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Tour de l'horloge

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Un enfant ?

"Comment ça un enfant ?"

Sa voix n'est guère plus qu'un souffle. L'adolescent n'a pas l'air choqué. Pas du tout même. Il n'y a pas d'expression horrifié qui s'affiche sur ses traits, ni de dégoût dans son regard. Juste de l'incompréhension.

"Je ne comprends pas... Qu'est-ce qui s'est passé ?"

Le jeune homme ne la voit pas assassiner un gosse. Apolline est beaucoup de choses, mais certainement pas une tueuse d'enfant. Au contraire, elle avait l'air d'être plutôt bien intégrée à la Maison des Incurables. Et c'est pour les petits pensionnaires de l'hospice qu'elle s'est salie les mains.

"Un accident ?"

C'est la seule explication. N'est-ce pas ?

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Peut-on parler d'accident ? Oui, en quelque sorte... La première fois, peut-être. Parce que oui, il y a eu une deuxième fois. Et il aurait même pu y en avoir une troisième. En fait, c'est une histoire à la fois tragique, mais quelque part aussi comique tant elle paraît parfaitement absurde. Mais pour Apolline, il n'y a pas eu d'accident, ni la première, ni la deuxième fois. Elle ne se trouve pas d'excuse. Qu'importe ce qui l'a poussée à agir ainsi ; qu'importe si elle était dans un état second, si elle ne faisait que reproduire la violence qu'elle avait elle-même en quelque sorte subie. C'est de ses mains qu'elle l'a noyée. De ses mains qu'elle lui a éclaté le crâne. Et même si une part d'elle avait essayé de l'en empêcher, elle avait voulu le faire. C'était tout à fait volontaire. Et elle était même parvenue à s'en trouver satisfaite. A justifier ses actes ignobles. A l'époque, quand elle aussi n'avait que douze ans, elle y parvenait encore. Aujourd'hui, avec les années, avec le recul, elle n'a plus le même regard sur le meurtre de Sullivan. Celui d'un simple enfant, qui ne méritait en aucun cas une fin aussi tragique. Un tel acharnement.

" Non... Semblable à une loque, elle s'adosse à un mur et se laisse glisser jusqu'au sol avant de prendre sa tête entre ses mains. Ça n'avait rien... d'un accident. C'était un meurtre, c'est tout. Violent... Volontaire. Ce n'est pas... Ce n'est pas la peine de me chercher des excuses. Tu n'en trouveras pas. "

Elle serre les dents, résiste à l'envie de se frapper elle-même au visage.

" C'était en deuxième année, poursuit-elle. Sullivan... Owen... Barthelemy. Je... "

Elle prend une grande inspiration. Inutile de tourner autour du pot, désormais. Autant tout avouer. Résignée, elle résume le tout en quelques mots à peine. Il n'y a guère plus à savoir, selon elle.

" Nous nous sommes battus face au lac. Et il s'est noyé à cause de moi. Je l'ai cru mort. Je l'ai vu disparaître dans l'eau. Je me pensais déjà meurtrière. Mais... mais il est revenu. Il est revenu. Et j'ai... "

Elle s'interrompt un instant, elle ne cherche pas seulement ses mots, mais plutôt le courage de les prononcer.

" J'ai eu peur qu'il me dénonce. Je ne voulais pas finir en prison. Alors, je... Je l'ai emmené dans la Forêt. Et je l'ai... tué. Je l'ai tué. Je l'ai tué comme on a tué ma mère. "

descriptionTour de l'horloge - Page 14 EmptyRe: Tour de l'horloge

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Michael la regarde alors qu'elle glisse le long du mur. Il se lève et fait quelques pas vers elle afin de la réconforter. Un réflexe. Une habitude complètement court-circuité par la suite. Les mots dansent devant son visage. Implacables. Moqueurs et sournois. "Meurtre". "Violent". "Volontaire".

"Sullivan ? C'est.. ça me dit quelque chose... Le Serdaigle qui avait disparu pendant un moment ?"

Et elle l'aurait tué deux fois ?

