Une grande demeure fastueuse, celle de la famille Lawson. Des Purs connus et plutôt respectés parmi leurs pairs. Plusieurs années auparavant, l'ainée de la famille a épousé une Sang Pur originaire d'une famille désargentée, les Hammersmith. Depuis, Damian Lawson et sa femme ont eu un enfant et tout semble aller pour le mieux. Surtout pour Katherine Lawson, née Hammersmith, qui a réussi à concilier prestige et richesse suite à son union.

Cependant, un adolescent brun risque bientôt de tout bouleverser....

Daniel se présente à l'entrée principale du manoir. Sans être annoncé, sans se soucier des conséquences. Et il toque. De plus en plus fort. Jusqu'à carrément tambouriner. Jusqu'à ce que la porte soit ouverte à la volée par un majordome visiblement fort courroucé


"Veuillez cesser vos enfantillages ou il vous en cuira."

"Nope. Pas dans mes projets, désolé. J'viens voir la maitresse de maison." Répond Daniel avec son aplomb caractéristique

"Vous n'avez rien à faire ici, et Madame Lawson n'a pas de temps à consacrer à un enfant qui devrait être à l'école."

"C'est les vacances de Noël, génie. Maintenant t'arrêtes de me gonfler et tu va prévenir ta patronne que le fils de Rafael Belnades souhaite la voir. Je suis sûr que mon nom suffira à l'intéresser"

Le majordome, un homme d'âge mûr à la mine revêche, observe un instant le petit insolent.

"Nous verrons cela" Réplique t-il en refermant la porte.

Le Serdaigle croise les bras. Il attend. Il attend mais s'impatiente assez rapidement. Il lève alors le bras pour recommencer à cogner la porte. C'est à cet instant précis que cette dernière s'ouvre de nouveau.

"Veuillez me suivre."

Sans un mot de plus, le domestique fait volte-face et s'éloigne. Daniel lui emboite le pas sans prendre la peine de cacher un sourire triomphant. L'improbable duo progresse dans un long couloir orné de portraits représentant des ancêtres de la famille ou d'autres "conneries du genre" comme est en train de penser le Bleu.

"Attendez ici, Madame sera bientôt là." Lui dit l'homme en ouvrant une lourde porte en bois précieux.

Daniel se retrouve alors seul, dans un salon suintant le luxe. Mobilier précieux, sculptures et autres décorations fastueuses aussi inutiles qu'hors de prix... voilà ce qui compose ce petit salon où il attend, confortablement affalé dans un fauteuil qui suffirait à lui seul à l'habiller pour des années. Le garçon fait la moue, roule des yeux et s'étire. Il est à ce point plongé dans ses pensées qu'il sursaute lorsqu'une voix féminine et sèche claque avec la virulence d'un fouet.

"J'attends des explications."

Aucune politesse. Seulement de la méfiance non dissimulée. Katherine se demande bien pourquoi Rafael lui envoie un membre de sa famille après tout ce temps. Ne se doute t-il pas de la dangerosité de sa petite entreprise ?

"Je... euh..."

Daniel regarde cette femme. Sa mère. Son cœur bat la chamade, et bien qu'il ait imaginé de nombreuses fois cette scène, le voilà incapable de connecter plus de deux neurones à la fois.

"Mais encore ?"

La voix de la femme est comme une douche froide. Il ne perçoit rien de maternel en elle. Elle n'est que glaciale élégance. Et c'est ça plus que toute autre chose qui aide le jeune homme à se reprendre.

"Je suis le fils de Rafael Belnades."

"Et donc ? Quel rapport avec moi ?" L'interroge Katherine en le dévisageant

Ses yeux. Ils ont la même teinte que celui du garçon. Daniel ne le remarque que maintenant. Un détail qui suffit à confirmer ce qu'il savait déjà grâce aux talents de Mathilde.

"Bah l'rapport il est sexuel, dans un sens. Enfin il l'était, je suppose que t'as pas revenu Rafael depuis des années..."

Le brun lui adresse un sourire mauvais.

"Pas vrai Maman ?"

