Plus profondément dans la forêt interdite

Bientôt, c'est tout une série de craquements qui se font entendre, les uns après les autres, dans plusieurs directions. Quelque chose, quelque part, se tapit là dans l'obscurité, observant les deux élèves. D'étranges chuchotements se font entendre, presque inaudibles alors qu'ils se mêlent aux bruits de la forêt, au chant des insectes et au bruissement des feuillages. Difficile, dans ces conditions, de dire d'où vient la menace. A la lueur de sa baguette, Saskia scrute autour d'elle, mais rien ne semble se terrer dans les buissons.

Soudain, elle entend un curieux chuintement qui vient siffler près de son oreille gauche. Un bruit qui n'est pas sans lui rappeler une certaine altercation qu'elle a déjà eu par le passé au sein de ces mêmes bois. Deux autres de ces curieux sifflements se font entendre, mais ils semblent cette fois-ci ne pas être passés auprès d'elle. C'est alors qu'elle voit Lucy se mettre à flancher légèrement sur ses jambes et porter la main à son cou, comme si elle venait d'être piquée par un insecte. Dans la lumière, Saskia discerne alors une petit pointe de bois fichée dans la peau de la Serpentard.

Depuis les arbres chutent alors trois créatures humanoïdes de la taille d'un enfant, au corps aussi dégoûtant que rachitique. Leurs visages malfaisants, prolongés d'un long nez pointu, dardent sur la jeune Serdaigle des yeux avides. C'est après elle qu'ils en ont. S'apercevant que Saskia ne semble atteinte par aucun mal, deux des créatures pestent sur la troisième dans une série de caquètements étranges. L'une d'elle s'élance alors vers Lucy, pour s'assurer que celle-ci ne vienne pas les troubler dans leur chasse malgré les deux flèchettes empoisonnées qui l'ont atteinte. Les deux autres fondent sur la Russe, toutes griffes en avant.

Saskia, pour stopper les deux Erkling dans leur élan alors qu'ils foncent sur elle, envoie à leur rencontre deux pointes de flèches : l'une d'elle vient atteindre l'une des petites créatures au beau milieu du thorax. Les deux mains sur la poitrine, le monstre s'écroule lamentablement en émettant de longs cris affreusement aigus qui font taire la forêt elle-même tant ils résonnent avec force. Le deuxième Erkling, en revanche, fait montre de davantage de célérité dans sa course. La pointe métallique ne fait que le frôler, et c'est sauvagement qu'il bondit vers Saskia, avec la ferme intention de lui croquer un bout de mollet. Fort heureusement pour la jeune fille, elle lève la jambe par réflexe, et les crocs de la créature ne mâchonnent rien de plus qu'une bonne bouchée de vide.

De son côté, Lucy, en proie avec une troisième de ces créatures, a quelques souvenirs de ses premiers cours de Défense contre les Forces du Mal. Elle se souvient que les Erklings sont particulièrement sensibles à la métamorphose, et malgré l'engourdissement grandissant qui s'empare de son corps, elle parvient à transformer son assaillant en vulgaire poulet. Le monstre caquète encore, mais sur un autre ton, maintenant.

" Bande de petites chipies ! " s'écrie le dernier elfe malfaisant encore en état de combattre, avec une vulgarité qui ferait pâlir le Pape. Il semble que cette créature soit capable de parler le langage humain... ainsi que le langage des signes, à en croire le beau majeur qu'il leur adresse.

Si Saskia ne parvint pas à réaliser son action sanguinolente, ce sera un deuxième Pullus.

Lucy commença à avoir les extrémités qui ne bougèrent que peu, sa vision se brouilla davantage et elle comprit alors l'effet du poison, si elle ne se dépêchait pas d'aller s'enfoncer un bezoard, elle finirait paraplégique. Alors sans plus attendre elle déambula vers le château.

Grand mal prend l'insolent Erkling de se montrer ainsi provocateur, car Saskia ne manque pas de lui répondre. Tuer n'est pas une chose qui lui est étrangère, et c'est pourquoi il n'y a pas la moindre hésitation dans ses gestes lorsqu'elle se saisit de l'arrière du crâne du monstre d'un main, pour de l'autre venir lui planter sa baguette dans un oeil, le tout avec une rapidité et une assurance telles que la créature ne voit pas la mort venir. Alors que son oeil commence à suinter d'un liquide translucide le long de son affreux faciès, elle pousse un hurlement de douleur à vous en retourner l'estomac. Mais cela n'arrête pas la cruelle Serdaigle : alors qu'au bout de sa baguette se trouve un globe oculaire en piteux état, elle incante un Waddiwasi d'une violence rare. Un affreux bruit de succion se fait entendre, suivi d'un autre semblable à celui que ferait une tomate pourrie écrasée avec brutalité. Le choc est tel que Saskia en ressent l'impact jusque dans sa main plaquée sur l'arrière du crâne de l'Erkling. Aussitôt, son hurlement est coupé net, et tout son corps se relâche comme celui d'une poupée désarticulée. C'est un deuxième Erkling qui vient de trouver la mort.