"En effet... Je ne vois pas d'excuse... Comment... comment as-tu pu faire ça ? Tu considères les hommes comme des monstres violents, tout ça pour faire pareil ? Voir pire ? Tu as tué un gosse de ton âge ! Qu'avait-il fait pour mériter ça ? Et tu as pensé à sa famille ? Il y a quelque part des personnes qui ne reverront plus jamais leur fils. Leur cousin. Ou... ou peu importe en fait. Tu voulais te faire justicière, quitte à te salir les mains ! Tu t'es abaissé au niveau de ceux que tu juges ! Au même niveau que le meurtrier de ta mère !"

Et encore, même lui n'a pas tué une enfant. Michael la dévisage comme s'il la voyait pour la première fois, une incompréhension blessée nichée au fond de son regard bleu.

"Dire que tu m'a caché ça depuis tout ce temps... Et que tu me parlait normalement tout en cachant ça..." S'indigne t-il

Meurtrière. Menteuse... Monstrueuse ?

descriptionTour de l'horloge - Page 14 EmptyRe: Tour de l'horloge

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Oui, elle avait pensé à sa famille. Elle avait pensé à ce que Michael lui avait dit, quelques jours auparavant. C'est pour cela qu'elle avait lancé non pas un Petrificus Totalus, mais un simple Locomotor Mortis lorsque Sullivan était dans l'eau. Mais le Serdaigle s'était tout de même noyé. Après ça... il n'y avait plus de retour possible. 

Elle s'était en effet imaginée que cela lui donnerait la force de tuer. Celle de se venger. En frappant Sullivan, elle avait ce sentiment de rendre les coups que sa mère avait reçus. De se venger de tous les hommes. Aujourd'hui, elle sait combien c'était stupide. Que Sullivan ne méritait aucunement une telle fin. Que tous les hommes ne sont pas forcément à ranger dans le même panier. Que le mal ne réside que chez certains. Chez elle, par exemple. Elle est ce qu'il y a de pire au monde.

Même l'Homme ne l'avait pas tuée, alors qu'il aurait très bien pu. Et ses dernières paroles résonnent dans son esprit, avec bien plus de sens qu'ils n'en avaient autrefois : " Je ne vais pas te tuer. Je ne suis pas un monstre... contrairement à toi ". Elle est aujourd'hui plus un monstre que lui ne le sera jamais.

" Je... Je te l'avais dit. Je te l'ai dit, que j'étais un monstre. Tu ne voulais pas me croire. Tu croyais qu'il y avait encore du bon en moi. Qu'il y avait quelque chose à sauver. Et pourtant, je te l'ai dit, encore, et encore. Que je ne te méritais pas. Que tu ne devrais pas être mon ami. C'est pour ça que je ne voulais pas que tu me touches, tout à l'heure. Pas parce que tu es un homme. Mais parce que je ne suis qu'une pourriture. Mais je... "

Elle ne voulait pas le perdre. Elle lui a menti, car elle ne peut supporter son regard, celui qu'elle craignait, celui qu'il a sur elle en cet instant. Mais elle n'en dit rien. Ce serait jouer sur ses sentiments, presque du chantage affectif.

" J'aurais voulu que ça se passe autrement. Mais j'ai fait mes choix. Mes erreurs. Et je suis ce que je suis. Ce que la vie a fait de moi. Un monstre. "

descriptionTour de l'horloge - Page 14 EmptyRe: Tour de l'horloge

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Le visage du garçon se durcit. Il n'approche pas plus, se contentant de l'observer de loin. Pire, même... il recule, se dirige vers une ouverture de la tour.

"Tu es surtout... une idiote. Je vois bien que tu es pleine de regrets. Je suis sûr que tu changerais les choses si tu le pouvais. Mais au lieu d'essayer de changer ce que tu es toi, de chercher la rédemption, tu persistes sur la même voie. Tu détestes ce que tu es devenue ? Alors ne sois plus ainsi. Est-ce que tu as au moins essayé ? Ou bien est-ce que tu t'es contentée de te complaire dans ta haine et tes pulsions auto destructrices ? Je suis d'accord, ce que tu as fait est monstrueux. Mais ce qui serait encore plus monstrueux, c'est de ne rien faire. Dire que la vie a fait de toi un monstre, c'est céder à la facilité. Tu as vécu des choses difficiles. Tu as des... circonstances atténuantes. Mais si tu persistes sur ce chemin, ce ne sera pas la faute de la vie, mais de la tienne. Fais quelque chose. Pas pour moi ou ce que je peux penser de toi. Fais quelque chose, pour Sullivan."

