianotant la première page de ses longs doigts, elle l’écoutait avec une attention cachée. Le regardant de temps en temps, d’un œil seulement, elle n’y croyait pas une seule seconde il avait l’air beaucoup trop souriant, beaucoup trop détaché de tout ça rien avoir avec une personne qui avait subit tout les erreurs qu’il venait de sortir. Jessica était beaucoup trop perspicace pour se laisser avoir comme ça, c’est avec un petit sourire en coin qu’elle dit de sa voix mélodieuse avec une pointe d’amusement:

« _Je n’y crois pas une seule seconde »

Elle chantonna presque, croisant ses jambes pour être un peu plus droite.

« _Et la vérité je pense qu’il faut mieux la cacher n’est-ce pas ? Je serais toute ouïe de l’entendre, quand tu le voudras ou quand tu auras une meilleure histoire à me raconter »

Elle soupira faisant voler l’une de ses mèches brunes rebelle, qu’elle lissa du bout de ses doigts.

L'héritier de la famille Macmillan pinça ses lèvres en signe de résignation et haussa les bras avec grandiloquence.

- Évidemment que tous ne seront pas au niveau, mais les choses ont toujours été ainsi, c'est une discipline qui à sa manière est élitiste, il faut une certaine sensibilité pour l'exploiter et tout le monde ne peut l'avoir. Mais !

Il leva l'index en l'air assez violemment.

- Mais s'il y en a parmi eux qui ont cette sensibilité, je serais là pour leur offrir l'accès à d'autres plans !

Son sourire revint et ses yeux rêveurs batifolaient un peu partout, se posant tout de même souvent en divers endroits sur la xemme qui lui faisait face. Ils s'arrêtèrent finalement sur les doigts qui lissaient sa belle chevelure. D'un ton plus grave, il conclut :

- Quant à mes raisons, il faudra bien me croire car c'est là tout ce qu'il y a à savoir ma chère.

Elle l’écouta avec attention jusqu’à la fin, hochant de temps en temps la tête. Certes sa vision des choses étaient peu conventionnels, voir interessante sur de nombreux points de vus, elle en partageait quelques idées, malgré qu’elle soit moins ésotérique. D’un simple geste, et de manière la plus gracieuse possible elle se leva, le surplombant de sa petite taille, puis elle le regarda dans les yeux, un bref instant.

« _Ta vision des choses est fort interessante je dois l’avouer même si je n’en partage pas tout les fondements, et de ce fait j’en serais ravis que vous m’en partagiez plus, mais pas aujourd’hui très chère, malheureusement l’heure tourne et je n’ai pas fini de préparer mes cours, elle viendra rire doucement pour lui dire une dernière chose pour le taquiner, j’espère que vous rêverez du fait que j’arrive à les finir avant la rentrée. »

Elle le salua d’un signe de tête glissant tel un chat vers la porte, elle se retourna après l’avoir presque passé se retournant vers lui pour lui dire, tout sourire.

« _Je te souhaite bonne chance pour ta première année de cours, et autre chose ! Je te conseil de faire un discourt pour te présenter lors de la rentrée, ça familiarisera sûrement les élèves avec ta façon de pensée si particulière…Au plaisir de te revoir »

Elle finira par cette dernière phrase. 

Stella était seule dans la salle des professeurs et avait sur le bureau plein de parchemins concernant les animagus ainsi que la métamorphose humaine. Ce sont ces prouesses qui lui avaient donnés envie d'être professeure de métamorphose, et elle avait toujours eu envie d'en devenir une elle même, bien qu'elle n'en ai jamais eu l'occasion. Connaissant que trop bien les risques encourus, ayant été auror, elle ne comptait pas devenir une animagi non déclarée, mais elle avait songé plus d'une fois a en devenir une déclarée. Elle fut extirpée de ses pensées par les coups portés a la porte de la salle des profs. Sachant parfaitement qu'il s'agissait d'un élève, un professeur n'aurait jamais toqué, elle se leva avec une mauvaise humeur visible.

- Je ne sais pas quel est le sale morveux qui me derange pendant que je ... ahem ... prépare mes cours, dit-elle en regardant les parchemins encore presents sur la table expliquant avec precision la démarche a suivre pour se transformer en animagus, mais vous allez le regretter!


Elle ouvre la porte et tout signe ayant pu indiquer une quelconque colere s'efface du visage de Stella et elle s'adoucit alors qu'elle vit la jeune Elizabeth ainsi que Morgane.


