Michael laisse Otto l'observer. Il lui rend son regard, sans hostilité bien évidemment. Simplement avec de l'attention. De la sollicitude. Une main se pose brièvement sur celle d'Otto et l'étreint avec énergie, comme pour donner à l'Autrichien la force de parler. La neutralité du visage de l'adolescent s'évapore lorsque son vis à vis le remercie. Il le gratifie d'un doux sourire, toujours sans rien dire. Pour le moment, l'heure est à l'écoute. Les paroles, si tant est qu'elles soient nécessaires, viendront par la suite.
Et les paroles semblent en effet être nécessaires. Il dévisage son interlocuteur. Les tourments de l'amour... bien sûr. À croire que les évènements funestes survenus ces derniers temps n'ont aucune prise sur la force vitale qui s'écoulent en eux comme un torrent. Le monde continue de tourner, et la vie reprend son cours, reprend ses droits.
"J'ai sauvé quatre fois la vie de quelqu'un que je n'apprécie pas. Mais bon.. C'est hors-sujet. Pour te répondre... oui, je l'ai fait."
Une fois dans la Forêt Interdite. Il s'était lancé sur la piste d'Apolline, mais ce n'était au final qu'un piège cruel et dangereux mis au point par un Serpentard qui avait toutefois regretté amèrement son acte. La deuxième fois s'était déroulé lors de l'attentat Moldu pendant la Coupe. Apolline, encore une fois. Erik et Michael Summers avaient risqué leurs vies pour sauver celle de la jeune fille.
"Et au risque de te surprendre... cette personne m'a montré un côté horrifiant"
Le souvenir de la volière reste présent. Il n'aime pas Morgane, mais il n'a pas oublié.
"Le fait est, Otto... que les gens sont des choses complexes. Nous avons tous plusieurs facettes. C'est un peu comme.."
Le Juif grimace. Cherche une comparaison qui pourrait lui permettre d'expliciter son point de vue. Enfin, il se rappelle que le garçon qui lui fait face éprouve une passion dévorante pour l'art.
"Comme un tableau. Tu vois d'abord l'ensemble de la peinture. Puis, à force de l'observer, tu perçois un détail ici. Un autre là."
Bien sûr, Michael a parfaitement compris à qui Otto fait référence. Seulement, il ne connait pas bien Margaret. Au fond d'elle, est-elle ce qu'elle a laissé paraitre aujourd'hui ? Ce serait étonnant. Même Apolline a de la douceur en elle, bien qu'elle ne la montre que très rarement.
"Margaret n'est pas que ce que tu as vu aujourd'hui. C'est un côté d'elle. Un côté que tu as découvert et que tu détestes, mais elle ne se résume pas qu'à cela, du moins c'est ce que je pense. Après tout, le ciel n'est pas composé que d'une seule étoile. Pour le reste... c'est sûrement à toi de voir si ses autres facettes t'attirent suffisamment pour que tu puisses accepter celle-là. Et rien ne dit qu'elle ne va pas changer en grandissant."
C'est une situation étrange, pour lui. Conseiller quelqu'un sur sa vie personnelle. Ceci dit, ce n'est pas déplaisant. Et il est très sensible au désarroi de cet étrange garçon qui ne manque ni de charme ni d'intérêt.