Sa voix vibrante d'émotion s'éteint enfin. Le garçon a l'impression qu'il pourrait continuer ainsi pendant des heures, mais au fond de lui, il sait qu'il a déjà dit tout ce qu'il avait à dire. Inutile de se répéter, ça ne changera rien. Sans rien ajouter, ni regarder Apolline, l'adolescent se jette dans le vide.

descriptionTour de l'horloge - Page 14 EmptyRe: Tour de l'horloge

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La Verte regarde le Jaune disparaître sans réagir. Non pas qu'elle n'est pas inquiète, mais elle se doute bien qu'il ne s'est pas jeté dans le vide pour en finir avec la vie. Elle l'a vu se changer en oiseau auparavant, elle n'avait donc pas rêvé. Comme elle s'y attendait, Michael l'abandonne. Il ne pouvait en être autrement. C'est certainement mieux ainsi. Dans ses pensées, elle rumine ses dernières paroles. Ne sois plus ainsi, pense-t-elle. Facile à dire. Elle ne peut changer ce qu'elle est, tout comme lui. C'est de toute façon la voie qu'elle a choisie.

Elle se lève, et vient à la fenêtre, dans l'espoir peut-être de voir le rapace dans le ciel. En vain. Fais quelque chose pour Sullivan, lui a-t'il dit.

" J'ai déjà essayé de faire quelque chose... mais tu m'en as empêchée. " murmure-t-elle en regardant dans le vide. L'idée de sauter lui vient, l'obsède. Était-ce ce que le Jaune sous-entendait ? Elle grimpe, et s'assoit sur le rebord de la fenêtre, les pieds suspendus dans le vide. Mais elle ne saute pas : elle y pense seulement, alors que tout semble la pousser à sauter le pas.

Elle ne pense pas que Michael la dénoncera. De toute façon, officiellement, Sullivan est mort durant la Coupe du Monde. La voilà donc de nouveau seule, comme le destin l'a voulu. La solitude est son fardeau. Mais elle tente de voir le bon côté des choses : au moins n'a-t-elle plus à porter le poids de son secret. Elle n'aura plus à agir en se demandant ce qu'en penserait Michael. Elle est de nouveau libre, débarrassée de son garde-fou ; plus rien ne l'empêche de sombrer désormais. Le Poufsouffle a bien raison sur un point : il serait encore plus monstrueux de ne rien faire. Ce serait rendre vain le sacrifice de Sullivan.

C'est certainement son talent pour la gymnastique mentale, et rien d'autre, qui l'empêche de passer par-dessus bord. Plusieurs heures durant, la Verte reste à pleurer au bord du gouffre, faisant le deuil de tout ce à quoi elle a renoncé aujourd'hui.

descriptionTour de l'horloge - Page 14 EmptyRe: Tour de l'horloge

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En réalité, Michael ne s'est pas éloigné tant que ça. Le Jaune a prit de l'altitude afin d'être difficilement perceptible par un oeil humain. Son regard d'oiseau de proie, lui, pouvait continuer à surveiller la jeune rousse. Même encore maintenant, il tient assez à elle pour ne pas avoir envie de la laisser s'ôter la vie. Loyauté ou idiotie, appelez ça comme vous voulez.

Surtout, se déplacer librement dans les cieux est un remède à bien des maux. Comment se soucier des problèmes d'un garçon lorsque l'on est un oiseau ? Difficile de penser à de terribles révélations quand on est porté par le vent. Pourtant, les paroles de la Verte ne quittent pas son esprit, peu importe la joie qu'il ressent à voler. Que peut-il faire ? Que doit-il faire ? La dénoncer ? Apolline est son amie, une des personnes dont il est le plus proche. Pourtant, elle a fait quelque chose d'innommable.

