Edward réajuste la cravate qu'il n'a pas, adresse à l'assemblée un sourire empreint d'aménité puis toussote pour s'éclaircir la voix.
Mesdames, messieurs. commence-t-il d'un ton solennel tout en glissant ses mains derrière son dos. J'ai, par probité, le devoir de vous annoncer que tout ce que vous venez d'entendre n'est jamais que fumisterie. Non pas que tout ce qui a été dit est faux, tant s'en faut. Vous savez, je pense, tout comme moi que le meilleur des mensonges est celui qui comporte quelques fragments de vérités. Là est la chose. Je commencerai par traiter de la version de ce garçonnet, l'anglais pointe le coréen du doigt, bien que ma chère soeur ait donné sa version la première, pour la simple et bonne raison que seuls lui et moi sommes concernés par l'entièreté de ce drame. Il toussote de nouveau. Il y a eu, effectivement, une agression. Mais les rôles ont été inversés. Ce jeune garçon n'est, en effet, pas l'agressé, mais bel et bien l'agresseur. Je m'explique, car je sens votre incompréhension qui est, du reste, parfaitement justifié. Les trois victimes récupérant présentement à Sainte-Mangouste pourront vous le confirmer : ils ne m'agressaient pas, mais échangeait simplement avec moi comme le feraient de bons amis entre eux. C'est cette crapule, il pointe de nouveau le coréen du doigt, cette fois en singeant l'indignation, qui s'est jetée sur nous sans aucune raison, un tuyau de fer à la main, pour massacrer le crâne de l'un de mes compères, à la suite de quoi nous l'avons quelque peu corrigé, ce dont je tiens d'ailleurs à m'excuser devant vous au vu de l'incivilité d'un pareil acte, avant qu'il ne prenne la fuite et que nous nous mettions à le poursuivre, jusqu'à arriver dans la ruelle où le fâcheux imbroglio impliquant ma tendre sœur survint. Cette dernière, qui était alors à ma recherche, arriva en effet de l'autre côté de la ruelle et, pour une raison que j'ignore toujours, crut que le garçonnet et moi fuyions ensemble deux délinquants alors que l'affaire était, comme vous le savez maintenant, tout autre. Alors, empreint de cet héroïsme empreint de candeur qui fait si bien son charme, celle-ci n'a pas hésité bien longtemps pour lancer un sort sur l'un de mes deux amis afin de le neutraliser. Qu'en est-il, me direz-vous, de celui dont on rapporte que j'ai égratigné le visage avec une petite pierre ? Pourquoi avoir fait cela si, comme je l'explique, ce dernier est mon ami ? Je vous répondrai que si celui-ci est, ou du moins était, bel et bien mon ami, il fut aussi celui qui tenta de lever sa main, enfin, ici, sa baguette, sur ma sœur, et que j'ai simplement agi comme n'importe quel frère aurait agi. Pour en revenir, justement, à ma douce sœur, je vous prierai de ne pas considérer son témoignage. Ce dernier est cruellement incomplet et souffre de nombreuses inexactitudes dont il ne faut pas s'étonner au vu de son arrivée dans cette affaire et plus globalement de sa faible implication dans cette dernière. De même, je vous saurai gré de ne pas lui tenir rigueur pour avoir bravé la loi en employant la magie, elle qui ne voulait que bien faire.
Une fois sa tirade terminée, le Mosley toussote de nouveau, mais ne quitte pas un seul instant l'assemblée du regard.