- Oh, euh, c'est vous ... Entrez, je vous en prie.

La fillette entra dans la salle en regardant autour d'elle, elle semblait vraiment très mal à l'aise. Elle faisait attention a ne pas trébucher sur quoi que se soit, elle trouvait l'endroit vraiment magnifique. 

"_Bonjour, Je ne veux pas vous déranger madame, j'aurais une demande à formuler si ça vous dérange pas bien sur ..."

Stella sourit a Elizabeth avant de surprendre Morgane, qui était restée silencieuse et dont le regard était tournée vers la table et les parchemins. La professeure parut mal a l'aise, puis détourna son regard de Morgane et sourit de nouveau à la jeune Poufsouffle.


- Bien sûr, demande tout ce que tu veux.

"_Merci...euh, elle pris une grande inspiration avant de dire assez vite mais de manière concise les yeux rivés sur la professeur, accepteriez vous de me faire des cours particulier en métamorphose, je suis pas très forte dans cette matière comme vous avez pu le constater..."

Elle baissera les yeux tristement, cette matière était extrêmement importante pour son futur métier d'auror si tant soit peu elle ne changeait pas d'avis en cours de route, bien que se soit possible la connaissant. 

"_J'aimerais plus tard devenir auror, et je sais que c'est une matière ou il faut que je vise une bonne note"

Elle lui sourit mal à l'aise attendant ce qu'elle allait répondre, elle espérait du plus profond de son cœur qu'elle accepte.

Morgane avait les yeux rivés vers les parchemins sur la table, dès qu'elle est rentrée dans la salle, elle avait immédiatement reconnu les symboles et les dessins représentant les animagi. Elle n'avait même pas remarqué le malaise de sa prof lorsque cette dernière l'a vu fixer les parchemins. Elle sembla sortir de sa transe lorsqu'Elizabeth demanda à Stella si elle acceptait de lui donner des cours particuliers. A ce moment là, voyant l'adoration de sa prof pour les animagi, elle se jeta sur l'occasion et coupa la parole a sa prof avant que cette dernière ait le temps de répondre a son amie.


- Et moi aussi ? Je veux dire, accepteriez-vous de me prendre aussi en cours particuliers ?

Stella s'appretait a répondre par la positive à Elizabeth avec un grand sourire mais fut coupée dans son élan par Morgane, et fut prise de court par la jeune fille, qui venait de sortir de son mutisme pour poser une question encore plus surprenante.


- Toi ? Enfin, je n'ai rien contre cela, mais tu es une des meilleures, pourquoi voudrais tu des cours particuliers ? Enfin, si vous le voulez, c'est avec plaisir que je vous accepte les filles, finit-elle par dire laissant un sourire effacer la confusion sur son visage.

Son regard s'émerveilla, elle pensait que Stella allait refuser dans le pire des cas, ou qu'elle devrait faire les cours particulier seule, mais que rêver de mieux que de le faire avec son amie, et camarde? Beth sembla aux anges, sautant dans les bras de la professeur comme une enfant. 

"_merci...merci!!!"

Stella fut surprise et prise de court par cette étreinte mais la rendit à Elizabeth.


- De rien, c'est normal, si tu as besoin de quoi que ce soit ...

Elle ne finit pas sa phrase, se tournant vers Morgane qui avait toujours les yeux rivés sur la pile de parchemins qu'elle avait recommencé a regarder avec insistance dès que la professeure de métamorphose les avaient acceptées en cours particuliers.


- Dis moi Morgane, honnetement, pourquoi veux tu absolument joindre ces cours ?

Morgane fut brusquement sortie de ses pensées par sa professeure et failli répondre la vérite pendant un instant, a savoir qu'elle voulait s'approcher d'elle pour devenir une animagus, mais se ravisa au derniere moment et préféra répondre:


- Parce que je veux m'améliorer, et puis pour être tout a fait honnête Ms Black, je ne veux pas non plus laisser Beth seule en cours particulier.

Elle espérait que ce semi-mensonge, qui en soit était vrai mais seulement une partie de la vérité, passerait au yeux de sa prof et de son amie. Elle fit donc de son mieux pour ne pas montrer qu'elle cachait quelque chose et Stella sembla la croire, mais Morgane n'était pas sure qu'il en aille de même pour Elizabeth et baissa les yeux, préférant faire profil bas.