Deux choix s'offrent donc à lui. Dénoncer Apolline, abandonner son amie. Ou bien laisser un meurtre impuni. N'y a t-il donc pas une troisième voie ? De toute façon, tout le monde pense que Sullivan a perdu la vie pendant l'attentat à la Coupe du Monde. Et maintenant qu'il est mort, rien ne le ramènera.

Au bout d'un temps indéterminé, le Jaune vire dans les airs et entame sa descente, avant de s'engouffrer dans la tour de l'Horloge. Reprenant sa forme humaine, le garçon se redresse sur ses jambes un peu vacillantes.

"Apolline..."

Sans lui laisser le temps de se remettre de sa surprise ni même d'argumenter, il enchaine :

"Tu es plutôt forte pour parler, mais en ce qui concerne le fait de suivre tes propres conseils... Zéro. Nichts. Tu me dis de ne pas abandonner, et pourtant toi tu t'abandonnes dans une voie sombre et sans aucun avenir. Je vais te dire ce que tu va faire"

Compatissante, sa voix n'en demeure pas moins ferme.

"Tu va vivre. Te suicider, ce serait abandonner. Et tu va essayer encore et encore de t'améliorer, de faire le bien autour de toi pour réparer ce que tu as fait. C'est difficile, mais tu dis toi-même qu'il faut se battre et ne jamais lâcher prise."

Il faut qu'elle essaye. Elle en a le devoir.

"Comprends-tu ce que je dis, Apolline ?"

descriptionTour de l'horloge - Page 14 EmptyRe: Tour de l'horloge

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De toute façon, pour se remettre de sa surprise, la pauvre Verte aurait bien du mal : lorsque le volatile pénètre par la fenêtre en passant au-dessus d'elle, alors qu'elle se demandait combien de temps s'était-elle effacée pour laisser place à l'autre Apolline, elle est si surprise qu'elle en perd l'équilibre. Ses mains, jusque-là agrippées au rebord, glissent et ne la retiennent plus. Sans pouvoir s'en empêcher, la malheureuse bascule... vers l'arrière, et s'écrase lamentablement sur le sol froid de la tour.

Elle ne prend pas la peine de se relever et s'assois simplement. Elle ne s'était pas attendue à ce que le Jaune revienne. Pourquoi ne peut-il pas se résoudre à l'abandonner ? Est-ce réellement un saint, finalement ? Que peut-il bien lui traverser l'esprit pour qu'il soit capable de tolérer ce qu'elle est, et ce qu'elle a fait ? Pourquoi continues-t-il de croire en elle, de vouloir la sauver quand elle-même ne veut que s'abandonner ? Ne peut-il pas simplement la laisser ? S'il ne peut l'accompagner sur sa voie, alors il est inutile de la suivre.

" Oui, Michael. Je comprends. C'est toi, qui ne comprends pas. Toi aussi, tu es fort pour parler. Ne sois pas ainsi. Facile à dire. Je ne peux pas changer ce que je suis, tu comprends ? Et... "

Elle se redresse, et déglutit. Sa décision est prise. Son air est résigné, sa voix déterminée.

" Je n'ai pas l'intention de changer. Je n'ai toujours pas fait ce que j'ai à faire. Je vais faire le bien, oui : mon bien. Réparer ce qui m'a été fait. Et pour cela, je dois tuer. C'est pour ça que je vais me battre. Tu pensais que j'allais sauter, sur le bord de la fenêtre ? Tu te trompes. J'y ai pensé. J'y penses souvent. Tout le temps. Mais je ne le ferai pas. Un jour, peut-être. Ou peut-être que j'essaierai de devenir ce que tu voudrais que je sois. Mais pas avant de m'être vengée. Je dois le faire, tu comprends ? Je ne peux pas l'ignorer. Je ne peux pas oublier. Je ne peux pas... vivre, tant que ce ne sera pas fait. "

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Michael est un saint. Ou bien un garçon incroyablement têtu, c'est au selon le point de vue de chacun. Le Jaune s'avance vers la Verte pour l'aider à se relever, mais elle le fait seule. Comme toujours, elle préfère compter surtout sur elle-même. Il semble avoir réellement du mal à lâcher prise. Pour le moment...