Lucy, voyant que la Serdaigle était venue à bout de la créature, juge inutile de lancer le moindre sortilège. Craignant pour sa survie, elle se met alors en route du château à grand peine. Mais c'était sans compter sur... leur troisième adversaire. Alors qu'elle titube tant bien que mal, c'est une saloperie de poulet hargneux qui vient lui picorer les mollets en caquetant avec colère, enfonçant jusqu'au sang son bec pointu dans la chair de sa victime. Mais l'engourdissement du corps de la Serpentard est tel qu'elle en ressent à peine la douleur.

La blondinette laissa le cadavre retomber lourdement au sol, et cracha dessus sans la moindre espèce d'état d'âme. Constatant que la cacophonie se poursuivait à côté, elle tourna la tête et aperçut le poulet qui picorait la sœur Roy, qui se traînait avec peine à cause de la paralysie. Elle lança à cette dernière un regard glaçant où cette flamme dansait, qui n'avait ni chaleur ni teint et qui semblait à une étincelle de devenir un véritable brasier délirant d'envie de tout geler sur son passage... Elle marcha vers elle d'un pas chasseur et félin, se saisit du gallinacé pour lui tordre vertement le cou, d'un coup sec et assuré, sans jamais quitter la fille des yeux.

Dans cet instant de pure faiblesse, elle ne put s'empêcher de frissonner. La vision d'horreur du poulet dont on brise la nuque par une rotation douce et bruyante, la fixation démente d'une fillette à peine adolescente... Lucy se demanda comment la situation avait put autant mal tourner en quelques instants (parce que Doucet est venu MJ)
Elle eut du mal à articuler la phrase suivante.

Amène moi... Infirmerie... 

Néanmoins elle fut suffisamment consciente pour interpréter Saskia, ce qu'elle en déduisit de la gamine la laissa abasourdie, elle n'avait encore jamais eu l'occasion de croiser une telle froideur à un si jeune âge, une telle propension à détruire la vie d'un être vivant et avec sadisme... Pas de doute, devant elle se tenait une psychopathe.

Elle contempla l'implorante femme qui restait là, prostrée et à sa merci, sans émettre le moindre signe de compassion. Elle pouvait tout aussi bien l'abandonner. Cela lui éviterait bien des questions ennuyeuses dans la veine de "quel est donc ton problème avec ma soeur ?" après tout. Cette interrogation, Lucy pouvait presque la sentir. Elle ne voyait pas en Saskia d'agressivité à son égard, mais l'indifférence pour son sort elle, était parfaitement évidente. La jeune fille lui tourna le dos après une dizaine de secondes, s'avança lentement vers le lutin qu'elle avait embroché de sa pointe de flèche et s'accroupit au dessus de son corps. Ses doigts fouillèrent un instant dans la plaie, et en extirpèrent dans un bruit répugnant la pointe qui s'était logée là, couverte d'un sang poisseux qu'elle essuya dans un plis de sa cape avant de nettoyer celle-ci d'un emundiato. Puis elle se retourna, observa à nouveau Lucy, et lui dit simplement :


- D'accord. Tu me devras une faveur, en échange de celle-ci. 

Sur ces mots, elle attrapa comme elle put la Serpentard, et entreprit de la traîner jusqu'à la sortie des bois. 

S'asseoir ? Par terre ? Le cul dans les cailloux et les racines, la robe souillée par la terre ? Et puis quoi, encore ? Apolline croise les bras, et reste debout. Une DAME ne s'assoit pas à même le sol. Encore moins à la suite d'une directive venant d'un homme.

Surprise, Apolline sursaute et se retourne vivement. Honteuse d'avoir été ainsi apeurée par un tabouret, elle lance quelques regards mauvais à l'assemblée, craignant qu'on se rie de sa réaction, avant de porter son regard sur l'elfe de maison, qu'elle devine être son bienfaiteur. Le visage froid, elle lui adresse tout de même un signe de tête entendu avant de prendre place dignement sur l'assise, le dos droit et l'air fier, trônant telle une reine parmi la plèbe.