Katherine se raidit, deux tâches rouges sur les joues. Elle secoue lentement la tête, faisant au passage légèrement danser ses longues boucles cuivrées.

"Non... ce n'est pas possible..." Refuse t-elle d'une voix faible.

Dénuée de toutes ses forces et de toute sa morgue, la femme s'affaisse dans un lourd fauteuil situé près d'une cheminée au feu crépitant joyeusement.

"Et pourtant... Maintenant j'vais te poser une question et tu va me répondre. J'veux savoir la vérité, le fin mot de l'histoire. Je sais tout à propos de la relation que tu as eu avec "Papa". Je sais que t'étais déjà fiancée avec un Sang Pur Britannique. Mais ce que je sais pas, c'est pourquoi vous m'avez abandonné dans un putain d'orphelinat Moldu. Vous auriez pu me trouver une vraie famille. Ou bien payer des gens pour s'occuper de moi en secret."

Impitoyable, il assène un dernier mot comme on enfonce un dernier clou dans un cercueil.

"Pourquoi ?"

Le regard fuyant, la génitrice du Serdaigle lui répond en tremblant :

"Parce que c'était... plus simple. Il n'y avait aucun risque que la vérité se sache. Les Hammersmith ne sont plus ce qu'ils étaient il y a des dizaines d'années. Nous n'avions plus que notre nom, et guère d'argent. J'avais la pression familiale sur les épaules. Je devais absolument épouser un Sang Pur avec une bonne situation. Et si tout s'était su, j'aurais été répudiée. Un tel coup aurait définitivement fait sombrer ma famille."

"Alors nous y voilà... Des "obligations familiales" qui étaient surtout une envie de retrouver un pognon que vous avez perdu car vous étiez sûrement des branleurs sans aucun talent, incapables de faire fructifier le renom et la richesse de vos prédécesseurs. Des raisons de merde. Tu m'as rayé de ta vie pour ça ? À cause de ça j'ai connu la rue, la faim et le froid. Pendant que toi tu te prélassais dans un grand manoir, drapée dans le mensonge autant que dans tes putains de vêtements de haute couture."

Daniel se lève, empourpré par la colère.

"Sale conne... Crois-moi bien qu'tu va pas l'emporter au Paradis. Tout l'monde va savoir que t'es qu'une catin, une menteuse et une mère indigne."

À cet instant précis, Morgane Parkinson a totalement disparu de ses pensées. Toute la haine et la rancoeur qu'il a en lui a trouvé une nouvelle cible.

"J'vais faire de ta vie un enfer, comme mon enfance l'a été à cause de toi"

Pâle comme la mort, Katherine Lawson lève un bras, sa main diaphane serrant fermement une baguette magique qu'elle pointe en direction de l'adolescent. Son enfant. Un fils qu'elle aurait aimé connaitre. La vie en a décidé autrement. Elle en a décidé autrement. Il est trop tard pour revenir en arrière. Et il est hors de question de le laisser mettre sa menace à exécution.

"Je ne te laisserais pas faire... Impero."

"Tu va faire quoi, connasse ? Me buter ? Vas-y, comme ça t'ira à Azkaban. Mon père adoptif aura juste à prévenir le Ministère quand il me verra pas revenir de chez toi."

"Qu'est-ce qu'il se passe, ici ? Qui est cet enfant, Katherine ?" Tonne soudainement une voix autoritaire

Daniel tourne la tête et sourit en voyant l'homme de haute taille en train de les toiser tout les deux.

"Damian Lawson ? J'm'appelle Daniel Belnades. J'suis le bâtard que votre chère femme a eu dans sa jeunesse alors qu'elle vous était déjà promise. M'croyez pas si vous voulez mais interrogez la. Utilisez la magie s'il le faut. Vous verrez que j'ai raison. Sur ce... adieu "Maman". J'espère que tu va prendre cher"

Daniel tourne alors les talons et s'éloigne, laissant derrière lui une Katherine à deux doigts de s'évanouir ainsi qu'un Damian médusé. Et alors qu'il ouvre la porte d'entrée, des cris commencent à se faire entendre. Le Serdaigle enfonce les mains dans les poches et continue tranquillement sa route. Souriant