"As-tu seulement essayé ? Ou bien est-ce que tu te contentes de répéter que tu ne peux pas ?"

Ne se chercherait-elle pas des excuses ?

"Donc, Sullivan est mort pour rien. Et combien d'autres cadavres paveront ton chemin ? Si tu continues sur cette voie, tu finira par ne même plus pouvoir différencier ce qui est moral et ce qui ne l'est pas. Rien ne réparera ce qui t'a été fait. Rien ne ramènera ta mère."

Et c'est bien dommage.

"Je persiste à dire que ça ne te rendra pas plus heureuse et que tu te sentira juste vide. Tout comme je suis toujours aussi sûr que ta mère ne voudrait pas que la personne la plus importante de sa vie se perde ainsi. Je ne suis même pas certain qu'elle te reconnaitrait encore."

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Oh oui, elle a essayé. D'oublier. D'y échapper, plutôt. D'échapper à ses angoisses, ses cauchemars, à ces images qui la hantent, à cette présence qui plane sur elle depuis ce jour où tout s'est effondré sur elle. Seule l'amnésie a su la sortir de ces décombres. L'oubli, c'est le seul moyen que les médecins ont trouvé pour la sauver. Pour elle, il n'existe aucun remède, rien qui ne puisse refermer ses plaies où les griffes de l'Homme sont encore plantées.

" Je ne peux pas, Michael. Je ne peux pas. Je te dis que je ne peux pas. Tu ne sais pas ce que c'est. Si tu pouvais un jour vivre ce que je vis, tu pourrais comprendre. Mais je ne te le souhaite pas. Ça fait... partie... de moi. "

C'est même tout ce qui lui reste ; c'est ce qu'elle est. 

" Imagine... Une blessure. Comme si tout ton corps était déchiré de part en part. Une douleur insupportable, qui ne disparaît jamais. Avec laquelle tu te réveilles, avec laquelle tu t'endors. Ou essaie de dormir. Qui t'obsède. Qui te hante, chaque jour, jusqu'à ce que tu perdes la raison. Pour laquelle tu serais prêt à vendre jusqu'à ton âme pour t'en soulager. "

Elle serre les poings à s'en abimer les paumes à la pointe de ses ongles.

" Tu as raison... Ma mère ne me reconnaîtrait pas. Je ne me reconnais pas. Je n'ai pas toujours été comme ça. Mais la... petite Apolline... est morte en même temps que sa mère. Il les a tuées. Elle n'existe déjà plus. Rien ne les ramènera. Ni l'une, ni l'autre. Je ne peux rien faire pour réparer quoi que ce soit, reprendre les vies qu'il a volées. Mais je peux au moins essayer d'être en paix. Alors, soit je meurs, soit je disparais, comme je l'ai fait... Soit je le retrouve, et je le tue. Je n'ai pas d'autre choix. Alors peut-être que je me sentirai vide, oui. Je ne demande rien de plus. Je ne m'imagine pas être heureuse, je ne demande pas tant. Je veux juste être en paix. "

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"Je n'ai pas perdu de membre de ma famille, mais j'ai vu Justin mourir sous mes yeux. Son sang m'a éclaboussé le visage. Ce n'est pas vraiment comparable, je sais mais... J'ai une petite idée, un moyen de me mettre à ta place"

Ca, et son empathie naturelle.

"Ce n'est pas la vengeance qui m'a aidé à faire mon deuil... Ceci-dit, je te l'accorde, nous sommes différents. Peut-être que tu es... de nature plus obsessionnelle que moi ?"

"Je ne sais pas si être vide serait être en paix. Je ne prétends pas tout savoir, je ne suis pas Morgane."

L'adolescent marque une pause. Il cherche ses mots. Il se sent perdu, incapable de changer quoi que ce soit. Impuissant.

"Est-ce que tu peux au moins... me promettre de ne plus jamais ôter la vie d'un innocent ?"

Si jamais elle parvient au moins à faire ça, ce serait déjà quelque chose de beau. Même si Sullivan restera mort à tout jamais... Michael aimerait n'avoir jamais écouté sa satanée curiosité.

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" Je... "

La tête basse, la Verte hésite. Le Jaune a raison. Ils ont beau se ressembler, quelque part, tous deux parias et marginaux, ils n'ont aussi que peu en commun.

