Eglise St.Andrews

La gravité de son interlocuteur interloqua le coquebin autant qu'elle l'inquiéta.

- M-Monsieur.. Y a-t-il un problème ?

Demanda-t-il d'une petite voix incertaine. Vraisemblablement, l'Auror n'était pas là pour adorer le Sauveur.

- C-C'est impossible ! J-J'y vais depuis déjà des années et j-je n'ai jamais vu ou entendu quoi que ce soit de favorable à l'Alliance !

S'écria Charles, la mine larmoyante, avant que des réminiscences ne lui viennent subitement à l'esprit et ne tendent à contredire son affirmation.

- O-Ou.. p-peut-être m-mais.. M-Monsieur ! A-Attendez !

Bien décidé à démêler le vrai du faux, le français, malgré son immense crainte, s'élança pour rattraper l'Auror qui se souciait vraisemblablement peu de son avis sur l'affaire. Le coquebin n'avait cependant pas pensé un seul instant à se munir de sa baguette.

Candide fut rasséréné par la figure qui se présentait à eux. Il lui adressa un affable sourire avant de s'exclamer d'une voix exaltée.

- M-Mon père ! I-Il y a méprise ! C-Ce bon monsieur pense que v-vous êtes un partisan de l'Alliance ! D-De grâce, m-mettez fin ces à rumeurs !

Puis, de nouveau asservi par des réminiscences, Charles courba légèrement la tête et laissa passer un certain silence.

- C-C'est faux, n-n'est-ce pas ?

Finit-il par souffler d'une voix vibrante.

Mais c'est pas possible, cet enfant est simplet ou bien ?


De quel ..? Non, bien sûr que non je ne fais pas partie de.. L'alliance ?

Non, vous n'en faites pas partie, par contre vous devez loger quelques vicaires ici non ? L'un d'eux en fait parti et...

Je vous arrête de suite mon enfant, je suis le seul ici, c'est une petite et modeste église, vous vous trompez d'endroits, vous m'en voyez fort navré.

Hunter jeta un coup d'œil aux alentours, il ne pouvait se tromper, il avait de sacrés sources tout de même.

Vous permettez que je jette un œil ?

C'est un lieu sacré mon enfant.

Je ne suis pas ton enfant, et je n'en ai rien à faire, alors tu vas me laisser regarder sinon c'est à toi que je demande.

Voyons vous êtes dans la maison du seigneur !

Le français suivit la conversation d'un air agité, son regard se portant alternativement sur l'une puis sur l'autre mine de chacun des deux interlocuteurs. Se triturant nerveusement les doigts, il finit par s'interposer entre les deux hommes avant de s'adresser au clerc.

- M-Mon père, d-de grâce ! C-C'est un homme bien, i-il ne fera qu'examiner sans jamais rien dégrader, j-je vous en fait la promesse !

S'écria-t-il d'un ton aussi grave que larmoyant.

- J-Je.. N-Nous ne dérangerons rien mon père, j-je vous le promet !

Formula-t-il à l'attention du curé avant de se précipiter à la suite de l'écossais.

La révélation de l’Auror eut son effet sur Charles, dont les jambes se mirent à chanceler. Frappé de torpeur, il resta coi durant un silence, le regard figé dans celui de l’écossais, avant que des larmes ne lui montent finalement aux paupières et qu’il n’éclate en sanglots. Respirant à grand-peine, il recula vertement pour s’accoter au mur de sorte à ne pas s’effondrer avant d’inspirer puis d’expirer alternativement pour tenter de se ressaisir. Ainsi donc, celui qui l'avait rasséréner tant de fois n'était pas celui qu'il croyait. Lorsque le français réussit à se rasséréner légèrement et qu’il reprit conscience de son environnement, l’église qui lui avait toujours paru empreint de sainteté lui sembla pour lors méphistophélique, ce qui accentua son mal. 

- J-Je.. J-Je reste avec vous.. D-De toute manière.. s-si ça se trouve.. i-il n’osera pas attaquer. 

Souffla-t-il en haletant, probablement sans trop y croire lui-même.

Les serres de la créature, ainsi plantées dans sa chair, arrachèrent à Charles un hurlement. Lorsqu’il fut relâché par cette dernière et qu’il s’écroula âprement sur le sol, le français tenta veulement de se relever mais retomba finalement plus crûment encore. Présentement, la prépotence de la bête était incontestable ; qu’était censé faire le garçon pour ce sortir de cette énième tribulation ? Du reste, comment s’en sortait l’Auror après un pareil choc ? Plus pour l’écossais que pour lui-même, l’angelot se décida probablement pour la première fois de son existence à agir sans trop ratiociner. Dégainant vertement sa baguette, la mine grave de concentration, le jeune sorcier élança sa baguette en direction de son adversaire avant de formuler d’une voix exaltée. 

- Fumos ! 

Si son sort s’avérait suffisamment efficace pour le dissimuler sous des volutes de fumée, ne serait-ce que pour quelques secondes, le jaune surenchérirait immédiatement d’un Locomotor Mortis, partant du principe que sa cible n’aurait pas le temps de se mouvoir entre la formulation de son premier et de son second sortilège.

L'enthousiasme que Charles ressentit au triomphe de son attaque s'évanouit brusquement lorsque le cri de la créature devint celui d'une femme. Tout en se maudissant — intérieurement, s'entend — d'avoir attaqué le premier sans même avoir pris le temps de constater la bellicosité de la bête, le français, dont la culpabilité lui fit oublier ses blessures, se releva vertement pour se précipiter aux côtés de la moribonde.

- Cruris Libris !

Formula le garçon dans sa course, la baguette élancée en direction de la femme, avant d'arriver effectivement à proximité de cette dernière et de l'examiner à la recherche de la moindre plaie.

- M-Madame ! J-je suis désolé ! J-Je.. Episkey !

Charles se vitupéra intérieurement : voilà qu'il ne s'était finalement pas trompé sur le compte de la créature ! Saisi au cou et soulevé en l'air par cette dernière, le français faillit défaillir de terreur. Dans une ultime tentative, le garçon, dont les bras étaient vraisemblablement encore libres, élança sa baguette en direction de son adversaire avant de formuler difficilement au vu de la pression que celui-ci exerçait sur sa gorge.

- Lashlabask !

Ainsi projeté contre l'un des murs de la bâtisse, Charles encaissa péniblement le choc, non sans lâcher un filet d'hémoglobine d'entre ses fines lèvres. Gisant pour lors au sol, le français sentait définitivement sa conscience s'obombrer. D'un regard brumeux, il observa une dernière fois son adversaire avant d'élancer sa baguette en sa direction et de formuler dans un ultime élan de d'espoir.

- Petrificus totalus.