Avec un sourire aussi faux que l'enfant qu'il tient dans ses bras, Sterling se saisit du document sans vraiment le regarder, avant de le froisser soudainement pour ensuite l'envoyer rouler sur la table. Alors, son visage change, devient tristement inexpressif, dans son regard sociopathe ne brille plus la moindre étincelle supposée singer l'humanité. En un battement de paupière, le voilà sorti de son rôle, dépossédé de tout sentiment factice. Il pose ensuite la poupée sur la table, avant de joindre ses mains croisées en poings sous son menton. Ses yeux indifférents semblent se perdre dans la contemplation de l'invisible, fixés sur rien de précis, quelque part vers le milieu de la table. Ni sur Betty, ni sur le soi-disant Harry, mais tout à fait entre les deux. Comme s'il s'était trouvé parfaitement seul. Et alors, il dit, pour lui-même plus que pour l'illusion de cette femme qu'il a connue :
" Là. C'est là, à ce moment, que vous tu avais scellé ton sort, sotte que tu étais. C'est à ce moment, que je brisais la nuque du bambin, qu'enfin je le faisais taire, lui et ses insupportables pleurnicheries. Lente d'esprit, tu n'avais pas encore réalisé ce qui venait de se passer que déjà, je fracassais ton crâne, à l'aide de ce chandelier, celui juste posé là. Un coup, deux coups, je lisais la peur et la confusion dans tes yeux. Tu n'avais rien vu venir ! Au troisième coup, tu n'étais déjà plus. C'est amusant, je trouve, de pouvoir te raconter tout ceci. Dommage que tu ne sois pas réelle. Que ce bout de papier ne valle rien. Que ce bambin ne soit ni de chair ni de sang mais de porcelaine. "