" Tu sais, Michael... Je pense que si tu étais à ma place... Je suis certaine que toi, tu t'en sortirais. Mais moi... Je n'ai pas ta force. Ni ta patience. Ni ta tolérance. Encore moins ton courage. Je suis faible. De corps, d'esprit. Tout me ronge et m'écrase. Je m'efforce de faire face comme je peux. "

Si le Jaune est un Goliath aux pieds d'argile, Apolline est un David en béquilles.

" Tu sais, je... Tu dois savoir que... je n'avais pas prévu... ce qui est arrivé à Sullivan. Et je ne prévois de tuer personne d'autre, si ce n'est le salopard qui m'a tout pris. Mais... Qui sait, ce dont je suis capable ? Qui sait ce qui pourrait bien arriver ? Tu es devin, Michael ; moi non. Comme je l'ai dit, je suis faible d'esprit : parfois, je ne parviens plus à me contrôler. Alors, je refuse de te faire une promesse que peut-être, je ne pourrai pas tenir. Je refuse de te mentir. Encore une fois. Mais je peux te promettre... d'essayer de faire de mon mieux. "

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"Encore une fois tu me mets sur un piédestal et me prêtes des qualités que je ne suis pas certain de posséder. Mais peu importe ce que tu as ou ce que tu n'as pas... Tu m'as moi. Je suis là pour t'épauler, tu le sais depuis le temps"

L'adolescent soupire.

"Je suis devin mais je ne peux pas tout prévoir. Un coup je fais un rêve prophétique qui me permet d'aller sauver quelqu'un, une autre fois je suis incapable de prédire quoi que ce soit... C'est un pouvoir très capricieux. "

Ce qui explique que la plupart des voyants sont prit pour des charlatans.

"Si essayes de toutes tes forces... c'est déjà ça. Mais n'hésites pas à venir te confier. À me parler"

Il a l'impression que ses paroles sonnent creux. Donner des conseils, lui ? Alors qu'il couvre une meurtrière...

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Apolline a bien du mal à croire que le Poufsouffle soit toujours prêt à l'épauler. Malgré ses méfaits, malgré ses mensonges, il souhaite toujours se tenir à ses côtés. Même l'odeur de la pourriture ne semble pas pouvoir le repousser. Pourtant, il n'est plus seulement l'ami de cette fille un peu folle, un peu dangereuse, surtout insoutenable dans tous les sens du terme. Aujourd'hui, il se fait le complice de quelque chose de bien plus grave, en tolérant les crimes de la Verte. Ce faisant, il souille son âme comme la sienne peut l'être. Elle ne peut croire qu'il soit prêt à faire cela pour elle. C'est là la marque d'un véritable Saint : la miséricorde. Si vous vous demandez ce qu'est un véritable ami, regardez du côté de Michael Summers.

" Alors tu... Tu ne m'abandonnes pas ? Je pensais que tu... "

Que son regard la jugerait et la condamnerait. Mais ce n'est pas ce qu'elle voit dans ses yeux. 

" Je pensais te perdre. "

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"Je ne peux pas abandonner une amie qui a besoin de moi..."

Et sans lui, qui sait si elle ne sombrerait pas encore plus profondément dans les abysses ?

"Tu ne me perdras pas, Apolline. Mais si jamais tu tues un autre innocent, ce sera terminé. Il n'y aura pas de retour en arrière."

Et cette fois, il la dénoncera. Il veut la guider, l'empêcher de trop déraper. Et encore, elle est déjà partie si loin... D'ailleurs, que dire de lui ? Il se fait effectivement complice... Et ça lui déchire le coeur. Il ne voit pas quoi faire d'autre... Soit il la dénonce, soit il essaye de lui servir de phare dans les ténèbres.

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" M... Merci. "

Un mot qu'elle lui a trop souvent adressé. Mais que peut-elle dire de plus ? Pour elle, qui pensait se retrouver seule à nouveau, c'est un soulagement. En réalité, peu de choses l'effraient autant que la solitude. Elle l'a longtemps subie, s'y était même faite, mais elle a depuis rencontré Michael. Et elle ne peut s'imaginer perdre tout ce qu'il a pu amener dans sa vie. Serait-elle encore là, si elle ne l'avait pas connu ? L'on peut aisément en douter.

Apolline n'a certainement jamais vécu de journée plus étrange. Tout lui semble encore être un rêve absurde, dans lequel elle se sent perdue. La discussion qu'elle vient d'avoir avec Michael lui paraît irréelle, surtout son dénouement qui semble trop beau pour être vrai. Elle a enfin tout avoué, et il a choisi de lui pardonner. Comment cela a-t-il pu arriver, même pas deux heures après son réveil d'un long coma ? Elle ne saurait dire si ce sont les effets de ce long sommeil, ou bien parce qu'elle vient de soulager ses épaules d'un gigantesque poids, mais elle se sent étrangement légère, comme dans un songe.

" Je... Je crois que j'ai du temps à rattraper. C... Combien de temps, Michael ? "

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Une journée étrange oui, autant pour Michael que pour Apolline. Un véritable ascenseur émotionnel qui a faillit mettre fin à une amitié de longue date. D'ailleurs, rien ne dit qu'elle survivra aux révélations de la Verte. Ou bien à ses futurs actes. Le Jaune n'a pas encore eu le temps de réfléchir à tout cela à tête reposée...

"Presque un an..." Lui répond-il avec une grimace.

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Elle n'aurait su dire si cela faisait un moins, un an ou trois. C'est finalement moins dramatique que ce qu'elle s'était imaginée. Mais cela reste beaucoup à encaisser pour la jeune fille. Presque un an pendant lequel une autre a vécu à sa place. Qu'a-t-elle fait ? Qui était-elle ? Comment est-elle parvenue à prendre la place de bête noire qu'occupait Apolline ? L'attitude du Serpentard qu'elle a croisé sur la route lui laisse quelques indices sur la place que cette autre Apolline s'était faite dans l'école. Celle d'une faible dont on croit pouvoir se moquer sans conséquence. La Verte se doute que sa réputation a dû en prendre un coup. Qu'il va falloir remettre les pendules à l'heure. Si certains pensent pouvoir s'en prendre à elle, ils vont bien vite déchanter. Elle n'est plus de ceux qui subissent les autres.

" Je... vois, fait-elle sans commentaire. Est-ce qu'il s'est... passé quelque chose de particulier ? "

Son esprit embrumé n'est certainement plus en état d'assimiler davantage d'informations pour aujourd'hui, mais elle ne peut se passer de poser de la question.

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"Honnêtement... Rien de ton côté. Et rien de particulier au sein de l'école. Des agressions et des élèves envoyés en centre pour rien. Mais pas d'attentat, pas de mort... Je crois que c'est tout de même un progrès malgré tout. Et sinon... tu dois te douter que ton autre toi n'était pas aussi... respectée que toi"

Le mot est faible. La nouvelle Apolline aurait dû être changée de Maison. Mais bon, inutile de compter sur la direction pour être compétente.

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Apolline souffle du nez avec amertume. Elle s'en était doutée.

" Mais on ne me respecte pas, Michael. On me craint. "

Faute de pouvoir être aimée, faute d'imposer le respect, Apolline à su susciter la peur chez certains. En se faisant plus mauvaise encore que ceux qui la tourmentaient. Et pourtant, ils n'ont aucune idée de ce dont elle est capable ; s'ils l'étaient, ils n'oseraient même pas croiser son regard.

" Et quelles étaient les raisons de ces agressions ? Qui en a été victime ? "

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"Je préfère être aimé qu'être craint. Chacun ses choix" Répondit-il

Sa voix est calme, mais un petit peu plus froide.

"C'est compliqué... Il y a eu des agressions qui visaient des soi-disant membres de l'Alliance. Menées par une sorte de bande de fous nommés les Chevaliers de Walpurgis. D'autres étaient apparemment le fait de l'Alliance... Et j'ai... été visé..." Achève t-il en un murmure gêné

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Seulement quelques agressions, et aucun mort ? Apolline s'était dit que les nouvelles étaient à peu près bonnes. Oui, ça paraissait être une bonne année, comparée à d'autres. Polius, l'attentat... Quelques agressions, à côté de ça, ce n'est pas grand chose. Mais apprendre que Michael en a été victime vient changer son point de vue. Que quelqu'un ait osé s'en prendre à lui la révolte comme peu de choses peuvent le faire. Pourquoi avait-il fallu que cela arrive en son absence ? Pour une fois, elle aurait pu être là pour lui, et non l'inverse ; mais c'est une occasion manquée.

" Toi ? Mais... Pourquoi ? s'emporte-t-elle. Qui ? "

Pour des histoires d'idéologies ? Encore cette satanée lutte entre Alliance et Coalition ? Comment le Jaune a-t-il pu se retrouver impliqué là-dedans, Apolline a du mal à se l'imaginer.

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"Parce que j'ai aidé à nettoyer la Grande Salle afin de la débarrasser de graffitis pro-Alliance... On m'a tendu un piège en utilisant une petite Poufsouffle un peu retardée et..."

Ses poings se serrent et il ne continue pas sa phrase. Dans ses yeux s'allume une lueur de haine, inhabituelle mais virulente

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S'il ne le lui avait pas raconté, elle ne l'aurait jamais deviné. Rien chez le Poufsouffle, à sa connaissance, n'aurait pu lui faire comprendre qu'il avait traversé une telle épreuve. Si elle avait été à sa place, elle serait habitée par une haine insondable, serait certainement encore à la recherche des coupables en quête de vengeance.

" Tu... "

Elle s'interrompt, lorsqu'elle croise son regard. L'espace d'un instant, elle croit qu'il lui est adressé. Elle revoit le visage du jeune homme, lorsqu'il tentait de la noyer, celui haineux et soumis à sa propre brutalité. Elle ne l'avait jamais vu, avant ce jour-là. Cette férocité, s'il l'avait toujours eue, ne s'était jamais libérée les années précédentes. Alors qu'elle observe les poings serrés du Jaune, elle y voit enfin les signes de ce qu'il a vécu. Cet épisode l'a changé, elle en est certaine. Elle voit parfaitement de quelle façon, maintenant. Avec horreur. Elle, mieux que quiconque, peut comprendre ce qui se trame dans l'esprit de son ami. 

Instinctivement, elle attrape les poignets de Michael.

" Michael... Si on trouve les responsables... Je m'occuperai de leur cas. Je te le promets. Mais toi... Toi, ne deviens pas comme moi. Je sens... toute cette colère que tu as. Je sais très bien ce que tu ressens. Mais cette colère, tu ne l'avais pas, avant. Ou au moins la contenais-tu. Je ne t'ai jamais vu être violent. Avant, jamais tu n'aurais fait ce que... tu m'as fait, tout à l'heure. Ce n'est pas toi. Ce n'est pas le Michael que je connais. Je... Je ne veux pas te voir comme ça. "

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La vengeance... Michael y a songé. Souvent. Parfois, ses projets le réchauffaient les nuits où il n'arrivait pas à dormir. Retrouver cette salope aux yeux verts. L'humilier et la faire souffrir jusqu'à ce qu'elle supplie. Lui faire payer ce qu'elle lui avait fait. Venger tout les autres. Y compris la pauvre petite Poppy, qui ne doit toujours pas avoir compris ce qui s'est passé.

"Ma colère ? Tu n'as pas vu comme j'étais peu après tout ça, Apolline... Je n'avais qu'une seule envie... retrouver la responsable et la laisser agonisante dans une mare de son propre sang" Lâche t-il sur un ton venimeux

"Mais... j'ai réussi à canaliser tout ça. J'ai utilisé ma colère pour progresser dans les sortilèges offensifs. Et surtout... j'ai mis beaucoup de temps et d'énergie dans ma formation d'Animagus. Et en ce qui concerne la violence... C'est de ma mère que je tiens mon caractère"

Soudainement las, vidé, il secoue doucement la tête.

"Tu n'es pas un chien d'attaque. Ton rôle n'est pas de te jeter à la gorge de ceux qui m'ont fait du tort"

descriptionTour de l'horloge - Page 14 EmptyRe: Tour de l'horloge

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